Avec pas d’casque à l’Impérial Bell : apprécier la lenteur

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Après avoir lancé un autre album louangé par la critique (le très doux « Cardinal »), les vieux routiers d’Avec pas d’casque étaient de retour sur la route avec un spectacle comme eux seuls savent en faire. Et ce spectacle s’est arrêté pendant deux belles soirées à l’Impérial Bell les 24 et 25 octobre derniers. Deux soirées auxquelles j’ai assistées avec bonheur, la première à titre de simple spectateur assis tranquille avec sa tendre moitié, l’autre en mode blogueur et photographe courtois, mais discret.

Audrey-Michèle

La soirée commence avec Audrey-Michèle, venue présenter quelques-unes des pièces qui composeront son premier album « La montagne en forme de maison » qui sortira le 22 novembre. Si l’artiste en est à ses premières armes en solo, il ne faut pas oublier qu’elle roule sa bosse depuis déjà près de 20 ans, accompagnant quelques-uns des plus grands noms (Michel Rivard, Tire le Coyote, entre autres) au fil des ans. Ça n’a pas pris trop de temps avant que le trac s’estompe (surtout à la deuxième soirée), et on a pu apprécier ses douces pièces downtempo aux accents folk qui ont été inspirées par l’amour, le deuil et la résilience.

Y’a un paquet de monde qui a collaboré à l’album, notamment Michel Rivard, Stéphane Lafleur, Foisy. et Philippe B. Et cet amour des collaborations s’est poursuivi sur scène, alors qu’elle a invité Nicolas Gémus à venir chanter un petit morceau avec elle. Un beau moment de beau doux qui en a charmé plusieurs dans la salle.

Une mise en bouche parfaite pour la suite de la soirée. On a déjà hâte d’entendre l’album au complet!

Avec pas d’casque

Lorsque les lumières se sont éteintes à la fin de l’entracte et que Stéphane Lafleur, Joël Vaudreuil, Nicolas Moussette, Mathieu Charbonneau et Simon Trottier sont montés sur la scène de l’Impérial Bell, on était fébriles : un show d’Avec pas d’casque, c’est toujours un peu spécial, et on savait qu’on allait être pas mal gâté par le groupe montréalais.

Ça a commencé fort, avec trois magnifiques chansons du non moins magnifique « Cardinal » : Mâcher tes bottes, Flamboyons et Accepter le mystère (que j’adore, probablement parce qu’elle se démarque du reste de l’album). Les personnes qui avaient déjà écouté l’album fredonnaient doucement les paroles, les autres écoutaient attentivement, se laissant porter par la voix la plus apaisante et le baryton le plus chaud au Québec. C’est un beau voyage à 50 km/h dans une zone sans limite de vitesse, un road movie où on prend le temps d’apprécier tous les panoramas qui nous sont offerts.

Visuellement, on a eu droit à quelques projections derrière le groupe (ainsi que d’autres, très discrètes mais fort mignonnes, sur une valise installée à côté de Lafleur). De quoi renforcer l’impression qu’on voyageait doucement.

Les pièces du nouvel album sont entrecoupées de « vieux » morceaux qui s’intègrent parfaitement ensemble : délicieuse Il fait noir de bonne heure, sombre La peur de perdre, juste avant de reprendre avec la sublime Quelque chose et la très classique D’autres messages suivront (probablement la plus « Avec pas d’casque » des tounes d’Avec pas d’casque). C’est là qu’on voit que les trois derniers albums complets d’APDC (« Astronomie », « Effets spéciaux » et « Cardinal ») forment un ensemble plus ou moins uniforme à travers duquel on peut glisser fort aisément sans trop se perdre.

Y’a quand même eu du « très vieux » stock : les fans de la première heure ont pu hocher la tête sur En attendant que ça paye et lâcher leur fou avec L’amour passe à travers le linge. On a aussi eu droit à un beau jam sur Derviches tourneurs, pleurer une fois de plus devant la beauté des Gloires du matin, avant de terminer le programme principal avec Cardinal.

Mais vous savez bien que ça ne pouvait pas s’arrêter là. Stéphane Lafleur est remonté seul sur scène pour nous chanter Le soleil se cherche du stationnement dans l’horizon, un autre des moments forts du dernier album, puis il a invité le reste de groupe pour nous offrir une Intuition #1 à la finale des plus explosives avant de nous renvoyer à la maison avec la toujours très satisfaisante Nos corps (en ré bémol).

Pendant toute la soirée, le public était ultra attentif, mais enthousiaste (surtout le premier soir). Un public composé en grande partie de « vieux » p’tits couples qui se sont payé une petite sortie pendant que les ados se gardaient tout seuls (enfin!). Des gens qui sont accompagnés par Avec pas d’casque depuis près d’un quart de siècle, qui ont vécu avec le groupe de grands moments (comme cette soirée à L’Anti où Stéphane Lafleur a dû jouer debout pour qu’on puisse le voir – il ne s’est plus jamais rassis depuis) et de moins grands (comme cette soirée au FEQ où Johnny Halliday et sa parade de motards sont venus déranger un moment particulièrement doux de la prestation de la bande à Stéphane).

Mais on tombe jamais dans la nostalgie avec Avec pas d’casque. Le groupe a beau avoir sensiblement le même rythme (très lent) depuis trois albums, il sait rester à la fois actuel et intemporel. Je me suis surpris de voir aussi peu de pièces des premiers albums au programme, mais y’a pas tant de place pour la nostalgie. On reste fidèle parce que la bande évolue lentement avec nous, pour le meilleur et pour le pire.

Si vous avez manqué ce moment parfait, sachez que le groupe sera de retour dans la région en 2025 :

  • 16 avril à L’Anglicane de Lévis
  • 3 mai (15 h) au Théâtre Petit-Champlain (concert pour toutes les oreilles)
  • 3 mai (20 h) au Théâtre Petit-Champlain (mais c’est complet)

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