On était une petite gang de Québec à l’attendre, celui-là! LAVANDE, le nouveau groupe de Meilo Spear-Lalande (voix), Julien Moisan-Labelle (guitare), Léopold Wasungu (guitare), Louis-Solem Pérot (basse et violoncelle) et Renaud Belles-Iles (batterie) est sorti en fin de semaine dernière, et c’est du beau stock.
On va vous parler de ça de manière un peu différente aujourd’hui. Voyez-vous, quelques jours avant la sortie du EP, j’ai eu la chance d’aller chiller au beau soleil avec Meilo et Julien, question de jaser un peu de cette galette fort nutritive et de ce projet devenu band naturellement, par la force des choses. Alors, on va pimenter cette critique de quelques citations bien juteuses.
« Parce que chaque jour, on se met en danger », me dit Julien quand je lui demande pourquoi avoir choisi ce titre, ce à quoi Meilo ajoute : « Toutes ces chansons-là montrent que c’est normal d’avoir un certain goût du risque. Quand t’es dans la vingtaine, ça fait juste quelques années que t’es un.e adulte, tu rencontres les vrais dangers pour la première fois. » Mélange d’observations et de vécu, « DANGER » parle donc de risques, de précipices et de sables mouvants dans lesquels on peut s’enliser assez profondément.
Par exemple, en écrivant maison-chalet, Meilo a voulu nous faire remarquer « à quel point, le travail constant, ça pétrit les gens d’une certaine façon ». Combien les rêves qu’on a sont souvent définis par ce qu’on fait pour gagner sa vie, et combien tous ces rêves n’ont aucun sens quand on les regarde de l’extérieur. « Stationnement-tapis, de quoi tu parles? », nous chante-t-on avec une grande mélancolie, pendant que les guitares se plaignent comme un automobiliste pogné dans le trafic au retour du boulot.
Le danger, c’est aussi être un band au 21e siècle : « On a pris une chance en étant un band. On a joué dans des places pas rapport, on a fait des affaires pas rapport. Une série de trois shows dans un shish taouk. Émile Bilodeau qui demande de faire sa première partie. Pis après, c’est comme une suite de fucking hasards pis de rencontres », explique Julien. Meilo ajoute : « C’est un peu magique, mais organique. J’ai aucune idée de comment on crée un band. Mais nous, on pouvait comme pas ne pas en être un. Moi, j’apporte tout le songwriting que je peux. J’amène une toune, pis après ça, avec le band, elle devient complètement autre chose. »
LAVANDE s’est formé à peu près en même temps que Meilo vivait un passage à vide. Il s’en allait à Montréal, « vivre d’autres affaires », tanné de son projet précédent (Mélodie Spear). On a d’ailleurs pu voir ce projet-là naître sous nos yeux. Un p’tit set relax dans une arrière-cour à Baie-Saint-Paul pendant le Festif. Un plus gros show au Festival OFF l’été dernier. Un premier simple, Thérèse, qui a été fort apprécié.
Donc, les dangers d’être un band au 21e siècle. Imaginez-vous donc que LAVANDE a fait une toune là-dessus! Yep, La tour, qui clôt l’album comme un cri du coeur, nous rappelle que « tout ce qu’on a, c’est la musique » avec le mordant d’une petite bande qui tient à faire les choses à sa tête. Une toune qui a donné du fil à retordre au groupe : « Ça allait être une toune de genre 8 minutes où y’avait du spoken word, pis Meilo qui rappait », explique Julien. « Meilo voulait absolument plus la faire [à force de travailler dessus], pis là, finalement, c’est devenu une toune avec un gros solo de guitare ». On est curieux d’entendre cette version de huit minutes… mais on vous avoue qu’à une et demie, elle torche!
Le danger, c’est décider de mettre une reprise d’une toune légendaire d’un artiste qui l’est tout autant, sinon plus. Le chat du Café des artistes, de Jean-Pierre Ferland parle aussi des dangers qui guettent la vie d’artiste (même si dans son cas, c’était il y a 50 ans). Quand on l’écoute, on se rend compte qu’elle est toujours d’actualité, et ce cover lui donne un p’tit shine qui lui va comme un gang. Un brin post-punk, très glam, cette pièce qui sonne comme si elle avait été enregistrée en spectacle n’a eu besoin que d’une prise pour satisfaire tout le monde. « Je l’adore parce que c’est tellement fucké comme toune! Y’a pas d’autres chansons de même qui existent, c’est DANGER aussi, attention là, tu vas te faire bouffer! »
Le groupe s’est aussi mis en danger en faisant appel à Mélanie Venditti pour la coréalisation de l’album (avec Louis-Solem Pérot). L’autrice-compositrice-interprète est reconnue pour sa détermination, et je pense que c’est exactement ce dont avait besoin le groupe pour mener le projet à bon port. Un guide, un phare qui a forcé le groupe à se forcer, à changer des choses, à les voir sous un oeil différent. Elle a aussi proposé de retirer quelques morceaux (yep, y’en avait plus) et proposé un ordre logique, qui retient notre attention du début à la fin. Meilo a rencontré Mélanie pendant un show de Doo Doo Doo et Ping Pong Go (au Phoque OFF), et dès les premiers instants, tout le monde a voulu travailler ensemble. C’est là que le groupe a officiellement vu le jour. La prochaine fois que vous verrez Mélanie quelque part, vous pourrez lui dire merci!
Si le thème du danger est dominant sur le microalbum, « y’a pas vraiment de ligne directrice », explique Julien. « Mais en même temps, je pense que j’aime ça. La ligne directrice, c’est surtout les hooks à Meilo, la prépondérance des guitares, le violoncelle qui est là aussi sur les tounes plus heavy ». Une belle variété qui montre que ce groupe, c’est un rassemblement d’expériences différentes tout en ayant une vision commune.
Fantôme a aussi donné du fil à retordre. Le danger ici découlait du fait d’avoir « une idée précise de ce que tu veux faire », raconte Meilo. « C’est une chanson très onirique dans le texte. Je savais que je voulais faire une chanson sur un bain qui déborde. Quelqu’un dans l’appartement d’en face. La personne sait pas que le bain est en train de déborder pis que ça va déborder en bas, mais elle ne peut rien faire ». Meilo voulait l’exécuter d’une façon à ce que le contexte soit clair, mais que le sens complet de la chanson soit exprimé à la toute fin : SORTIR DU CADRE. Si ça a été difficile, le résultat de cette ritournelle pop est on ne peut plus concluant.
On a moins parlé de MMDD et de Mélancolie2000, mais ces deux morceaux qui ouvrent le microalbum valent également le détour. La première ne manque pas de mordant, la deuxième est son contraire, toute en douceur.
Bon, vous l’aurez compris. Je suis fan. Fan de cette énergie déployée, fan de cette cohésion autour d’un thème qui permet de prendre de nombreuses directions. Fan de la transformation de ce projet en vrai de vrai groupe, où Meilo n’est qu’un membre sur cinq. Fan de la fougue de cette belle bande de p’tit.es bum.mes. Fan des cordes, que ça soit des guitares, de la basse, du violoncelle ou du violon alto de Mélanie.
Le groupe lance tout ça le jeudi 22 mai au Pantoum (avec Aster Ponceau en première partie). Ça risque fort d’être pas mal plein, alors on vous invite à acheter vos billets tout de suite ici.
