C’était le début d’une grosse fin de semaine au Pantoum : quatre shows en quatre soirs. Dans à peu près tous les styles. Pour commencer, on accueillait en ce jeudi 16 novembre deux projets diamétralement opposés : l’indie pop très feutrée d’Emilie Kahn, puis l’indie rock très baba cool de La dame Ovale.
Emilie Kahn
Venue nous présenter son plus récent opus intitulé « Maybe », sorti un mois plus tôt, l’autrice-compositrice-interprète et harpiste Emilie Kahn a eu droit à un accueil des plus polis de la part d’un public qui avait ouvert ses oreilles toutes grandes tout en se scellant les lèvres à l’epoxy.
Toujours tellement timide pendant ses interventions (c’en est cute), Kahn prend quand même bien le temps d’expliquer ses pièces et de nous rappeler à quel point elle est contente d’être là. Mais dès que ses doigts se promènent sur sa harpe, elle se transforme en fée envoûtante qui nous charme une corde à la fois.
Les pièces plus rythmées de l’artiste brillent dans cette formule trio, nous donnant même envie de se déhancher un peu (question de ne pas être trop rouillé.es pour La dame Ovale), mais quand Kahn se retrouve seule avec sa harpe pour interpréter ses « vieilles » chansons sous cet éclairage feutré parfait pour une écoute religieuse, on ne peut pas s’empêcher de frissonner.
Mais cette écoute, ah cette écoute de la part du public… ça devrait tout le temps être de même!
La dame Ovale
Changement complet de registre pour cette deuxième moitié de plateau double : on passe de l’indie pop feutrée et aérienne à l’indie rock où se mélangent sonorités vintage et textes touffus.
La dame Ovale, c’est Claudia Gagné (basse, voix), Jasmin Cloutier (guitare) et Daniel Hains-Côté (batterie). Le trio énergique avait lancé, quelques jours plus tôt, « Du rêve à la dompe », un microalbum bref, mais pas pire intense où les textes de Gagné, qui parlent d’identité et de désillusion du point de vue d’adultes qui ne fittent pas parfaitement dans le moule de cette société un peu brune et puante, se collent à une trame musicale qui laisse beaucoup d’espace aux diverses expérimentations qu’affectionnent les membres du groupe.
Comme on s’y attendait avec La dame Ovale, les pièces du microalbum sont pleines de nuances qu’on découvre au fil des écoutes, et elles sonnent encore mieux sur scène, jouées live dans nos faces. Et le plaisir de nous jouer ces tounes-là est palpable, le trio s’échange maints regards complices (mais subtils), et Gagné débite ses textes en caressant sa basse le sourire fendu jusqu’aux oreilles.
Dans la foule, on a souvent envie de partir un p’tit moshpit, mais ce public – plus âgé que d’habitude dans la petite salle – a eu besoin de temps pour se sortir du rêve éveillé de la première partie. C’est pas grave, on en a profité pour mieux apprécier les chansons.
En 2023, plusieurs artistes nous donnent leurs pièces tout cuit dans le bec. Du prémâché parfait pour les réseaux sociaux, qui nous prend par la main tout en évitant les surprises. La dame Ovale propose exactement le contraire : oui, ça reste de la pop accessible, mais Claudia, Jasmin et Daniel comptent sur notre curiosité et notre intelligence. Les lignes mélodiques accrocheuses nous tiennent sur nos gardes, la section rythmique nous fait taper du pied sans nous faire oublier tout le reste et les textes sont truffés de petites perles qui ne font pas que rimer. Ça donne à l’ensemble une envie d’y retourner régulièrement, un genre de mélange de chanson française et de rock psychédélique avec une très subtile touche de jazz.
Avec « Du rêve à la dompe », La dame Ovale ne fait qu’ouvrir notre appétit. Et là, on pense qu’on va avoir très faim pour la suite!
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