Jours 3 et 4 – ceci est mon chant du cygne
Par Sébastien Ouellet
Cette année marque le dixième anniversaire de la présence d’ecoutedonc.ca au FME. Nous pouvons remercier François-Samuel Fortin d’avoir brisé la glace en 2015 pour qu’une équipe complète y retourne l’année d’après en 2016. C’était ma première expérience en sol abitibien et j’avais tout aimé. J’y suis retourné année après année. J’y ai vu des choses qui ne se racontent pas dans un article de blogue. J’y ai vu le Voir se faire bannir du festival, Safia Nolin qui chante du karaoké au bar Les Chums, Klô Pelgag qui aide Mathieu Aubre à allumer un feu d’artifice dans une ruelle de Noranda, Loud au bar de danseuses le 69. J’ai tout aimé. Mais maintenant, à 43 ans, je ne peux plus suivre. J’ai mal au pied, j’ai mal au dos, j’ai mal au nez. Les journées sont longues, c’est 12 heures de shows pendant 4 jours. Bien que j’accroche mes patins, je conseille à tout le monde d’y aller. Ce festival est unique, Rouyn-Noranda est unique.
Larynx, Meggie Lennon, Alice et Yoo II avec Nolan Potter
La température est irréprochable ce samedi matin. J’enfourche mes vieux genoux et je me rends à la scène principale où m’accueille Alexandre Larin, aka Larynx. Sa musique s’applique si bien sous le soleil de midi. Les gens glandent dans la rue fermée aux automobiles. Il y a de la marmaille au pied carré. Le chanteur s’adresse aux enfants qui se tortillent devant la scène : « Allez pas répéter ces mots-là à la garderie! » avant d’entonner les paroles de Tu as tellement changé. Le folk psychédélique joyeux du groupe reste très accessible et une petite masse hétéroclite s’est amassée devant le spectacle.

La table est mise pour Meggie Lennon, que j’avais abandonnée hier aux flammes de l’enfer aux Moose. La belle chanteuse aux yeux clairs est d’une belle humeur contagieuse, s’adressant à la foule avec aisance. On peut sentir sa fébrilité aussi, car elle entame une nouvelle série de shows avec son nouveau groupe pour nous interpréter les chansons de son nouvel album, « Desire Days ». Un album qui était en rotation régulièrement dans mon lecteur mp3 dans les dernières semaines. On y reconnait encore l’amour de la musicienne pour le pop rock mélodique. Grâce au talent de plusieur-es musicien-es chevronné-es de la scène de Montréal, dont Shaun Pouliot (Nectar Palace), Samuel Gemme (producteur émérite) et Anna Frances Meyer (Les Deuxluxes), Meggie nous sert un album soyeux et impeccable. Les attentes sont hautes pour réussir à reproduire ce son en tournée et la bande réussit haut la main. On retrouve live le même soin envers les textures et les grooves. Y’a un enfant qui fait du breakdance pendant le show.
Repu de notre brunch musical, on se rend de l’autre côté de la rue Murdoch au garage Rheault pour un block party organisé par Félix B. Desfossés, eh oui, encore lui! Une bonne foule est réunie sur le bitume, entassée entre l’aréna municipal et le petit garage. Des DJs se succèdent alors qu’une troupe de danseurs se donnent en spectacle sur une petite piste de danse improvisée dans le stationnement. Cette journée est 100 % breakdance, j’adore. Maxime et moi avons un agenda caché, perchés sur une petite butte un peu en retrait. Je porte un gilet du Québec (acheté dans un marché aux puces) et je veux me faire photographier avec Kinji00, le jeune rappeur qui soulève la souveraineté québécoise du haut de ses petits bras. Il y a des ados assis près de nous qui portent fièrement des drapeaux du Québec. On es-tu bin au Québec! Malheureusement, le rappeur ne se produira pas avant l’heure des 5 à 7 du FME. Ce n’est que partie remise!
Loïc Lafrance
Par Maxime Beaulieu

Juste avant Loïc Lafrance à la salle des Mooses, il y avait Alphonse Bisaillon, un artiste exceptionnel qui vient tout juste de sortir un extrait spectaculaire de son premier album à venir. Malheureusement, pour des raisons logistiques on a seulement réussi à attraper ses trois dernières chansons, ça donnait une méchante bonne idée de l’ambiance surchauffée qui régnait dans la salle mais ça ne rendrait peut-être pas justice au spectacle entier. Ça tombe bien, il était du côté de St-Roch XP la semaine suivante. (Divulgâcheur post-St-Roch XP: Si vous n’y étiez pas, vous avez manqué tout un bon show qui donne le goût de faire la RÉVOLUTION!)

