Deux explorateurs au FME 2024 (première partie)

PAR

On a envoyé Maxime et Jacques à Rouyn-Noranda (qui, comme le dit si bien Desjardins, se situe à la frontière entre l’Ontario et l’Union soviétique) pour couvrir la 22e édition du Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue (ci-après le FME). Une édition des plus éclectiques, où la musique feutrée d’Avec pas d’casque côtoyait celle, pas mal plus grinçante, de NOBRO. On vous présente aujourd’hui la première partie de ce long, mais fort agréable périple.

Introduction

Par Jacques Boivin

Partir à trois heures du matin sans avoir dormi (parce que c’est l’heure à laquelle je me couche d’habitude). Avoir du fun avec trois bums en auto jusqu’à Montréal. Se crinquer en écoutant la musique la plus baba-cool qu’on risque d’entendre pendant toute la fin de semaine. Arriver à Montréal en avance, perdre toute cette avance dans le trafic de la rue Notre-Dame. Écouter Patrick Lagacé, se demander si on aime son émission, pis répondre qu’on aimait bien Paul Arcand dans le temps. Monter dans le bus des pros et des médias qui allait nous mener à bon port, près de dix heures plus tard. Ramasser son accred, boire une petite bière, fumer un p’tit joint, puis aller s’installer à l’hôtel avant de partir à l’aventure.

Qui dit FME dit « party de médias et de pros », mais qui dit ecoutedonc dit « tripper avec le public », alors on a bien hâte de voir le clash! Maxime et moi, on a vu quelques trucs ensemble, mais comme Max est plus rock et moi, plus pop, on s’est surtout vus à l’hôtel… et au bar!

On vous raconte ça!

29 août

Hawa B

Par Jacques Boivin

On a commencé le tout avec une jeune femme qui ne nous est pas inconnue… on l’a vue au OFF cet été (le meilleur moment de la soirée) et on ne pouvait pas la rater au FME si on voulait bien commencer notre fin de semaine. Accompagnée de Félix Petit aux sexy saxophone et d’Anthony Pageau à la sensuelle batterie, l’artiste nous a envoûté·es avec sa pop aux rythmes langoureux qu’elle interprétait avec justesse et conviction. Bien sûr, on a pu entendre les extraits du EP « Sadder But Better » sorti un peu plus tôt cette année, mais le tout premier album d’Hawa B s’en vient et si on se fie à ce qu’on a entendu, il va faire chaud cet automne!

Ada Oda

Par Jacques Boivin

On se déplace rapido dans le stationnement du très célèbre Morasse pour une petite prestation surprise d’Ada Oda, un groupe post-punk belge assez étonnant, merci. Un, c’est peppé en sale et on se met à danser. Faut dire que la chanteuse Victoria Barracato (qui chante en italien – on vous a tu dit que c’était un groupe belge?) en a dedans, elle harangue la foule (quand même pas mal importante pour un parking de casse-croûte), danse, crie, s’amuse comme une petite folle pendant que ses quatre complices à l’arrière marquent le rythme avec les guitares, la basse et la batterie. Dire que j’étais supposé aller les voir une semaine plus tard à St-Roch XP… j’ai ben fait d’y aller tout de suite!

Orchestra Gold

Par Jacques Boivin

On passe de la pop au blues-rock du désert avec le groupe Orchestra Gold. Si à l’avant, Mariam Diakite chante en bambara, à l’arrière, le groupe mélange les sonorités maliennes et le psych-roch californien pour donner un son qui rassemble la Vallée de la mort et le Sahara. On entre rapidement en transe, on oublie qu’on a traversé des centaines de kilomètres de forêts, et on se sent quelque part en Afrique où il est interdit de ne pas danser. C’est pas du Mdou Moctar, ni du Tinariwen, mais grâce à cette fusion des genres, on ne s’ennuie pas.

Last Waltzon

Par Maxime Beaulieu

Me voilà dans la Capitale de l’Arsenic (shout out Guhn Twei!) pour la première fois de ma vie. Malgré toutes les préparations faites au préalable, mon horaire a déjà pris le bord avant même le crépuscule de la première journée. Tel l’amateur sans expérience du FME que je suis, je n’avais pas activé les notifications pour être au courant du spectacle surprise d’Ada Oda dont tout le monde m’a parlé par la suite. Cela dit, on m’a conseillé Last Waltzon au Cabaret de la Dernière Chance, et quelle belle première découverte. Quatre jeunes Montréalais avec une énergie punk débordante. Les quatre gaillards ont du fun sur la scène et ça paraît, alors que musicalement la proposition est vraiment intéressante, ça brasse mais avec un beau côté mélodique. Première découverte, premier coup de cœur, excellente moyenne en cette ouverture de festival! Mention spéciale à la serveuse qui offre des guimauves en guise de bouchons aux malheureuses et malheureux qui avaient oublié les leurs, je vais m’en souvenir longtemps de celle-là. Je devais rester pour zouz, mais ça commençait à être un peu trop suffocant au CAB, je me reprendrai le 26 octobre prochain au Pantoum.

