Samedi 14 septembre
Jenny Woo
Dernier jour de mon marathon de trois festivals en trois semaines, alors je décide de commencer en douceur en allant visiter le meilleur disquaire de Québec, le Knock-Out, où on avait l’occasion de voir une prestation des plus intimes de Jenny Woo. Elle fait du Oi! – style punk provenant de la classe ouvrière et et défendant, principalement caractérisé par les chants de groupes ressemblant au son « oi! » – de manière acoustique, ce qui est assez unique en soi. Elle vient d’Edmonton et nous raconte candidement, en français en plus, que puisqu’elle ne trouvait pas de groupe elle a décidé de lancer son projet solo, comme quoi on est jamais mieux servi que par soi-même. Elle nous offre une très belle prestation fort agréable qui a été ponctuée par la présence de son mari, le français Eddie Gazel. Après quelques pépins techniques, le duo s’est retrouvé à jouer parmi la foule au beau milieu du magasin sans micro, un moment incroyable. Le tout s’est conclu avec un hommage à son père de 80 ans et sa fille de 18 mois pour une finale touchante.
Taxi Girls
Pour la deuxième journée consécutive, c’est une formation entièrement féminine qui débute à l’Agora du Port de Québec. Groupe montréalais assez nouveau, Taxi Girls existe depuis 2023 et en est à sa première visite à Québec. Le trio est récemment devenu un quatuor avec l’ajout de notre amie Gabrielle Noël Bégin (Margaret Tracteur) à la guitare, j’avais donc très hâte de la voir dans ce groupe. Taxi Girls ont sorti un EP de cinq pièces power-punk des plus accrocheuses en juillet 2023, et maudit que ça fonctionne bien en show. Ça donne le goût de taper du pied, de brasser la tête et même de danser un peu. C’est dur d’ouvrir une grande scène d’un festival mais le quatuor l’a fait avec brio, la foule qui grandissait à chaque chanson semble avoir été pas mal convaincue par cette première prestation à Québec.
Fall From Everest
Depuis maintenant plusieurs années, Envol et Macadam organise Planetrox, concours musical présent en Europe et en Chine cette année, afin de faire venir les gagnants sur la grande scène du festival québécois. Si malheureusement le groupe chinois Dashentong 大神通 a dû annuler sa présence, on pouvait tout de même voir Fall From Everest de la Tchéquie performer en ce samedi soir. La formation mélange metalcore avec des éléments de musique électronique, j’ai vraiment été impressionné par le quatuor. Les musiciens débordent d’énergie, le chanteur et le guitariste se sont même permis quelques visites dans le public. Bref, vraiment une belle découverte et il est facile de comprendre pourquoi le groupe a gagné Planetrox Europe.
Raised Fist
Après The Hives vendredi, cette 27e édition d’Envol et Macadam recevait un deuxième groupe suedois légendaire, Raised Fist. La formation qui existe depuis 1993 est une habituée des festivals punk québécois, ça faisait tout de même près de quinze ans qu’on ne les avait pas vus dans la ville de Québec. On a davantage entendu des chansons des deux excellents derniers albums, « Anthems » de 2019 et « From the North » de 2015 mais on n’a pas manqué de jouer des inoubliables de l’album classique de 2006 « Sound of the Republic ». Les Suédois avaient l’air d’avoir un fun fou sur les planches de l’Agora avec leur punk-hardcore excitant. Une performance des plus énergiques pour ce groupe qui, même trente ans plus tard, continue de faire courir les foules.
Late Night Munchies
On quitte l’énorme Agora pour aller terminer le festival dans la petite salle de L’Anti Bar & Spectacles où la file d’attente était malheureusement trop grande pour l’espace disponible à l’intérieur. Ce qui attendait les chanceuses et chanceux qui ont pu entrer? Une soirée 100 % ska québécois. C’est Late Night Munchies de Limoilou qui nous offre une excellente mise en bouche avec son power-ska festif. C’est sept musiciennes et musiciens qui forment le groupe question de bien remplir la scène, tel un buffet d’instruments à cordes, de percussions et de cuivres. Le groupe travaille sur un album à venir prochainement et déjà on peut voir que les compositions font bouger le public alors que de nombreux crowd surfers ont été aperçus parmi l’abondance de danseuses et danseurs dans la foule.
