Galaxie – « À demain peut-être »

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Parle-moé d’une surprise! Le supergroupe Galaxie est de retour avec un sixième album lancé aujourd’hui sans crier gare (six ans jour pour jour après « Super Lynx Deluxe ». « À demain peut-être » renferme tout ce qu’on aime de Galaxie : le blues-rock contagieux et dansant, le fuzz digne d’un grizzly dans les guitares de Langevin, les synthés sucrés de François Lafontaine qui se marient à la voix de rêve de Karine Pion, la basse groovy à Fred (Fortin) et la batterie exaltée de Pierre Fortin (en plus d’une ribambelle de collaborateurs et collaboratrices comme Robbie Kuster, Pierre Girard, Benoit Bouchard, Paige Barlow, Jean-Sébastien Chouinard et Marc Thériault).

Ça s’entend dès les premières notes d’Anomie, qui ouvre la galette de belle façon. Les claps invitent à la danse, on se prépare à faire le party comme un tigre (au diesel) ou un (super) lynx (deluxe). On va avoir du fun, et pas juste à (ou sur) Dolbeau! Les vieux fans vont adorer Le spleen de Montréal, qui sonne comme du bon vieux Galaxie 500, ainsi que l’endiablée Ramen soupe. Si vous avez joint le party dans les années 2010, des pièces comme Cucumber Moon et Tarentule vont vous plaire avec leur côté très givré.

Mais « À demain peut-être » renferme aussi quelques belles surprises, comme la magnifique Lune, une pièce downtempo qui ressemble davantage à un croisement entre Malajube et les Beatles qu’à un prétexte pour partir un moshpit. Je le savais que Langevin avait du Lennon en lui! Et Lafontaine qui s’amuse au piano comme un p’tit fou… Si c’est une nouvelle direction qu’aimerait prendre Galaxie à l’avenir, je pense qu’il y a beaucoup de monde qui serait pas fâché du tout.

Deuxième extrêmement belle surprise de l’album, la pièce-titre a un petit côté dream-pop irrésistible. En fait, si ce n’était pas des guitares et de la voix typiques de Langevin, on ne croirait pas du tout que c’est du Galaxie. Et là aussi, ça marche autant que ça surprend et on en prendrait davantage. Et il y a Foulard, une autre pièce downtempo et relativement dépouillée qui m’a rappelé quelques collaborations de Langevin avec Mara Tremblay. C’est beau et doux (et vous m’entendrez pas souvent dire ça d’une toune de Galaxie).

Et la combinaison gauche-droite de la fin est savoureuse : Arcade commence doucement avec ses synthés et ses voix éthérées, mais elle se transforme rapidement en gros jam au milieu de la pièce. Si celle-ci dure moins de trois minutes sur l’album, on n’a aucun mal à la voir s’étirer beaucoup plus longtemps. La finale est également très surprenante. Parlant de jam, HHHEEENNN!!! en est un gros avec ses teintes de blues bien senti et ses guitares qui gagneraient haut la main le championnat de la Ligue québécoise de rock.

Les onze pièces forment un tout très compact : y’a beaucoup de stock à entendre et à décoder en 33 minutes et demie. De nombreuses textures à dépecer. On dirait parfois que cet album réalisé par Langevin résume bien les deux décennies d’existence de Galaxie : un bon gros fond de blues rock sur lesquelles on a collé des sonorités de plus en plus pop… jusqu’à ce que le fond décolle et laisse place à de nouveaux univers sonores là où on n’attendait pas du tout la bande.

La légende dit qu’au départ, Olivier Langevin n’était pas sûr de vouloir endisquer un nouvel album parce qu’il préfère tripper avec ses chums en arrière-plan plutôt que prendre le devant de la scène. Heureusement, le réalisateur Jean-François Rivard lui a proposé de signer la musique de sa série « Bon matin Chuck ». C’est tout ce dont Langevin avait besoin pour réveiller le dragon en lui. Pour le moment. « À demain peut-être » porte donc bien son nom. Peut-être qu’il y aura une suite, peut-être verra-t-on quelque chose de complètement différent (comme le laissent entendre les quelques pièces très divergentes, mais incroyablement fortes). Quoi qu’il arrive, une chose est certaine, les fans seront là.

En attendant, on a une maudite belle galette, une des bonnes offertes par le supergroupe. Un album qui sera sans aucun doute fort bien défendu en tournée ce printemps et cet été. Ça commence le 12 avril aux Grands Bois à St-Casimir (donc pas très loin de Québec), ça s’arrête au Club Soda en pleines Francofolies de Montréal, ça fait le tour de la province, mais aucun arrêt n’a encore été annoncé pour Québec.

Vous savez bien qu’ils vont débarquer ici plus tôt que tard.

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