Karkwa

Par Jacques Boivin

On ne s’attardera pas trop sur ce show-là, j’ai vu Karkwa trois fois plutôt qu’une dans la dernière année, on sait pas mal à quoi s’attendre avec Louis-Jean et sa bande. Mais ce deuxième show au FME en deux ans était probablement leur meilleur. Pas de stress de début de tournée, pas d’orage qui est venu très près de tout bousiller, juste cinq chums venus jammer ensemble à Rouyn. L’ambiance était décontractée, Louis-Jean, François, Martin, Stéphane et Julien étaient dans une forme redoutable, la foule avait hâte de chanter les vieux classiques (et les tounes de « Dans la seconde », qu’on connaît maintenant par coeur), on en a eu pour notre argent avec de belles émotions, de beaux moments de communion et quelques larmes aux moments les plus chargés. Dire que le groupe retourne en pause à la fin de leur tournée… (qui se termine le 19 décembre à l’Impérial Bell… on a l’impression que ça va être un gros moment).

Élégie

Par Jacques Boivin

« On est contents de voir que le monde est là pour voir les VRAIS headliners de la soirée! » C’est comme ça qu’Élégie se lance dans son petit set qu’on commence à connaître par coeur tellement on les voit souvent. À l’avant-scène, Lawrence Villeneuve chante ses angoisses comme lui seul sait le faire. Le reste du band remplit la petite scène extérieure de ce new-punk post-wave qu’on aime tant, et Boily-Duguay crache tel un lama devant . Les pièces de « Romantisme » ont la part belle, on gueule avec les rouynorandien·nes, le moshpit est doux et joyeux (on y a même participé), on se croirait presque à la maison. Une belle énergie pour finir une soirée bien arrosée.

TVOD

Par Maxime Beaulieu

Je n’avais rien de prévu avant NOBRO, aussi bien aller voir la première partie. Et une maudite chance que je suis allé visiter le Petit Théâtre, j’y ai découvert TVOD, sans aucun doute ma découverte préférée du FME. C’est six musiciennes et musiciens qui se présentent sur la scène, et quelle claque dans la face iels m’ont donné. L’ensemble fonctionne à merveille, mais c’est vraiment le chanteur Tyler Wright et le guitariste Serge Zbritzher qui retiennent l’attention en sautant de tous les côtés de la scène, et même dans la foule. Si le leader n’avait pas répété à plusieurs reprises que le groupe était de Brooklyn j’aurais facilement pu penser que la formation venait de l’autre côté de l’Atlantique. Il y a vraiment quelque chose de british qui se dégage du son de TVOD, me rappelant un peu des groupes comme IDLES ou Warmdusher. J’en aurais tellement pris plus, la prestation était du bonbon pour les oreilles et pour les yeux. Je vais surveiller attentivement les prochaines venues du sextuor au Québec.


NOBRO

Par Maxime Beaulieu

Tel que mentionné plus haut, j’étais au Petit Théâtre pour NOBRO. Merveilleux groupe que j’ai vu en janvier et qui risque de se retrouver parmi mes spectacles préférés de l’année tout de même. Le super-groupe était clairement attendu alors que la salle est assez pleine, ça fait du bien à voir alors que j’ai souvent considéré la formation comme étant particulièrement sous-estimée. Dès les premiers riffs de guitare, ça commence à se pousser au parterre. J’ai trouvé qu’il n’y a pas eu beaucoup de moshpits durant le FME, mais pour NOBRO ça se donnait à coeur joie! Les quatres musiciennes sont en feu, comme à leur habitude, c’est tellement un plaisir de les voir sourires aux lèvres comme ça. Mention spécial à un spectateur qui avait apporté une tambourine, on a eu droit à un duel de tambourines entre ce dernier et Lisandre Bourdages. J’ai évidement trippé sur ce spectacle du quatuor qui incluait une pièce inédite, j’ai d’ailleurs très hâte à sa sortie, mais malheureusement la fatigue du 14 heures de routes est entrain de me gagner. Vaut mieux aller tester le lit du Noranda.

