Le 23 janvier, Clara Dahlie est revenue au Pantoum pour le lancement de son premier EP, « Miracles des ombres », sorti en novembre dernier. Ça lui a permis de commencer l’année en pleine forme, avec la voix soyeuse et captivante qu’on lui connaît.
C’est Matt Moln qui a commencé la soirée. L’artiste de Québec, qui a participé à Star Académie en 2021, a réchauffé la salle avec son électro-pop rêveur et scintillant. Quelques chansons, comme Tu n’as peur de rien, sorti en décembre dernier, nous ont offert un moment de calme. Avec Dormir debout et Tragique décès d’une âme sensible, on se trouvait dans une ambiance de mystère et de joie. Tout ça nous a invité à échapper à l’ennui du quotidien pour un espace de fantaisie, quelque chose qui est également exploré dans les créations de Clara Dahlie.
Les attentes
« J’ai l’impression que depuis que l’EP est sorti, c’est comme si je ne l’avais pas totalement réalisé. C’est tout virtuel, je n’ai pas encore une copie physique », me dit Clara dans son studio au Pantoum avant le début de la soirée. « J’ai l’impression que j’en prendrai plus conscience lorsque je vais le partager avec des gens pour la première fois. »
Le show a commencé par Rengaine, qui est sortie en 2023 comme une introduction à l’artiste. Clara a chanté lentement derrière un genre d’écran servant de voile. Ses mouvements, intimes et cachés, étaient comme l’ombre d’un corps derrière un rideau de douche. Au milieu de la chanson, cet écran a été enlevé et la confiance de Clara a pris forme.
Lorsque je lui ai demandé si sa vision créative avait changé depuis la sortie de Rengaine, elle a expliqué que tout est lié jusqu’à ce qu’elle commence un nouveau chapitre.
« ‘Miracles des ombres’ m’a permis d’achever ce que j’ai imaginé globalement pour toutes les chansons. J’ai l’impression présentement que si je créais d’autres choses, la vision changerait et évoluerait. C’est comme une continuité pis je pense que ‘Miracles des ombres’ clôt cet univers-là en incluant Rengaine. »
Un univers libérateur
Les chansons de « Miracles des ombres. » sont détendues et hypnotiques alors que les sujets parlent du désir et de la violence conjugale. Clara a interprété ces chansons au Pantoum, vêtue d’un maillot de sport oversized puis d’un simple débardeur, ses cheveux attachés comme si elle était prête à se battre. En plus du microalbum, elle a fait des reprises de Quatre heures du matin de Lous and the Yakuza, qui parle fortement de l’agression sexuelle, et Foreign Car de Kelsey Lu. À la fin, elle nous a présenté une nouvelle chanson, actuellement appelée C’est toi, c’est toi, qui était plus ensoleillée et énergique que celles du EP. Peut-être que c’est un signe du genre d’esprit qui va venir maintenant qu’elle est sortie des ombres?
Sur la scène, elle était accompagnée par son complice Raphaël Laliberté-Desgagné, ainsi que William Lévesque aux claviers et Aubert Gendron Marsolais à la batterie. « La personne qui participe le plus au processus créatif est vraiment Raphaël. Je commence tout le temps toute seule, puis je montre ce que j’ai à Raphaël pis on travaille les arrangements et on ajoute les éléments de production ensemble », explique-t-elle.
Son lieu de création, qui est comme moitié studio et moitié boutique d’antiquités, est une bonne représentation de son univers artistique. D’un côté, il y a un ordi, des écrans, un piano, et beaucoup de petits accessoires et lumières qui créent une ambiance féérique. De l’autre, il y a un portant de vêtements vintage. Lorsque je lui ai demandé s’il était plus facile de lancer une carrière à Québec qu’à Montréal en tant qu’artiste indépendante, Clara m’a répondu : « Je pense que Québec est vraiment un bel endroit pour commencer un projet pis pour créer quelque chose de nouveau. Je pense que le plus gros avantage, c’est que j’ai la chance d’être au Pantoum, d’avoir mon propre local de création ici, pis de pouvoir rencontrer la scène émergente de Québec. Peut-être qu’à Montréal également j’aurais eu ces opportunités-là, mais je pense que c’est plus grâce au Pantoum ainsi qu’à l’Ampli de Québec. »
L’indépendance
Bien que Clara Dahlie soit captivante sur scène, absorbée par ses chansons, elle est toujours dans un processus d’expérimentation. En mai, elle a joué au Pantoum pour la première fois, puis plusieurs festivals au Québec ont suivi pendant l’été. « Ce qui est différent cette fois-ci, c’est que j’ai la chance de travailler avec Garance Chartier pour faire la mise en scène. On a préparé la mise en scène pis les choses sont plus prévues que jamais. C’est significatif pour moi parce que le Pantoum est vraiment là où mon projet a pris forme et là où il est né. »
En somme, on sait que tout ce que Clara fait vient de sa propre vision. Avec sa musique et ses visuels, elle nous encourage à nous sentir fortes et libres dans notre peau.
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