Festival d’été de Québec – 14 juillet 2023 (Place de l’Assemblée-Nationale)

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Pendant que mes camarades (et mes collègues des autres médias) s’entassaient serrés serrés dans le pit photo du Parc de la Francophonie afin d’avoir la chance de tirer un portrait de Thom Yorke et The Smile, votre pas très humble serviteur avait tout l’espace de la scène gratuite pour lui tout seul encore une fois.

Petite parenthèse avant de commencer le compte rendu, et on va en parler plus longuement dans notre bilan : s’il y a encore des gens qui pensent que notre petit média (probablement le plus petit qui soit accrédité au FEQ) n’a pas sa place dans le plus grand festival au Québec, la soirée d’hier montre tout le contraire encore une fois : nous sommes les seuls à vous parler de Dumas, de Bibi Club et de Demain Rapides!

Être un peu plus putaclics, on mettrait un gros « EXCLUSIF » dans notre titre (et ça serait totalement vrai).

Bon, on n’est pas là pour chialer ou se vanter, surtout qu’on a eu une maudite belle soirée, probablement notre plus belle de cette édition un peu weird du Festival d’été.

Demain Rapides

Premier artiste de la soirée, Demain Rapides, prix du jury des Inouïs du Printemps de Bourges, en a surpris plus d’un.e avec sa grande énergie et son charisme qui déborde de partout. Accompagné d’un DJ/beatmaker qui ne manque pas de chien lui non plus, le Français a dû évaporer quelques litres de sueur pendant sa prestation. Énergique, traversant la scène d’un bout à l’autre en bondissant comme un lapin qui se dirige à toute vitesse vers un champ de carottes bien mûres, l’artiste n’a donné aucun choix aux premiers fans de Dumas arrivés sur place : fallait bouger, fallait crier, fallait… danser. On s’est exécuté avec plaisir sur une musique qui avait l’effet d’une caisse de Guru et des textes qui sentaient l’asphalte qu’on brûle pour se rendre à la mer. Une belle surprise un brin électro, un brin spoken word, une proposition très originale pour commencer la soirée de belle façon.

Bibi Club

J’ai vu le duo Bibi Club à maintes reprises au cours de la dernière année, mais c’était toujours dans le cadre de vitrines d’une vingtaine de minutes. J’avais donc la chance de vivre ma première prestation complète d’Adèle Trottier-Rivard et Nicolas Basque (Plants and Animals), venu.es défendre les pièces du magnifique « Le soleil et la mer », paru à la fin de l’été dernier. La prestation a démarré en douceur avec Le balcon, mettant en vedette la voix très aérienne d’Adèle et le solide jeu de guitare de Nicolas. Les spectateurs qui ne connaissaient pas la paire ont dû croire un instant qu’on allait passer un long moment d’introspection, mais moi, je savais ce qui s’en venait : dès les premières notes de La nuit, les hanches se dégênent et la Place de l’Assemblée-Nationale devient une énorme piste de danse enfumée, celle qu’on voit dans nos rêves les plus doux, un endroit où on peut être à la fois heureux et mélancolique. Les mélodies planantes sur les rythmes langoureux de Bibi Club se sont avéré un plat de résistance parfait en attendant la vedette de la soirée.

Dumas

Salut Steve,

Ça fait un bout que je te suis d’assez loin. Comme bien du monde, j’avais vraiment trippé sur « Le cours des jours », l’album qui t’a lancé pour de bon. À l’époque, c’était pour la scène québécoise un petit vent de fraîcheur, un truc annonciateur de tout ce qui allait s’en venir dans les deux prochaines décennies. J’ai pas autant accroché sur le reste de ton répertoire, que je trouve tout de même TRÈS efficace, y’avait juste pas cet effet « wow » qu’on trouvait sur ton p’tit chef-d’oeuvre.

Mais j’t’ai vu quelques fois en show. Ici, au Festival d’été, je pense que c’est ma troisième fois. Mais je t’ai aussi vu t’énerver dans un dépanneur de Baie-Saint-Paul. Je sais que dès qu’on te met une guitare dans les mains, tu te transformes en une des plus belles bêtes de scène au Québec. Et si on te donne un aussi beau band que celui qui t’accompagnait hier, tu deviens aussi big que n’importe quel groupe britannique venu nous envahir.

Je dois te l’avouer, hier soir, tu m’as donné ma plus belle perfo de l’année au FEQ. Malgré cela, j’avais un pincement au coeur : je manquais Thom, Jonny et The Smile qui se produisaient à quelques mètres de toi. Je me console en me disant que toi aussi, t’aurais probablement préféré être là pour ce beau moment, mais ça n’a pas paru pantoute. T’étais comme tu l’es toujours sur scène : explosif, généreux, débordant d’enthousiasme et d’amour pour toutes les têtes qui commençaient à grisonner sur le parterre. Tes fans de la première heure étaient tous là, avec leurs enfants. Ah, y’avait aussi des fans de Pitbull dans la place. Ils n’ont pas pu entrer sur les Plaines, alors ils se sont rabattus sur toi.

Ça a donné une espèce de foule pas pire bigarrée, mais étonnamment respectueuse et bienveillante (les fans de Pitbull étaient faciles à spotter, ils ne récitaient pas les paroles de tes chansons, mais là je pense qu’ils vont aller t’ajouter sur Spotify).

Toi, sur scène, t’as joué l’intégrale du « Cours des jours ». Dans l’ordre. Dès les premières notes de la pièce-titre, je me suis replongé dans cette soirée de 2003 où j’ai mis ton disque dans le lecteur CD de mon ordi (juge-moi pas, à l’époque, j’avais pas de système de son digne de ce nom). Retrouver ces synthés ondoyants accompagner ta voix reconnaissable entre toutes, ça m’a crinqué.

Y’avait pas grand chose à remettre au goût du jour, hein? L’album a pris aucune ride. Ben oui, on voit bien que tout est un peu plus fort sur scène, t’étais quand même pas pour passer une heure les yeux fermés à nous faire planer, c’est pas du tout ta marque de commerce! Pas pour rien que dès Vénus, le public a vraiment commencé à se dégourdir!

T’aurais dû voir les mines déconfites des gens quand tu t’es mis à jouer Linoléum. Ils ne savaient pas que le show était loin de tirer à sa fin, qu’on allait faire briller la boule disco de mille feux et danser comme des petits fous sur tes plus grands succès pour terminer la soirée! D’ailleurs, tu pétais encore le feu à Miss Ecstasy, ta dernière toune.

Quelle générosité, quelle présence! J’apprends rien à personne, là, t’es tout le temps sur le 220 sur scène! Mais que tu réussisses à transformer une séance d’écoute de ton album le plus introspectif en gros party où il ne manquait que les confettis, ça, sérieux, ça m’épate.

J’aurai pas le choix, va falloir que j’aille te voir défendre tes nouvelles tounes le 15 mars prochain à l’Impérial Bell.

Merci de m’avoir fait complètement oublier que je manquais mon beau Thom d’amour pendant une heure et demie!

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