On le sait, on le sait, on commence à vous parler du OFF un peu tard (la semaine passée à la même heure que j’écris cette intro, Kouna faisait du bodysurfing sous un ciel menaçant). Voyez-vous, les choses ont bien changé depuis quelques années, notamment notre équipe de rédaction… plusieurs membres ont couvert le FEQ et le OFF en même temps, et une seule personne coordonnait la couverture des deux événements.
Heureusement, tout s’est bien passé, on a une belle gang qui s’est serré les coudes pour faire le plein de découvertes… et de retrouvailles. Même le boss est venu mettre la main à la pâte!
Sandrine Masse
Par Guillaume Pepin
L’autrice-compositrice-interprète Sandrine Masse avait le privilège d’ouvrir le Festival OFF cette année sur la désormais légendaire scène du Parvis St-Jean Baptiste. C’est sous un soleil doux et un vent suffisamment présent que l’artiste wendat établie à Montréal a fait découvrir ses jeunes compositions tirées de son EP « L’ours noir ». Avec beaucoup d’aisance, elle nous a porté dans un univers caressant aux sonorités indie et folk-rock. À travers des histoires parfois symboliques, souvent engagés, elle nous présente avec agilité son regard sur certaines réalités autochtones au Québec. Ses interventions personnelles pertinentes nous ont donné accès à une sage poésie et a un imaginaire auquel on adhère rapidement. Sans aucun doute, nous aurons la chance de la recroiser dans d’autres festivals au cours des prochaines années.
Baladeur
Par Guillaume Pepin
Groupe de Québec, Baladeur performait pour une de leurs premières fois sous ce nom (auparavant Lockwell), mais visiblement n’était pas à leurs premières armes. En quelques secondes, le parterre du parvis s’est rempli d’un public qui semblait déjà bien au fait des sonorités funk et pop dansante de la formation. Le chanteur Jasmin Normand incarne bien l’énergie du groupe par une présence active bien assumée tout en laissant briller ses musiciens. À souligner, le présence de Gawbé sur scène qui s’est permise d’interpréter une de ses compositions, Dans mes dents. Avec un premier album en préparation pour Baladeur, cette première incursion festive dans leurs nouvelles compositions augure très bien pour la suite.
Karma Glider
Par Guillaume Pepin
Après Baladeur, la formation montréalaise Karma Glider pouvait détonner avec une esthétique post-punk rigide mais d’une précision stupéfiante. D’entrée de jeu, la formation mené par Susil Sharma (ancien leader du groupe HEAT) aurait pu se retrouver en salle pour faire apprécier pleinement sa proposition. Venu présenter leur premier EP « Future Fiction » sorti le 7 Juillet dernier sur le label Mothland, le groupe n’a pu profiter de la foule venue pour Baladeur, celle-ci s’étant dispersée. Grande erreur de leur part, les fuyards ont manqué une superbe performance : attitude rock 90s, lignes de basse et riff de guitares bien sentis rappelant le post-punk revival mi-2000. Les membres du groupe, toujours hyper professionnel, ne se sont pas laissé abattre par la foule dégarnie, ils ont joué avec rigueur pour tous ceux qui appréciaient le moment.
Torrent
Par Karianne Martel
À 20 h, l’action se transporte à la Charpente des fauves. Torrent, un duo musical composé d’Anne-Marie Desmeules et Catherine Lefrançois, nous emporte dans un univers où la poésie s’entrelace avec la musique folk et des adaptations francophones de chansons populaires, le tout infusé de leur style distinctif. Parfois, Anne-Marie Desmeules prend le devant de la scène avec sa poésie ou son chant en solo, soutenus par les mélodies maniées par Catherine Lefrançois. À d’autres moments, les deux musiciennes fusionnent leurs talents, leurs voix et leurs instruments pour nous présenter d’autres morceaux. La complicité entre les deux est contagieuse. On sent qu’on fait partie de quelque chose. Entre deux regards complices, elles nous bercent avec leur mélodie. Entre deux regards complices, on sent l’envie de les accompagner en tapant du pied ou sur nos corps. Une expérience douce, intime, réconfortante par deux artistes qui nous ont permis de participer à leurs histoires, le temps d’une soirée. Pour les suivre, voici leur site web.
N NAO
Par Karianne Martel
À 21 h, toujours à la Charpente des Fauves, N’NAO nous fait plonger dans une expérience unique. Présentant leur dernier album, l’artiste interprète-compositrice Naomie de Lorimier et ses musiciens nous entraine dans un éventail de morceaux oscillant entre l’expérimental et l’acoustique. La force de la voix de Naomie, ses gestes, les jeux de lumière et les différents sons/musiques, crée un spectacle captivant, créant une sorte de captivité consentante. Nous n’avions pas le choix de nous laisser totalement submergé par les différentes ambiances éclectiques. Des pièces puissantes, enivrantes. C’est à bout de souffle que nous avons terminé le spectacle, un peu étourdi de l’expérience qu’on venait de vivre. Pour la prochaine fois, je me rappellerai ne pas oublier de respirer.
Narcisse
Par Jacques Boivin
Allô le OFF! Je te l’avais dit que je viendrais faire mon tour au moins une fois, question d’activer la passe que je me suis achetée! Et bien voilà, je suis là, pis j’ai couru en maudit de la haute-ville au Pantoum pour ne rien manquer. (Jacques, tu voulais juste être complètement en avant comme un hostie de groupie pis t’es arrivé avant l’ouverture des portes même si tu savais que le show allait commencer en retard. Dis la vérité.)
Ça fait une couple de fois qu’on voit Narcisse faire son show. Au fil des ans, on a vu toute l’évolution de Jorie et ses ami.es. Ses questionnements. Ses craintes. Ses ambitions. Ses revendications. Tout ça livré de façon de plus en plus théâtrale, avec des images qui se sont renforcées et une trame musicale qui a atteint une solidité qui n’a rien à envier à personne.
La basse de Michaël Lavoie mène la barque. Un groove indéniable, avec beaucoup de punch. Daniel Hains-Côté bat la mesure comme toujours, avec une précision métronomique sur laquelle nos pas de danse s’appuient. Pas mal plus efficace qu’un beat box, c’est clair. Au saxophone, Frédérique-Anne Desmarais vient nous attendrir, rendre encore plus jazz une musique qui s’en approche déjà beaucoup. Et y’a Jorie, tout vêtu de blanc, qui susurre ou qui crie, qui s’attendrit ou qui s’exclame, toujours au bon moment. Mené.es par Utopia, qui danse comme une déesse qui trouble quiconque ose la regarder droit dans ses yeux d’une profondeur abyssale (je suis passé si près de me transformer en statue de sel!), l’équipe de danseur.euses a mené le parterre du Pantoum vers un immense party qui se déroulait dans un décor de chambre à coucher, le refuge où tout est permis, même être soi-même.
Plus condensé, plus rythmé, avec encore moins de temps morts, ce show d’à peu près une heure a eu l’air d’avoir duré trois tounes. Peut-être est-ce l’émotion, peut-être est-ce le plaisir de me retrouver entouré d’une communauté qui me ressemblait pas mal plus que les ados sur les Plaines ou les métalleux au Parc de la Francophonie, même si la plupart des personnes sur place avait l’âge d’être mes kids (j’aurais d’ailleurs peut-être dû emmener ma plus jeune pis son chum), mais diable que ça a passé vite.
Et si c’était tout simplement parce que le show était bon, que les musicien.nes sont sur la coche, que les danseur.euses sont magnifiques et que le lead déborde de charisme? Et que les pièces de « La fin n’arrive jamais » sont parfaites pour la scène?
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