Donc, Loïc Lafrance en Abitibi, ça donne quoi? Vous connaissez déjà notre amour pour Loïc, particulièrement notre rédacteur en chef qui a capoté sur sa prestation au Festif. Personnellement, ça faisait un bon bout que je ne l’avais pas vu en spectacle, je crois même que ça remonte au lancement de « Théâtre/Violence » en 2023. Malgré le rhume qui l’affectait, iel a tellement donné une performance survoltée dans la salle aux allures de sauna! Iel sautait partout comme si le sol était de la lave, iel est allé.e réveiller le public un peu trop lendemain de brosse avec de beaux moshpits et les tounes, on ve se le dire, sont pas pire pantoute! J’ai hâte de voir la version sans rhume!
Par Sébastien Ouellet
J’arrive juste à temps pour le début de la prestation d’Alice au chaleureux bar l’Abstracto, qui ressemble beaucoup à un party de cuisine pour l’occasion. La place est bondée de gens arborant de gros sourires, je réussi à me glisser dans le cadre de porte. Le spectacle commence fort avec ma chanson préférée, Le vent est de ton bord, tirée de son micro-album « Du love à revendre ». L’acoustique est parfaite dans ce petit bar et la foule est à l’écoute. La chanson semble être aussi une transition de l’ancien groupe d’Alice, Canailles vers son nouveau catalogue un peu plus country-western à mon plus grand plaisir L’empreinte d’Alex Burger à la production se fait sentir sur les premières compositions, qui commencent déjà à dater un peu. Alice nous accueille dans sa cuisine, on se sent comme chez nous, enveloppé de son timbre enjoué. C’est sa fête en plus! Bien sûr, elle nous dit que nous sommes son cadeau de fête. Elle sait parler aux gens, elle se révèle très transparente, autant dans sa vie de tous les jours, que dans sa musique. What you see is what you get. C’est ce qui me touche le plus dans ses compositions, les états d’âme qu’elle partage avec nous, sur fond de country, de lapsteel, de p’tit twang de guitare. On hoche la tête, mais on se tient le coeur, on ressent ses douleurs et ses joies. La multi-instrumentiste s’est bien entouré de talents à la hauteur de ses ambitions. Elle en profite pour nous offrir un nouveau simple, Rodéo, qui nous donne faim pour un nouvel album. On la sent au sommet de son art.

Hop! On saute dans une navette et on se dirige à l’autre bout du Lac Osisko pour ce qui va être le moment Live à Pompei du FME 2025. Les dieux du rock ont réuni les membres de Population II, de Yoo Doo Right et Nolan Potter. Alors que les deux premiers groupes n’ont plus besoin de présentation, le nom de Nolan Potter attire notre attention. Ce génie du soul psychédélique texan se mêle à la bagarre de décibels pour y ajouter de la flute, de la guitare 12 cordes et du saxophone, entre autres. Dans un petit amphithéâtre extérieur du parc Tremoy, nous avons droit à une messe psychédélique grandiose au coucher du soleil. Les gars jouent tellement fort que les génératrices explosent. On peut sentir la frustration des membres, ce qui les fait jouer encore plus fort, ce qui génère encore plus de problèmes. Je trouve que c’est une belle métaphore pour ma vie en général et mon esprit se glisse dans des réflexions philosophiques alors que mes sens se perdent dans un brouillard de fuzz.
N Nao et Les Freaks de Montréal
Dimanche, ah les beaux dimanches. La torpeur m’envahit, je peux sentir les dernières fibres musicales délaisser tout mon être. Le marathon se termine bientôt. Le vinier de Nicolas Laloux est vide. Mes acouphènes se sont installés confortablement dans mes tympans. Je traine ma carcasse au QG, qui se trouve pratiquement en face de mon hôtel. La grande salle cubique au look industriel accueille un apéro planant et profond aujourd’hui. Je monte sur la mezzanine pour bien observer la première prestation. Naomie de Lorimier, alias N Nao, nous livre patiemment une tapisserie sonore complexe avec les compositions de son nouvel album, « Nouveau Langage ». La prestation est une belle surprise pour moi, qui avait un peu passé à côté de l’album en début d’année. J’y retrouve le talent indéniable de l’artiste pour créer une culture sonore unique, tout en revenant toujours à la pop. Il s’agit probablement du Nouveau Langage dont elle nous parle. Elle me surprend aussi par ses explosions soniques, parsemées ici et là tout au long du spectacle, finissant en chevauchant un des hauts parleurs sur la scène.
Wizaard

Par Maxime Beaulieu
Je commence à être un régulier aux Mooses! C’est Wizaard qui m’y a attiré cette fois, la formation m’avait particulièrement plu quelques semaines auparavant au Pantoum. C’est essentiellement le même show, donc aucune surprise, mais j’ai trouvé le duo de Marie-Hélène Coutu et Jean-Nicolas Doss spécialement à l’aise et en contrôle. On pouvait encore une fois retrouver Steeven Chouinard derrière la batterie, cet homme à une maîtrise de son instrument tellement impressionnante! Tout ça pour dire, c’était un bien beau début d’apéro ça, malgré l’infâme chaleur de la salle, ça commençait même à paraître à travers le one-piece en jeans de la chanteuse!
Et on déjeune

