Clara Dahlie et Cosmophone : de la soie et du noir au Pantoum

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Ce 17 mai, c’est un double plateau remarquable qui nous attend au Pantoum. Pour les deux prestations les musiciens sont vêtus de noir, contrastant avec la fragile soie lumineuse qui veste les chanteuses. Ce soir, on nomme les intangibles de l’amour, il est question de vide, de feu, de cendres et de fracas. Deux voix puissantes animent le public qui est au rendez-vous. C’est la première fois pour Clara Dahlie et Cosmophone au Pantoum. Deux projets très prometteurs.

L’élégant fracas de Clara Dahlie

Clara ouvre le plateau avec assurance. C’est une diva qui dirige. La soie épouse son corps, on y voit une menotte sur sa ceinture évoquant, selon les chansons, l’emprisonnement, la soumission ou la reprise de contrôle. Une simple menotte, une simple image qui parle beaucoup. À travers ses chansons, Clara Dahlie transperce des cœurs en abordant différents niveaux de violence que l’on peut retrouver dans des relations intimes.

Elle est accompagnée de musiciens aguerris, dont William Lévesque (claviers), Raphaël Laliberté-Desgagnés (basse) et Aubert Gendron-Marsolais (batteries et SPD-SX). Elle débute à genou avec sa voix, elle se dresse sur scène au rythme des claviers et de la basse pour nous interpréter Dahlia avec un chant magnifique.

Avec Rengaine, on reste figé devant le groove de sa voix puissante et confiante combinée au jeu des musiciens. Les émotions traversent son corps, son déhanchement propulse sa voix. Séduit, on se laisse porter dans les hauteurs que sa voix nous livre.

Elle nous présente ensuite une reprise de Lucia de la Cosa, qui évoque la stupeur d’une victime au lendemain d’une violence sexuelle. Avec peine, Clara enlève avec habileté les œillères de son public pour nommer des sujets aussi difficiles. À la fin, le public témoigne de sa grande appréciation par de forts applaudissements. Une artiste talentueuse à découvrir.

L’amour borderline de Cosmophone

Cosmophone nous propose un projet dense, énigmatique et pop avec des accents de trip-hop. Un projet prometteur dont les compositions musicales se distinguent d’une pièce à l’autre. Fragile et dénudée dans une légère tenue de soie, la voix lumineuse de Catherine Laurin (autrice-compositrice-interprète) nous amène bien au-delà des paroles impuissantes qu’elle nous récite. Des paroles qui évoquent une conscience insatiable et obsédée par l’amour.

Cosmophone se compose du claviériste Daniel Quirion, du bassiste Joseph Blais, du batteur Jérémie Essiambre et du guitariste Aimé Duquet. Un écran de projection est en place et un clavier attend librement au coin gauche du parterre de la salle. Une ambiance lourde se met en place avec deux claviers, une guitare et la batterie pour Après la pluie. Des petits airs de trip hop se mettent en place. On peut entendre « Je sais que tu me veux comme tu veux la mort ». On est dans le Columbarium des amours espérés.

À la moitié du spectacle, elle demande au public de s’assoir par terre et rejoint le clavier au parterre de la salle. Les lumières de la salle se sont éteintes, ce sont les téléphones des musiciens assis sur le bord de la scène qui ambrent l’éclairage de la chanteuse pour la vibrante chanson Rêve.

La dernière chanson J.n.p.m.a (Je n’ai pas mal aujourd’hui) donne un message de confiance et d’un bonheur inédit dans un nouvel amour. Embarquent le clavier, la basse et la batterie qui se parsèment de temps d’arrêt bien mesurés. Les tonalités de piano dominent dans un decrescendo soutenu par la basse et la batterie, pour en arriver à un solo de style néoclassique. Pas tant commun dans la musique québécoise, c’est vraiment bon.

À dominance francophone, le projet musical de Cosmophone a un potentiel très prometteur. À découvrir si ce n’est pas déjà fait!

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