Ska Sound System
Je dois l’avouer, je n’ai pas fait mes recherches sur le groupe suivant, du moins pas assez. J’avais écouté le nouvel EP « Freak Zone » de Ska Sound System, j’avais même bien apprécié l’ensemble de six chansons. Mais quelle surprise de constater, rendu sur scène, que le chanteur est nul autre que Franz Schuller de GrimSkunk, un des premiers groupes punk québécois sur lequel j’ai trippé. Si je trouvais le premier groupe serré sur le stage, que dire de Ska Sound System qui sont neuf à être entassé.es sur les planches. Musicalement c’est un gros party ska-punk accentué par des paroles promouvant l’unité et le vivre ensemble. Comme si neuf n’était pas assez, on a eu droit à la présence d’Uncle Costa, qu’on a notamment connu au sein de Vulgar Déli, qui est venu nous chanter la classique Perestroïska qu’on peut entre autres entendre sur le EP « Exotic Blend » de GrimSkunk, vraiment un beau moment. Bref, un gros moment festif en compagnie de Ska Sound System, le public était complètement survolté.
Roller Starter
Je l’admets, je ne suis pas le plus grand fan de ska, j’apprécie le style mais je ne dirais pas que c’est ce que je préfère. Cependant il y a un groupe ska québécois qui m’a toujours fait tripper, bien que je l’aie découvert après sa fin de parcours, Roller Starter. Ça tombe bien, le groupe s’est reformé en 2024 pour faire un petit dernier tour de piste et le spectacle ultime était prévu à Envol et Macadam. Du moins, avant l’annonce toute récente d’un vrai dernier show à Montréal, en compagnie de Late Night Munchies d’ailleurs, le 7 décembre prochain. Rollet Starter a apporté un son se rapprochant du hardcore au ska, communément appelé le skacore, bref tout pour me plaire.
La formation n’a qu’un seul album homonyme à son actif, mais c’est un projet qui a, au fil du temps, obtenu un certain statut culte dans la scène punk québécoise. « D’habitude, jsuis couché à 1 h 30 mon chum » nous lance à la blague le chanteur et guitariste Marc-André Beaudet, effectivement, il commençait à se faire tard. Pourtant, le public était disjoncté. Un retour à l’adolescence pour plusieurs, l’Anti au complet était un énorme moshpit de danseuses et danseurs qui skankaient du début à la fin de la prestation. Je ne peux pas parler pour les autres spectacles cette année pour Roller Starter mais les membres semblaient complètement ébahis par la réaction de la foule, une grande communion de fin de soirée qui termine le festival sur une grosse note festive et nostalgique.
Conclusion
Une autre édition d’Envol et Macadam qui se termine, trois longs jours qui ont pourtant passé si vite. Une véritable célébration de la musique alternative sous toutes ses formes, quel rendez-vous incontournable à chaque mois de septembre. Les spectacles en salle ont été plus populaires que jamais, la majorité affichant complet. Un beau problème pour l’organisation, ça veut dire que leur programmation était excellente, malheureusement ça veut aussi dire beaucoup de personnes déçues de ne pas voir certains spectacles. Même l’ajout de la Salle Montaigne du Cégep Limoilou avec une capacité de 350 places n’a pas suffi, le vendredi a affiché complet. Il n’y a malheureusement pas de solution miracle pour l’équipe, mais on souhaite que ça n’influencera pas la qualité de la programmation en salle l’an prochain.
Sur les seize artistes couverts au cours de ces deux compte-rendus, huit avaient au moins une femme dans ses rangs. Il y a en plus quatres autres formations incluant des femmes qu’on n’a pas eu la chance de voir. Mention spéciale au spectacle ska à l’Anti où il y avait une femme dans chacun des trois groupes. On sent donc qu’il y a eu un effort supplémentaire cette année pour mettre de l’avant des groupes avec des femmes, on en est pas à la parité encore mais on apprécie évidemment cette amélioration.
Qu’à cela ne tienne, quelle magnifique fin de semaine, plusieurs prestations qui vont sans doute se hisser parmi mes favorites de l’année. The Hives qui était complètement époustouflant, Melonball qui était sublime, Raised Fist qui était renversant, Gorilla Biscuits qui était ravageur et Roller Starter qui était une finale magistrale. Tout un travail colossal derrière ce festival, je n’ai que des bons mots à envoyer à l’organisation et j’ai déjà tellement hâte à l’année prochaine. Sur ce, maintenant que le dernier festival de l’été est derrière nous, il est grand temps de retourner au Pantoum, à l’Anti, à la Source de la Martinière, au Scanner, au Grizzly Fuzz, à l’Impérial Bell ou au Grand Théâtre pour un automne qui s’annonce complètement incroyable pour la musique à Québec.
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