Par Maxime Beaulieu
Tant qu’à être là, pourquoi ne pas rester aux Mooses pour Et on déjeune? Je dois l’avouer, je n’aime pas vraiment le nom du groupe, à un point tel que je n’ai pas trop porté attention à la musique proposée auparavant. Il ne faut définitivement pas trop se fier aux apparences parce que finalement, j’ai capoté! En show c’est un peu plus punk que ce à quoi je m’attendais en plus, tout pour bien me réveiller en cette dernière soirée de festivités. Notons la présence de Jeanne Perrin que j’ai toujours vu avec le groupe métal contestataire Guhn Twei, ça faisait tout un changement de la voir dans ce contexte! Disons que je m’en veux amèrement de m’être arrêté au nom de la formation avant de lui donner une vraie chance.

Par Sébastien Ouellet
Je donne tout ce qu’il me reste comme énergie au nom du dieu du rock, Lucien Francoeur, qui se frotte les favoris en direct du paradis en écoutant l’hommage qui lui est rendu au Paramount pendant le show de clôture du festival. Des membres de Voïvod, Grimskunk et Groovy Aardvark se réunissent depuis 2005 pour nous livrer des versions un peu plus pesantes des chansons d’Aut’Chose, le groupe mythique de prog-poésie des années 70. Maintenant que Lulu nous a quittés, plusieurs chanteurs et chanteuses ont prêté leur langue et leur ferveur au projet, à noter Rose Cormier, Rox Arcand, Alix Fernz, Population II et compagnie. L’hommage vient du coeur, on sent l’amour pour Lucien et pour Aut’Chose, mais parfois je trouve que les chansons sont un peu trop rock et expéditives. La démarche demeure importante et on peut sentir la fébrilité de la foule face aux classiques revisités. On souhaite bon rétablissement à Rox Arcand (Enfants Sauvages) qui ne pouvait performer pour l’occasion suite à un accident de clôture, nous dit-on. Saluez-la si vous la voyez se promener en marchette sur la rue St-Joseph.
Despised Icon

Par Maxime Beaulieu
On change complètement de registre, alors que Sébestien disparait sans crier gare vers notre splendide chambre d’hôtel, il me restait deux bands bien lourds à voir. Si Ariane Roy est la raison principale de ma venue en Abitibi, Despised Icon est sans aucun doute la deuxième raison. Une formation iconique de la scène métal québécoise qui a considérablement diminué son nombre de spectacles dans les dernières années. À moins d’une annonce de dernière minute, les pionniers du deathcore n’auront joué que deux concerts au Québec cette année, un à Montréal, et l’autre au Petit Théâtre de Rouyn-Noranda. La salle portait bien son nom ce soir-là, le show affichait complet depuis belle lurette déjà. Despised Icon va sortir à l’halloween un premier album en sept ans. On a d’ailleurs pu entendre le premier single de « Shadow Work », ça promet pour cette prochaine galette. Tout au long de la prestation, Alex Erian, l’un des deux chanteurs, a demandé à répétition à la foule de faire des « thrashs en rond », le public s’est fait un plaisir de répondre à la consigne. Despised Icon est sans doute parmi les groupes que j’ai vu le plus souvent en spectacle, on ne se tanne jamais et la formation ne donne aucun signe de ralentissement.
Guhn Twei

Par Maxime Beaulieu
On sort du cadre officiel du FME pour cette dernière prestation, le groupe local Guhn Twei organisait un concert un peu guérilla juste après le show métal dans une ruelle avoisinante. En fait, habituellement, le groupe participe à l’organisation d’afters non-officiels du FME à la Punk House, leur espace d’enregistrement et de pratique. Malheureusement la formation a été victime d’une collision avec un orignal sur le chemin du retour de leur dernière tournée. Heureusement, plus de peur que de mal mais ça a forcé l’annulation de ces soirées. N’empêche qu’en se réveillant dimanche matin, une annonce surprise du groupe revendicateur m’a assuré que je n’irais pas me coucher trop tôt! Deuxième spectacle de la soirée pour Jeanne Perrin, c’était loud et intense, le courant a coupé à quatre reprises mais c’était parfait quand même. Crier « Fuck Glencore » à deux pas de la fonderie, c’était assez puissant et libérateur comme moment. On a même eu un rappel, la pièce Jean Coutu d’Obsek, l’ancien groupe du chanteur Simon Turcotte. J’ai mentionné à quelques reprises aimer voir des artistes de Québec loin de la maison pour être témoin de la réaction du public, ici c’était tout le contraire, Guhn Twei à la maison devant une ruelle remplie d’ami.es du groupe, je ne pouvais demander mieux pour terminer mon FME!
Galerie photos