30 août

Kaya Hoax

Par Jacques Boivin

Ah, le pool party Bonsound. Réservé aux membres de l’industrie, cet événement qui revient chaque année au FME est l’occasion de tisser des liens, les pieds dans l’eau (quand il fait pas trop frette) et d’écouter un·e artiste qui va défoncer des portes au cours de la prochaine année. Et défoncer des portes, c’est exactement ce que la Montréalaise Kaya Hoax risque fort de faire! Quelque part entre le grime britannique et le hip-hop à la M.I.A., la musique de Hoax déborde d’énergie explosive et de rythmes irrésistibles pour le popotin. L’artiste a une présence scénique indéniable, sachant susciter les « oooh! » et les « wahh! » tout autour. C’était chaud et estival, et la perfo du lendemain en fin de soirée, avec ses animations en arrière-plan et un vaste public en transe, était encore plus envoûtante.

Erika Angell

Par Jacques Boivin

L’Agora des arts était déjà pas mal plein pour cette première partie, et j’en étais passablement heureux. J’avais été soufflé par la performance d’Erika au Pantoum, tout ce qu’il manquait, c’était du monde, mais là, oh wow. Une écoute religieuse pour cette artiste venue nous présenter les pièces expérimentales de son album « The Obsession With Her Voice », accompagnée de la formidable batteuse Mili Hong (un plaisir à regarder… et à entendre jouer). Erika nous emmène dans son univers où elle expérimente avec sa voix, les mélodies, les rythmes… un univers envoûtant, qui en a surpris plusieurs qui étaient venus voir le plus conventionnel Coppée, mais qui a conquis la salle au complet si on se fie aux applaudissements plus que polis qui ont suivi la (encore trop brève) prestation. Du bonbon pour celleux qui voulaient sortir des sentiers battus.

Étienne Coppée

Par Jacques Boivin

Un show d’Étienne Coppée, c’est une expérience mystique, une tempête de douceur qui s’abat sur le public. Les chansons de Coppée sont loin du rock de Galaxie, qui a failli faire exploser le Paramount de l’autre côté du lac Osisko. On est dans les harmonies vocales qui font pleurer, les lignes mélodiques qui donnent des frissons, les fins de tounes qui se récitent comme des mantras, et là, pour l’occasion, une participation spéciale de Marie-Pierre Arthur et Rose Perron (Rau_Ze), venues pousser quelques notes elles aussi dans ce cadre magique. C’était comme un gros feu de camp autour duquel on chantait tout doucement, les larmes aux yeux, le sourire aux lèvres, tout en profitant du temps qui s’était arrêté.

Alix Fernz

Par Maxime Beaulieu

J’ai vraiment aimé l’album « Bizou » d’Alix Fernz sorti en avril dernier, j’étais donc bien heureux de le voir en première partie des légendes de Galaxie. J’avais vu son lancement au Pantoum en mai, mais il y a une méchante différence de grandeur de salle avec le Paramount. Ça fonctionne à merveille ici, le chanteur s’amuse comme un petit fou accompagner de ses musiciens. La foule semble s’y plaire également, même si la grande majorité était là pour le plat principal, cette entrée était tout de même très rassasiante. C’est vraiment un artiste qui gagne à se faire connaître, il y a une belle créativité dans sa musique qui navigue entre la pop et le post-punk avec un petit côté électro. 

Galaxie

Par Maxime Beaulieu

Je vais essayer de faire ça court, mais en bref: Quel band! Je connais Galaxie de nom depuis « toujours », je me souviens de la fameuse époque du changement de nom, mais ce n’est pas pour autant un groupe que j’écoutais régulièrement. Avec la sortie du nouvel album « À demain peut-être » en février je me suis un peu plus interessé au groupe et à sa discographie. Ajoutons à celà la présence de Galaxie dans trois festivals que j’ai visité: Le Festif!, le FME et St-Roch XP (qui sera passé au moment où vous lirez ces lignes) et j’ai finalement compris tout ce que la formation représentait. Tout ça pour en revenir au point: Quel band! C’est hits après hits, les cinq musiciennes et musiciens ont l’énergie dans le tapis, pour emprunter une expression un peu cliché, c’est littéralement une leçon de rock. J’ai passé l’entièreté du show à répéter « Estie qu’iels sont bon.nes. » Et c’est essentiellement tout ce que c’est, cinq musicien.nes hors pairs qui donnent tout pendant un peu plus d’une heure pour laisser la foule en extase. Je me doute que si vous nous lisez, vous êtes déjà bien familier.re avec Galaxie, mais si comme moi vous avez un peu passé par dessus le groupe, vous devez absolument les voir en spectacle. 

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