« Pouvoirs magiques », le premier album solo de l’autrice-compositrice-interprète de Québec Erika Hagen, est un de ces albums indie rock sans prétention qui font le bonheur de votre pas très humble serviteur. Loin des sonorités éthérées de Bleu Kérosène, les dix chansons de cet opus réalisé par Dany Placard ont un petit côté rugueux qui fait du bien à une époque où même le garage rock sonne un brin surproduit.
Assurant l’écriture et la composition de toutes les chansons, Hagen nous fait faire un petit tour dans sa tête où se superposent les observations sur le monde qui l’entoure et les moments d’introspection. Accompagnée de Dany Placard à la guitare et à la basse et de Charles Guay à la batterie, l’artiste propose un rock simple, mais fort efficace, surtout dans les pièces les plus entraînantes. On avait déjà entendu Pas les sous et Anita, mais y’a d’autres grosses tounes, comme l’explosive Aline, qui nous montrent qu’Hagen sait bâtir des morceaux qui nous font hocher la tête et taper du pied. Notons également Méchant changement et Pouvoirs magiques, deux autres pièces qui risquent de s’incruster dans vos cerveaux.
Les arrangements sont simples, ce qui donne à l’ensemble un petit côté « musique de garage » à l’ensemble. Ça marche à la perfection pour les pièces susmentionnées, et si on se ferme les yeux, on n’a aucun mal à imaginer Erika et sa bande nous jouer ça live, à l’identique. Par contre, pour les morceaux plus doux, j’apprécie beaucoup le dépouillement presque complet de pièces comme Erratique affaire et Karaté kid, des moments crus qui offrent un grand contraste avec ceux qui rockent davantage.
Avec sa voix douce et chaude, Hagen livre ses textes avec assurance. Et ils sont bien écrits, ces textes. Des images très claires, comme sur Casse-gueule (« ma tête est comme un casse-gueule / et même si je serre les dents pendant vraiment vraiment vraiment longtemps
/ j’arrive pas à croquer d’dans »), y’en a un peu partout. S’il lui reste encore plusieurs croûtes à manger avant d’avoir la plume d’un Stéphane Lafleur, Erika maîtrise déjà fort bien les mots du quotidien. Y’a même un petit fond de naïveté rafraichissant, ce qui fait du bien à une époque où tout semble être une urgence qui doit être clamée haut et fort.
« Pouvoirs magiques » n’a peut-être pas de chien ou de loup, mais il est une oeuvre toute personnelle qui fait du bien. Erika Hagen sait comment nous faire embarquer dans ses petites histoires pour gens sans histoire, nous faire croire que notre grand-mère aurait peut-être été notre chumme si on avait eu le même âge à la même époque ou tout simplement nous faire rager après l’Aline de notre gang, celle qui se pète les dents à coups de casse-gueule. Et oui, on l’avoue, on aimerait bien avoir quelques pouvoirs magiques pour chasser nos fantômes, mais… EH.
On est humains, après tout.
Erika présentera les chansons de « Pouvoirs magiques » le 15 mai prochain au Pantoum. Les billets sont en vente ici.
