Le 16 septembre dernier, Catherine Ringer, la célèbre voix des Rita Mitsouko, s’est présentée au Grand Théâtre de Québec pour un spectacle combinant poésie et chant, intitulé « L’Érotisme de vivre ». Autant vous dire qu’on était bien loin de l’univers pop-rock avant-gardiste d’Andy et Marcia Baila des Rita Mitsouko. L’annonce de cette performance a toutefois piqué ma curiosité : je ne pouvais pas manquer l’emblématique et irrévérencieuse Catherine. Pour ce spectacle, elle met en lumière les mots d’Alice Mendelson, une poète française dont les écrits n’avaient jamais été portés à l’attention du public avant les premières performances de la chanteuse. À plus de 90 ans, Mendelson, femme libre et sensuelle, a maintenant publié trois recueils de textes et de poèmes, dont le dernier porte le même nom que le spectacle.
« L’Érotisme de vivre » a été créé il y a deux ans à Paris, sur une petite scène, et ce avant la publication du livre du même nom de Mendelson, l’année dernière. Il est le fruit d’une collaboration entre Ringer et le metteur en scène Mauro Gioia, avec la contribution du conteur Pascal Quéré dans la sélection des poèmes.
On notera que les textes sont magnifiquement accompagnés par le pianiste Grégoire Hetzel, qui nous livre toute une symphonie lors du spectacle, allant du classique doux aux rythmes électroniques « buzzés » de son clavier.
Les textes de Mendelson, choisis avec émotion par Catherine Ringer et Mauro Gioia, reflètent la simplicité, la beauté et la sensualité de sa vie. La plupart des textes lus ce soir-là sont même « sans date », comme s’amuse à le mentionner Catherine Ringer. Je note d’ailleurs que le spectre des dates est aussi large que 1947 à 2021. Les poèmes abordent des thèmes variés, de l’érotisme à la maladie en passant par la maternité et le vieillissement.
Si je me demande parfois ce que je fais ici parmi ce public définitivement d’une autre génération, j’apprécie tout de même les moments chantés durant lesquels Catherine mêle paroles érotiques, imaginaire et humour. À un moment du spectacle, elle se balade même à travers le public assis aux tables en chantant l’attirance qu’une femme peut avoir envers les hommes, et joue à l’aguicheuse auprès d’un homme de l’audience (pendant que sa femme reste immobile – moment cocasse de la soirée).
« L’Érotisme de vivre » offre ainsi une expérience poétique unique, invitant le public à plonger dans l’univers intime et touchant de la poète Alice Mendelson. Le spectacle se termine sur une note uniquement musicale de reprises d’un autre temps. Parmi celles-ci, on apprécie l’effort du jeu de scène lors de l’interprétation de Je me suis fait tout petit de Georges Brassens. Le public semble unanime dans son appréciation, et offre même une standing ovation à Catherine et Grégoire.