Une chose que Florence Breton et Les Passagers ont en commun, c’est leur tendance à voir le bon côté des choses. Pour Les Passagers, cela se manifeste dans l’instrumentation et les ambiances ensoleillées et joyeuses. Florence Breton, par contre, écrit des chansons pour mettre en valeur ses insécurités. Ses sonorités jazz nous donnent également un sentiment de calme. Au Pantoum le 10 mai, on a profité d’une soirée légère avec le lancement des EPs « Pour combien de temps » de Florence Breton et « Tu n’es pas seul » des Passagers.
Les Passagers : une dose de fun pour commencer
Au Pantoum ce soir-là, le groupe Les Passagers était en pleine forme. « D’habitude on est trois, mais ce soir, on est entourés par les meilleurs », a expliqué Andréanne Muzzo, chanteuse du groupe, vers la fin du show. Même si « Tu n’es pas seul » est sorti en janvier dernier, le show au Pantoum était considéré comme le lancement officiel. Le résultat de musiciens additionnels sur scène était énergique et ludique, donc une découverte intrigante pour ceux qui ne connaissaient pas encore leur musique.
L’ambiance au début était mystérieuse, comme si on était seuls dans un désert. Puis leur chanson Coca-Cola, toute ensoleillée et détendue, a pris forme et on buvait dans un train comme le décrivent les paroles. Les styles des chansons étaient variés, mais toujours avec l’instrumentation au cœur.
Hallelujah était un mélange joyeux de country et de pop, tandis que d’autres chansons avaient des textures de jazz. On entendait un soupçon de Bon Enfant dans Nouveau jour et la chanson Fantôme, de leur premier album « Oiseaux », a démarré avec une approche électro avant de devenir plus rock. Pour finir, le groupe a interprété la chanson Oiseaux. Lente au début, elle est devenue plus rapide pendant que les accents jazz se sont intensifiés. En effet, c’était un bon réchauffement pour le show de Florence Breton.
Florence Breton chez elle
L’auteure-compositrice-interprète de Québec a enregistré son premier EP, sorti le 2 mai, au Pantoum. « Pour combien de temps » est coréalisé par Raphaël Laliberté-Desgagné, qui est également multi-instrumentiste, et les 5 chansons sont une exploration de la négativité qui se trouve à l’intérieur de nous. « Ça fait du bien d’écrire », explique Florence lors de notre petite entrevue avant le spectacle. « Je voulais explorer ma vulnérabilité pour ne pas nécessairement la classer dans quelque chose de négatif. Je voulais apprendre à la connaître, à vivre avec, et à la montrer aux gens sans peur et sans gêne ».
Lors de ce lancement, Florence et ses musiciens ont bien présenté les chansons. La première, Mon Silence, a commencé avec la scène dans l’ombre. La lumière est apparue, mais il y avait toujours un peu d’obscurité, comme si la chanson représentait le fait d’entrer dans la lumière. « Ben voyons donc, y a trop de monde », s’est-elle exclamée avec un sourire devant la salle. Elle nous a dit de vivre nos émotions et qu’on les vivrait en gang pendant la soirée.
Ensuite, les touches jazz présentes dans sa musique étaient mises en avant : Dans À quoi ça sert de courir, ces touches étaient accompagnées de aaahhhs passionnés. Dans Pyromane, elles étaient calmes et accompagnées d’une voix séduisante. Dans Il neige, elles sont venues avec une explosion d’instrumentation, tandis que la voix de Florence restait angélique. Avant de commencer cette chanson, elle a demandé ce qu’on fait quand on réussit. « C’est difficile de définir cette réussite », a-t-elle avoué à la foule. C’est vrai que parfois c’est difficile de vraiment se sentir accompli.e, les attentes et les pressions qu’on met sur nous-mêmes étant surpuissantes.
« Je pense qu’il y a quelque chose de beau dans le fait d’être vulnérable. Ça montre une sensibilité », Florence m’a expliqué avant la soirée. « L’EP est un peu une recherche sur moi-même, d’aller creuser mes doutes, ceux qui sont un peu plus cachés au fond de moi ».
D’ailleurs, la douceur de la chanson Le cœur en veille était particulièrement réjouissante en spectacle, malgré la mélancolie qui la traverse. Elle était composée pour une amie qui vivait une peine d’amour. Comme Florence l’a raconté avant de la jouer, la chanson a été écrite pendant des vacances au bord du lac. C’était également comme si on était près de l’eau, seuls dans nos pensées.
En plus des tounes du microalbum et de quelques inédites, il y avait une reprise de Fous n’importe où de Daniel Bélanger. La soirée s’est terminée par la chanson La peur me guette encore, passionnée et sombre, avec des touches de positivité pendant le refrain.
« On est 6 musiciens sur scène. C’est rare que je joue avec autant de gens », m’a-t-elle dit à propos du lancement. « J’ai envie que les gens reçoivent de la musique et se laissent aussi aller dans leurs émotions et leurs réflexions, en voyageant avec nous pendant le spectacle. »
L’influence des Francouvertes
Cette année, Florence Breton a participé aux Francouvertes, le concours-vitrine qui célèbre les artistes émergents francophones. « C’était quand même stressant parce que c’était mon troisième show avec ce projet-là. Finalement, ça s’est très bien passé et on était en demi-finales. C’était une belle surprise. Avoir déjà été sélectionnée dans les 21 était ma p’tite victoire. »
Les spectacles avant étaient à deux festivals de Québec, donc c’est comme si les Francouvertes ouvraient un nouveau chapitre. « La formation que ça donne d’être devant une salle vraiment pleine et de faire la route, il y avait une excitation vraiment spéciale, » dit-elle en repensant. « Le fait que c’est médiatisé aussi, c’était comme le début de beaucoup de choses pour moi. Je pense que Les Francouvertes m’ont fait grandir rapidement. » Suite à ça et au lancement de son premier EP, on peut dire que la vie d’une auteure-compositrice-interprète a vraiment pris forme pour Florence Breton.
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