S’il y a un mot pour décrire la Nuit du Folk, animée par Simon Kearney au Grizzly Fuzz le 14 mars, c’est « réjouissant ». C’était à la fois réconfortant et convivial, un mélange de folklore, de charmes de la région et de chansons faciles à chanter. « Le concept est venu parce que j’avais envie de conclure un chapitre mais en même temps commencer un autre, » explique Simon après le spectacle. « Je n’avais pas envie de juste faire un show normal à Québec. Je voulais quelque chose d’extra. » C’est pour ça qu’il a rassemblé ses amis et interprété, de manière vibrante, les chansons qui définissent ce moment dans sa carrière.
Héron et le folklore
La Nuit du Folk a commencé par Héron, le projet solo d’Henri Kinkead. Il est monté sur scène dans le brouhaha de la salle Grizzly Fuzz, mais la foule s’est tue lorsqu’il a commencé à chanter. C’était une chanson a cappella qui a bien introduit la vibe de son show. Ensuite, il a joué Je veux être une rivière, Fontaine et Hiver de son premier EP, une collection de chansons inspirées par le folklore québécois. En plus de celles-ci, il a exprimé son intérêt pour l’histoire en général, surtout Charles VI. Aussi connu sous le nom de Charles le Fou, le roi croyait que ses os étaient faits de verre. Cette idée a inspiré une chanson qui s’appelle Roi de verre. « Es-tu prêt à briser quelque chose? » demande Héron plusieurs fois pendant le refrain.
Les îles, l’île d’Orléans, les îles-de-la-Madeleine, Montréal et Cuba, sont au cœur du dernier album de Simon Kearney, mais il n’est pas le seul qui ressent un lien à l’eau. Héron a raconté un voyage à Bonaventure, son endroit idéal pour prendre une pause. Dans un moment de tranquillité, dans lequel il écoutait les sons de la nature, une gang de québécois est apparue, en chantant fort La Chicane. Il y avait quelque chose de folklorique là-dedans, il a avoué, avant de présenter une chanson calme qui parlait de la beauté de la rivière, de la mer et du soleil.
Michel Blouin et l’île d’Orléans
Devant une grande œuvre qui était utilisée comme arrière-plan pendant toute la soirée, la poète et l’artiste Michel Blouin a récité quelques poèmes devant la salle. Il était visiblement nerveux, mais tout le monde l’écoutait attentivement. Simon a expliqué qu’il avait rencontré Michel pour la première fois lorsqu’il a acheté une de ses peintures dans une galerie à l’île. Le vendeur dans la galerie a appelé Michel, qui est venu tout de suite dans son « beau pick-up » pour la signer. C’est à ce moment-là que les deux sont devenus amis.
« Michel est un nouvel ami, Héron est un vieil ami. Sur scène, je pense qu’on sentait vraiment la complicité, pis il y avait beaucoup d’amour et de chimie,» dit Simon après, lorsque je lui demande ce que représentent ces deux artistes, selon lui.
L’Île et au-dElà
Accompagné par ses musiciens, Simon Kearney nous a emmené dans les endroits qui ont inspiré son album « L’Île. » Alors que les chansons de l’album sont plutôt calmes, en spectacle l’énergie était intensifiée. Par exemple, Le grand défi, Maison tremble (qui a commencé par des claquements de doigts) et Les larmes et le sang avaient toutes un accent sur l’instrumentation, créant ainsi une vibe de jam band. Simon a montré ses moves de cha-cha avant de se lancer en Cha cha, et vers la fin d’une reprise de El cuarto de Tula, il s’est lâché lousse à la guitare à 12 cordes comme si la chanson était un classique du rock.
« [Le folk], c’est plus une attitude pis une énergie. C’est quelque chose qui est authentique, organique. Il n’y avait pas de synthétiseur dans le show, ils étaient tous des instruments qui pouvaient être accordés, » dit-il, lorsque je lui demande le rôle de la musique folk dans sa vie.
Une autre invitée de la soirée était Isabeau Valois qui est monté sur scène pour une reprise de Quand on est en amour de Patrick Norman. Héron est aussi revenu pour Y va toujours y avoir de Richard Desjardins, « le plus grand poète du Québec.» En raison de la foule qui chantait fort, ces chansons étaient plus qu’un simple duo. Pendant le spectacle, il y avait Pas si différent, la chanson de Simon qui apparaît sur l’album « Au bar des espoirs » d’Émile Bilodeau. Avant de la jouer, il a expliqué que la meilleure façon de rassembler des gens était de chanter ensemble. C’est vrai, on le sait bien, et c’est quelque chose qui était très présent tout au long du spectacle.
Pour incorporer plus de poésie et de contes, Henri Kinkead a lu un texte inspiré par un moment d’homophobie pendant une session de gigue, par les choses qu’il a entendues et trouvées injustes. Pendant qu’il lisait son genre de lettre d’amour, Simon jouait de la guitare. Les deux se sont aussi remémorés un groupe qu’ils avaient dans le passé avec Jérôme 50. Décrit comme une légende de la ville de Québec, ils se demandaient s’ils devraient réunir ce trio pour un show incontournable au Fou Bar. (Oui, s’il te plaît)
SiLa Nuit du Folk était la fin d’un chapitre, on ne peut pas oublier que ce chapitre suit celui de la pop n roll. Maison ouverte et Ménage du printemps ont fait référence à ça, introduites par un segment niaiseux dans lequel Simon parlait au dieu de la pop n roll.
Il y a une magie paisible qui se trouve à l’île d’Orléans et c’est désormais intégré dans l’identité de Simon Kearney. À la fin de sa chanson L’Île d’Orléans, il a mélangé Le tour de l’île de Félix Leclerc. Pour le rappel, tous ses musiciens et invités se sont réunis pour une chanson ludique sur la vie à l’île. Simon Kearney est en train de construire un studio à l’île d’Orléans et il espère qu’une scène artistique, avec plus d’événements musicaux, peut s’y développer. Peu importe quel sera le prochain chapitre (qui sait quel genre sera au cœur de sa musique!), le côté rassembleur restera intégral.
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