Une soirée au Pantoum en trois temps : Julyan lance son album au rez-de-chaussée et Les Moontunes jouent avec LIEUES dans le studio du deuxième

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Ça fait un bon moment qu’on attend avec impatience l’inauguration de la « nouvelle » salle du troisième étage du Pantoum après de longues rénovations. À l’annonce de la programmation automnale de la notre salle bien aimée, on a pu rapidement voir qu’il y avait certains soirs où les deux salles allaient être occupées en même temps. Malheureusement les rénovations au troisième ne sont pas tout à fait terminées, alors on a transformé le studio d’enregistrement au deuxième étage en salle de spectacle. Résumé d’une première soirée à deux spectacles au Pantoum alors que Julyan lançait son album « Future Lovers » en bas et en haut on avait la visite de LIEUES et Les Moontunes pour un spectacle assez intime en collaboration avec Québec musiques parallèles.

LIEUES

Créée durant la pandémie, LIEUES est une formation qui allie musique traditionnelle chinoise à la musique traditionnelle québécoise. Un mélange de cultures assez unique mais ô combien intéressant. En toute franchise je n’avais aucune idée de ce que j’allais entendre, en fait je n’étais même pas supposé être à ce spectacle. Cependant un ajustement de l’horaire faisait en sorte qu’il était possible de voir les trois groupes de la soirée, ne reculant jamais devant une découverte musicale, me voilà dans le magnifique studio du Pantoum devant six musiciennes et musiciens dans une ambiance plus qu’intime.

L’instigatrice du projet est Patricia Ho-Yi Wang (violon, podorythmie, violon 5-cordes), désirant combler les distances culturelles entre le Québec et la Chine à une époque où malheureusement la haine envers les personnes d’origine asiatique était en hausse. À ses côtés on retrouve Luke Dawson à la contrebasse, ce dernier en était à son deuxième spectacle en autant de jours au Pantoum, Yadong Guan au pipa, Huu Bac Quach au erhu et đàn bầu, Robin Servant au plaisir contagieux, accordéon et guitare ainsi que Olivier Maranda aux percussions en tout genres. C’est toute une épopée musicale que le sextuor nous a fait vivre, certaines pièces se basent sur des reels ou des quadrilles québécois tout en y ajoutant des mélodies d’origine chinoise. L’inverse est également vrai avec des morceaux traditionnels chinois auxquels on ajoute des passages québécois. C’était vraiment beau à voir, avec une superbe foule complètement attentive et réceptive à la proposition. J’ai rapidement cessé de prendre des photos de peur de trop déranger le moment.

Cette pièce aurait été composée au 12e siècle par Pu’an, un moine boudhiste.

Julyan

Après cette expérience unique et immersive on descend au rez-de-chaussée où on est accueilli par des pina colada – sans lait de coco – dans une salle particulièrement bien remplie. C’est le grand lancement de l’album « Future Lovers » du Beauportois Julyan, projet majoritairement acoustique où les refrains accrocheurs font légion. C’est accompagné de deux choristes, Roxane Reddy et Marie-Neiges Harvey, ainsi qu’un batteur, Arthur Bourdon-Durocher, qu’il nous présente ces nouvelles pièces. Le spectacle débute d’ailleurs avec ces quatres personnes réunies autour d’un seul micro au centre de la scène, un magnifique moment doux.

Après cette magnifique introduction où l’éclairage bleu rendait le tout encore plus merveilleux, les quatre musiciennes et musiciens se séparent pour attaquer des pièces un peu plus rythmées. On peut voir que le public est déjà bien familier avec le nouvel opus, ça chante et ça danse énormément en plus de ne voir que des sourires dans l’assistance. Celui qu’on a connu au sein des formations The Seasons et Forest Boys profite de ce lancement de « Future Lovers » pour, en quelque sorte, lancer officiellement son EP homonyme ainsi que les nombreuses chansons sorties pendant le « fameux événement dont tout le monde est tanné d’entendre parler » des dernières années. On a donc droit à une splendide rétrospective des quatre dernières années du chanteur. On a également pu assister à une toute nouvelle chanson, tellement nouvelle qu’il avait les paroles sur un ordinateur pour être sûr. La foule complètement conquise en redemandait encore, pour le rappel Julyan nous avait gardé la déjà très populaire Piña Colada, même s’il a feint de ne pas vouloir la jouer, avant de terminer avec Pleasure, au grand plaisir de toustes. Quel spectacle extraordinaire.

Ma préférée de l’album, c’était magnifique en spectacle avec Julyan au piano accompagné seulement de Marie-Neiges Harvey.

Les Moontunes

Si je ne connaissais pas LIEUES, c’était pas mal la même chose pour Les Moontunes. Avec ce nom, plus leur photo de presse avec un éléphant, j’ai même pensé initialement que c’était de la musique pour enfants. J’ai rarement été aussi dans le champ que ça! Plus on approchait du concert plus j’entendais parler, évidemment en bien, du groupe, au point où ma curiosité était beaucoup trop grande pour manquer ça. Je me suis quand même retenu d’écouter les albums pour me garder la surprise. Et quelle belle surprise. Loin d’être de la musique pour enfants, Les Moontunes c’est plutôt un septuor acadien mélangeant soul, jazz, heavy rock et un peu tout ce qui se fait entre ça. Toustes vêtu.es de combinaisons d’astronautes aux couleurs de l’Acadie, le groupe est composé de Miguel Dumaine (voix, claviers et flûte), Patrick Gaudet (guitare), Samuel Frenette (guitare), Jeremie Poitras (saxophone), Monica Ouellette (basse, trompette), Martin Daigle (batterie et  percussions) ainsi que Marc-Andre Richard (batterie). Et oui, deux batteries!

Musicalement on s’en va vraiment partout, mais maudit que c’est bon. C’est entraînant, c’est créatif, c’est parfois rock, c’est parfois plus calme, c’est parfois complètement jazzé, c’est vraiment un expérience. La comparaison la plus proche serait probablement King Gizzard & The Lizard Wizard, particulièrement pour certaines pièces un peu plus heavy comme Gallop In The Jungle par exemple qui me fait penser un peu à l’album « Infest the Rats’ Nest » du groupe australien. N’empêche que ce serait vraiment malhonnête comme comparaison, particulièrement en raison des côtés jazz et soul bien développés des Acadien.nes. Avoir cet excellent septuor dans le studio du Pantoum ajoute vraiment à l’expérience, c’est pratiquement un concert privé. Je n’en reviens tout simplement pas que je n’en avais jamais écouté, c’est pratiquement honteux.

Vraiment une des chansons qui m’a le plus marqué du spectacle.

Je ressors particulièrement comblé de cette première soirée à faire des allers-retours dans les escaliers du Pantoum. Trois ambiances assez différentes mais c’est entre autres ce qui fait la beauté du Pantoum, la diversité de l’offre musicale. Être charmé par LIEUES qui allie musique traditionnelle québécoise et chinoise, être ébloui par le lancement de Julyan qui a une méchante belle proposition et finalement être complètement époustouflé par l’heavy soul-rock-jazzy des Moontunes. Bien que ce n’était pas le plan initial d’avoir des spectacles dans le studio, je crois que c’est une expérience assez intéressante que ce serait à répéter, même lorsque le troisième étage sera complété. On remercie le virus de Jacques au passage, sans quoi j’aurais possiblement manqué tout ça.

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