Cabaret Festif : une finale qui dépasse de loin toutes les attentes

PAR

C’est bien en forme et épargné – pour une fois – par les microbes qui courent que notre Jacques Boivin a pu m’accompagner avec fébrilité à la grande finale du Cabaret Festif du samedi 30 mars dernier. La chaleur printanière au rendez-vous, de la musique d’anciens gagnants et participants du concours jouant dans la voiture et une lignée d’artistes talentueux en prestation, tout pour que notre court séjour dans la ville affectueusement appelée le « Paradis des artistes » soit plus qu’agréable. D’ailleurs, lors de notre arrivée dans la salle multi du réputé hôtel Le Germain Charlevoix, j’ai vite compris que l’ambiance serait bien différente de celle de la petite scène du Cabaret Otis. La scène prenant tout le devant de la salle, les éclairages de Camille Pineault descendant du haut plafond jusqu’au sol et la grande tablée des juges nous donnaient sans aucun doute l’impression qu’on assisterait à la grande finale de cette compétition musicale.

Cure-Pipe

La soirée a commencé bien en force avec la formation Cure-Pipe, qui nous a réservé une prestation tout aussi électrisante que celle des qualifications. Aussitôt les six musiciens en place, pas le temps de niaiser, on entend déjà les premières notes jouées avec assurance par le chanteur Thomas Dakin Perron et son band. Ça rentre dedans. On ne peut s’empêcher de se faire aller la tête de tous les côtés sur ces airs déjantés de vieux rock psychédélique. La voix un peu graveleuse de Thomas se mariait à merveille avec les harmonies assumées d’Ingrid Pineault davantage mise en évidence que la dernière fois. En regardant les musiciens, tout parait si simple. Chacun maitrise à merveille son instrument et malgré le fait qu’ils ne se regardent pas beaucoup, on sent qu’ils ont une belle chimie.

Fidèle à ses habitudes, le groupe a enchainé les chansons telle une Lamborghini Huracan sur un circuit de course. Ce fut un « set » rapide, mais très efficace, car on en aurait pris encore. C’est d’ailleurs avertis par Thomas qu’il fallait faire attention à nos oreilles, que le groupe nous a laissé avec une cacophonie instrumentale bruyante, disjonctée et à la fois satisfaisante. Quelle belle prestation qu’on aura la chance de revoir au OFF de Québec ou bien au Pantoum, deux des nombreux prix remportés par le groupe.

Bermuda

Avec toute son assurance et sa gaieté, Bermuda nous est arrivée sur scène vêtue d’un ensemble orangé qui la démarquait de ses musiciens habillés tout en noir. Elle rayonnait sur cette grande scène avec ses yeux colorés de rouge. Impossible de ne pas être hypnotisé par son « swag » et sa fougue. La Sherbrookoise d’adoption nous a vite montré qu’elle savait où elle s’en allait en débutant son 20 minutes avec son rap pop Fonce. Un flot de paroles engagées grandement maitrisé qui donne envie de s’affirmer et d’avancer sans trop se poser de questions. Portant son charisme et son aisance avec elle, Bermuda a poursuivi sa performance en nous faisant chanter haut et fort les paroles aux propos crus et un peu sexüs de la chanson Chest : « si tu t’mets pas en chest, jte laisse ». Difficile de ne pas entonner ces mots sans avoir le sourire aux lèvres. D’ailleurs, le party ne faisait que commencer, car elle a enchainé avec son succès Beach Bodé. De façon spontanée, le public s’est rapidement levé pour danser. Avec ses paroles réclamant l’acceptation de soi, il était facile de mouvoir son corps sans complexe. La chanteuse et ses talentueux musiciens ont bien terminé leur prestation avec la chanson Je ne m’excuserai pas, titre de son plus récent album. Ornée de son keytar, la chouchou du public nous a livré avec sincérité et confiance cette chanson qui, pour moi, devrait devenir un hymne chanté partout pour qu’enfin, on puisse vivre dans un monde où l’on peut être qui on est sans s’excuser. À voir la vigueur du public à entonner les paroles en chœur et les applaudissements de celui-ci à la fin de ce 20 minutes beaucoup trop court, il était facile de voir que Bermuda avait conquis le cœur du public. Elle est d’ailleurs la récipiendaire du Prix coup de cœur du public de cette grande finale. On a bien hâte d’entendre le nouvel EP qui, selon ses dires, s’en vient très bientôt.

Anaïs Constantin

À notre grande surprise, Anaïs, qui s’était auparavant présentée en solo, est arrivée accompagnée d’Alex Guimond et David Bourbonnais. Ces deux excellents musiciens ont accepté, à une semaine d’avis, via une publication Instagram de l’autrice-compositrice-interprète, de participer à cette finale. À voir ce beau trio s’installer sur scène, on savait qu’on allait vivre un magnifique instant musical. C’est dans toute sa spontanéité et avec son charisme qu’Anaïs a commencé en nous racontant son road trip à l’Ile aux Coudres. Un moment musical inspirant qui m’a définitivement donné a envie d’aller observer les outardes en plein milieu du Fleuve Saint-Laurent. Anaïs a poursuivi sa prestation avec un monologue humoristique nous racontant sa première expérience d’embrassade. Une belle introduction authentique nous donnant le ton à la prochaine chanson Mes années 2000, chanson rythmée nous ramenant avec nostalgie dans nos vieux souvenirs d’enfance. D’ailleurs, une petite télé cathodique posée subtilement sur le devant de la scène nous faisait le rappel de ses années où la technologie était à son plus simple. Pour les deux dernières chansons, on a eu le droit à de la tendresse, de la simplicité et à une certaine vulnérabilité de la part de l’artiste. Elle nous a livré avec sincérité et légèreté ses textes plus qu’émouvants. Sa voix un petit peu chambranlante, mais à la fois mélodieuse se mariait à merveille avec les douces harmonies de ses musiciens qui sont venues apporter de la profondeur à sa prestation. En résumé, Anaïs, c’est comme un vent de fraicheur qui nous fait virevolter que ce soit « À pied ou en char » (nom de son plus récent EP) à travers les routes d’un monde de douces poésies. Ce petit road trip musical à Baie Saint-Paul lui a valu le Grand prix du Jury.

HALDE

La soirée s’est terminée avec le projet HALDE mené d’une main de maître par Sabrina Halde. La chanteuse s’est installée avec son magnifique sourire et sa bedaine de 7 mois debout derrière son clavier pour nous entonner sa première chanson Circles tirée de son tout récent album « The Flow ». Dès les premières notes, on a senti un vent de fraicheur qui s’est propagé dans la salle. Bien que l’on ressentait un petit peu sa fébrilité, Sabrina a su nous charmer avec sa voix chaleureuse et mélodieuse. Il est évident qu’elle est une artiste complète ayant de l’expérience derrière la cravate. Présentant 3 chansons en anglais au rythme jazzy, Sabrina et ses musiciens nous ont « cruisé », comme elle le répétait, avec la seule chanson en français de son album, Les marées. Ce fut un arrêt dans le temps, une berceuse enveloppante aux accords réconfortants. Le band a terminé cette soirée avec Something Left to save, une chanson au style Indie pop nous donnant envie de se lever pour danser avec le band qui était clairement ravi de jouer ensemble pour nous.

Elle a mentionné qu’elle nous trouvait beaux et bons. Et bien, je lui retournerais le compliment en lui disant qu’HALDE est définitivement un projet qui mérite d’être connu de tous.

Galerie photos

VOUS CHERCHEZ QUELQUE CHOSE?