Alexandra Lost et Night lunch au Pantoum : Ambiance feutrée

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Ce 19 avril au Pantoum, l’équipe nous présente un plateau double parfaitement complémentaire avec Night Lunch et Alexandra Lost. Deux ambiances lunaires et dansantes au point de s’imaginer que la régie a tapissé tous les murs de feutres et boosté les ampères de l’éclairage pour ce brouillard éphémère, cette soirée clandestine. Ce soir, on aurait très bien pu se retrouver dans une église réaménagée pour l’acoustique.

Night lunch : Romance macabre

Style libre et feutré, l’appellation weird pop sur Bandcamp pour décrire Night Lunch me semble appropriée. Une impression des années 1980, de quelque chose de new wave et peut-être aussi de Art rock de la fin des années 1960. Comme une jonction entre l’élégance de David Bowie, le new wave de Robert Smith avec une habile éloquence féminine. Le groupe se compose des musiciens qui se surnomment Lukie Lovechild (voix, guitare, lunettes fumées), Wesley McNeil (voix, claviers), Marlee McMillan (voix, basse) et Khayman McColgan (voix, batterie). Pour leur prestation, le groupe a fait un mélange bien homogène de chansons issues de leurs différents albums, dont le plus récent « Fire in the Rose Garden » (2023).

C’est à la moitié de leur prestation que le chanteur lance solennellement l’appel à la régie de démarrer la boule disco. Un mouvement qui laisse passer l’auditoire d’une curiosité audio-visuelle à une communion plus organique avec la scène. Vient le ver d’oreille I Think You Love Her More than Me, où le chanteur délaisse sa guitare pour prendre le micro d’une main et la corde de l’autre, il est accompagné de la voix très mélodieuse de la bassiste. Le groupe est fusionnel, le public s’y fond. Pas noir, ni joyeux. Leur style est agréablement surprenant. Des fois, on dirait que le clavier nous raconte des comptines, et à d’autres moments, on vibre sur le ton solennel de leurs voix.

Ils seront de retour à Québec le 9 juillet à la Place de l’Assemblée nationale (scène gratuite) dans le cadre du Festival d’été de Québec. Je suis très curieuse de les voir jouer à l’extérieur. À voir!

Alexandra Lost : Le mirage de « Smoke »

Le présent projet d’Alexandra Lost se taille une place de choix sur la scène musicale québécoise, avec l’album « Smoke » paru le 22 mars dernier. Pour le vernissage au Pantoum, les compositeurs Jane Ehrhardt (voix principale et clavier) et Simon Paradis (clavier et voix) sont accompagnés des musicien.nes aguerri.es de Québec Isabeau Valois (accordéon, cithare et voix), Luke Dawson (basse) et Jean-Étienne Collin Marcoux (batterie).

Sous une lumière enfumée de rouge et au son d’un accordéon presque lugubre, le groupe ouvre en force avec la pièce Le monde est en feu. Les notes de clavier sont bien senties aux paroles et à la voix jazzy de Jane. Puis, Uplift débute avec la tonalité d’un piano, Jane est seule avec son micro, elle est d’une voix magnifique, transcendante, toute en délicatesse. Dans ses gestes, elle paraît comme un pied-de-vent au centre de la scène. Inatteignable, Jane incarne sa voix et ses paroles.

On est près de la moitié du spectacle pour entendre la pièce-titre de l’album Smoke qui débute lourdement, on tourbillonne dans les choeurs et les abysses de touches de clavier saisissantes. C’est avec la francophone Feux follets que le groupe ferme la boucle avec les thèmes du feu et de l’eau. Le puissant choeur de Jane, Isabelle et Simon escorté de claviers syntonisés nous amène à se questionner comment c’est possible d’emplir à ce point l’air de la salle d’une musique aussi dense. C’est un maëlstrom de velours rouge, pourpre et marin, avec des éclaircies d’images vaporeuses. À la suite des remerciements c’est avec Friends et Get Lost que le spectacle se termine.

Alexandra Lost nous livre un projet musical mûr et réfléchi. La composition de leurs pièces donne une palissade de sons en spectacle et un album à réécouter sans cesse.

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