Pour la dixième édition des Nuits psychédéliques, c’est la soirée la plus populaire au Pantoum. Ce 4 mai, on a droit à plusieurs états d’esprit selon les prestations qui nous sont proposées. Une soirée psychédélique réussie, en partant avec une musique rappelant le mouvement hippie des années 1960, nous avons été amenés à d’autres sonorités au-delà de ce que nous avons l’habitude d’entendre, des sonorités beaucoup moins accessibles, du psychédélique.
Solipsisme – Patchouli et tambourines
Si j’ai à donner un exemple de ce qu’est du psychédélique accessible, c’est Solipsisme. Ce beau band de six personnes a effleuré nos épaules d’hippie avec style. Le groupe est composé de François Lemieux (voix, guitare, clavier), Samuel Gadreau (guitare), Xavier Laprade (batterie), Maxime Doyer (voix, basse), Taylor William Fitzpatrick Johnson (guitare) et de la fantastique Paige Dipiazza-Barlow (voix audacieuse et tambourines).
Sous le rythme des tambourines, le groupe chante en chœur et c’est magique. Les pièces sont plutôt longues et permettent de se laisser planer. Ça se déhanche dans la foule du Pantoum, les têtes sont légères dans la foule qui flirte avec la musique, on peut même déceler l’odeur de patchouli à certains endroits. On aurait pu voir apparaître des couronnes de fleurs dans les cheveux. Le groupe a une belle présence sur scène, les six musiciens sont tout sourire sous les couleurs chaudes de l’éclairage. À plus d’une reprise, la voix de Paige Dipiazza-Barlow est mise en valeur et donne vraiment une belle énergie au spectacle jusqu’à la toute fin et permet au public d’être enjoué et curieux pour la suite.
Pour celles et ceux qui ont leur passeport pour le Festival d’été de Québec, vous pourrez les voir au Parc de la Francophonie le 12 juillet. À l’extérieur, les pieds dans le gazon, ça devrait être quelque chose de fun cet été. Il y a aussi la formule à domicile que vous pouvez privilégier en vous procurant leur dernier album « Labyrinthologie ».
Alex Zhang Hungtai : Le vent ténébreux d’un saxophone
De New York, seul sur scène, Alex Zhang Hungtai nous offre une combinaison de drum and bass et de saxophone modulé. Une performance courageuse et qui n’est pas accessible pour tous les goûts. On a affaire à de l’expérimental très niché et audacieux. Après l’énergie de Solipsisme, c’est un peu difficile de se mettre en position d’introspection que le projet de l’artiste nous propose. Tout de même, en ralentissant un peu, avec de longues pièces musicales, composées de boucles de percussions et de saxophone, on peut constater la création d’un univers lugubre dans lequel Alez Zhang Hungtai nous plonge. Le saxophone parfois grinchant semble raconter des histoires de désolation et de vaines expériences. Un son peu rassurant dont la musique ne peut que nous amener à méditer la gorge serrée. Seul devant la salle, l’artiste avec sa console et son saxophone donne des allures de maison hantée au Pantoum.
Yoo Doo Right : Un espace saturé de décibels
Le groupe instrumental de Montréal est composé de Justin Cober (voix, guitare), Charles Masson (basse) et John Talbot (batterie). Il nous propose quelques pièces de son plus récent album paru le 15 mars 2024 « The Sacred Fuck EP ». Le début est rythmé, on a droit à des riffs mélodieux de guitare qui rappellent un peu le punk British des années 1980. C’est bon. Les coups de cymbales sont fantastiques, elles résonnent à travers le Pantoum avec de belles notes de guitare. Plus on avance dans la prestation, plus les distorsions de la guitare se complexifient. Krautrock! La guitare devient très présente, elle surplombe la batterie et la basse. Donnant l’impression qu’on se fait traverser par un flot musical très dense. Ça commence à ressembler à du bruit. D’une voix si douce contrastant avec la pesanteur du son, le guitariste annonce qu’il fera une dernière chanson d’une durée de plus de dix minutes.
La tonalité devient viscérale à la limite de l’inconfortable pour apprécier le moment. C’est très fort, les bouchons sont un immanquable, on peut comprendre pourquoi le groupe en fournissait. À la fin, ils quittent la salle et laissent leurs instruments et filages par terre et un impressionnant module de pédales, que nous avons su par la suite, est conçu par le guitariste. La vue de leurs instruments inertes avec les lumières du module qui scintillent laissent un peu perplexe de l’expérience sonore que nous venons de vivre. Pour cette dernière prestation des nuits psychédéliques, ce groupe a clairement su jouer sur nos modifications sensorielles.
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