Pssst! J’ai entendu dire, dans l’auditoire, que c’était le fun qu’il y ait du jazz et de l’expérimental en Basse-Ville. Il manque de scènes à Québec.
Album : des tableaux de percussions
24 février 2024, bien au chaud au Pantoum. La scène est un paysage dominé de percussions : vibraphone, balafon, batteries, objets divers et petites cloches. À gauche, il y a une contrebasse et une guitare électrique. Album improvise des tableaux de percussions sur fond d’harmonies à la contrebasse et de guitare ambiante. Les musiciens Philippe Charbonneau (contrebasse), Scott Warren (percussions, électroniques) et Olivier Fairfield (batteries, vibraphone, électroniques) se déplacent d’un instrument à l’autre. Seule, la guitariste Simone Provencher (guitare et électroniques) qui reste agenouillée la majorité du spectacle.
À certains moments, l’univers rappelle un peu celui de David Lynch. Le public ne peut pas se faire d’attentes au sujet de la construction musicale à laquelle il assiste. La performance mène l’auditoire dans un état d’introspection. Parfois, le son de clochettes semble vouloir rappeler le moment présent. D’autres objets inusités emplissent encore un peu plus l’univers : une bande adhésive qui se déroule, des bouteilles qui se cognent et des brassements de métaux. L’auditoire est silencieusement captif. Il arrive que la contrebasse nous appelle vers un jazz qu’on connaît mieux, mais les percussions ou la guitare vont jouer ailleurs. Album est un peu comme un pâturage d’instruments à percussion qu’un vent d’idées fauchera. À découvrir.
Alex Leblanc et son orchestre : Novateur et rebelle
Sur la scène, un feu roulant s’installe. Il y a les musiciens aux cuivres d’un côté: Patrice Juneau (sax alto/baryton) Michael Johancsik (sax ténor/alto/clarinette) et Alex Desjardins (trombone). Au centre se trouve Marcus Lowry à la guitare électrique, puis la section rythmique à gauche avec Guillaume Pilote (batterie) et Alex Leblanc (contrebasse et composition). Des télévisions vintages et une toile de projection complètent la scène. Au centre de l’auditoire, juste devant la régie, une table avec mille et un appareils dédiés à la projection. Muni de sa caméra, l’artiste visuel David B. Ricard est prêt pour accompagner en images le jeu du sextuor en direct.
La première pièce jouée est Musique pour jeunes fous, chanson éponyme du dernier album de la formation. Cette chanson permet à chaque musicien de se lancer avec son instrument. Le vent des cuivres annonce l’allure rebelle du spectacle. On saisit le côté désinvolte de leur approche jazz. Alex Leblanc et son orchestre nous propose des montagnes russes. Les prestations des «flûtes», comme les nomme gentiment Alex Leblanc, sont intrusives, vives et enthousiastes. On groove à leur rythme. Le public est attentif, les images s’accordent au gré des prestations individuelles et des improvisations. Les projections dans les télévisions sont un genre de glitch, des manipulations analogiques d’images vidéo. La caméra s’agite selon l’intensité de la musique et filme les musiciens et son auditoire. Les images s’encastrent aux improvisations rythmées ou saccadées de l’ensemble. C’est singulier et organique. J’adore.
La prestation se termine par un rappel, avec la pièce Espièglerie No 47 et Opus 67 du précédent album « Live au Bar Ste-Angèle ». L’auditoire était prêt à accueillir d’autres chansons : le temps a défilé trop vite. On veut assurément les revoir sur scène! Pour la suite, les musiciens se produiront au bar le Ste-Angèle les 19 et 20 avril 2024.
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