Les Nuits psychédéliques de Québec 2023, soir 3 (Densité spectrale) : du pas doux pantoute

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D’entrée de jeu, le mot – ou du moins le préfixe – qui décrit le mieux la musique de la soirée de clôture des Nuits Psychédéliques de Québec est « post ». Trois groupes post-rock, post-punk ou post-hardcore montaient sur la fameuse scène du Pantoum. Osumi, de Québec, Autre Part et Atsuko Chiba, ces deux derniers provenant de la métropole, se sont réunis pour une soirée sold-out post-psychédélique!

Osumi

Alors que le soleil brillait encore à l’extérieur, le premier groupe s’installe sur scène devant une foule qui tarde malheureusement à arriver. Osumi suit essentiellement la définition de « shoegaze », les membres ayant pour la majorité de la performance la tête baissée en regardant leurs pédales d’effet. Ça n’enlève pas pour autant l’appréciation qu’on peut en faire de la prestation du quinquet. « On est Osumi de Québec, on est un band assez récent, c’est notre trois ou quatrième show » dit le chanteur et guitariste Maxime Doyer. Pourtant, cette courte expérience n’est aucunement décelable, la plupart des musiciens ayant foulé précédemment les planches avec d’autres projets comme Solipsisme entre autres. Les trois guitares ensembles offrent une magnifique dissonance pour un son complètement enveloppant alors que les spectatrices et spectateurs ont une écoute curieuse et attentive. Ce sera définitivement un jeune groupe à surveiller dans le futur.

Autre Part

Ce n’est pas la soirée des petites chansons de deux minutes, la deuxième formation a sorti en mars un EP de deux pièces instrumentales d’une durée de 17 minutes. Autre Part débute d’ailleurs leur prestation par la première moitié de ce micro-album, soit la pièce Scarabé II. Le groupe post-punk, limite post-hardcore, nous offre un son très lourd avec la distorsion dans le tapis et des paroles, lorsqu’il y en a, criées avec émotion. Le groupe joue avec une telle puissance que le batteur Jérémie Loisel-Payette en brise sa caisse claire à mi-chemin du spectacle. « Est-ce qu’il y a quelqu’un qui a un snare? Venez-vous à des shows en apportant votre snare? » Pendant qu’on change de caisse claire, le groupe en profite pour nous offrir une version a capella de la chanson thème de Salut Bonjour, qui est d’une justesse étonnante. S’ils ont commencé par la première pièce de leur nouveau EP, ils terminent leur performance avec Bon Scott Walker la deuxième chanson de ce projet. Autre Part nous a servi une prestation particulièrement énergique avec les musiciens qui sautent partout sur scène et ça semble vraisemblablement avoir plu au public présent pour le premier spectacle du quatuor à Québec.

Atsuko Chiba

Je vais l’admettre d’emblée, l’album « Water, It Feels Like It’s Growing » d’Atsuko Chiba est un de mes albums préférés de l’année jusqu’à maintenant, j’avais donc encerclé cette date depuis un moment sur mon calendrier. Le spectacle fait d’ailleurs office de lancement pour l’album susmentionné, la majorité des chansons jouées sont tirées de cet opus. Les cinq musiciens se présentent dans l’obscurité à l’exception de magnifiques projections diffusées derrière eux qui sont réalisées par le batteur Anthony Piazza. Parlant de projection, mentionnons au passage le travail de Louis-Robert Bouchard qui, tout le long de la soirée, nous a proposé des images psychédéliques présentées sur le mur du Pantoum, le tout a été produit sans ordinateur, mais à l’aide, entre autres, d’une caméra VHS. La formation montréalaise nous offre un merveilleux son post-rock indéniablement expérimental avec des passages parfois calmes et mélodiques et d’autres moments beaucoup plus intenses et chaotiques, mais toujours avec un côté psychédélique.

Déjà la première chanson de leur spectacle Sunbath, qui sert aussi d’ouverture du disque, est un énorme crescendo d’émotions. Le groupe qui a multiplié les nominations au gala GAMIQ par le passé est en parfait contrôle de son matériel et nous fait vivre une expérience sensorielle extraordinaire où l’on tombe complètement hypnotisé par ce qui se passe sur scène. Une performance magistrale, une leçon de rock même, qui se termine par la chanson titre de l’album Water, It Feels Like It’s Growing une longue pièce de plus de sept minutes qui encapsule parfaitement l’essence du groupe, un début assez lent et mélodique alors que les 120 dernières secondes sont absolument intenses avec des gros synthétiseurs par-dessus la distorsion des guitares qui nous oblige à bouger la tête. Le talent du quinquet est indéniable et c’est clairement un groupe dont on n’entend pas assez parler alors que la musique proposée est d’une qualité exceptionnelle.

C’était une magnifique soirée de clôture pour Les Nuits Psychédéliques de Québec avec trois excellents groupes qui maîtrisent à merveille les sonorités post-rock de toutes sortes. On ne pouvait difficilement demander mieux pour ce dernier concert du festival qui nous donne déjà hâte à sa prochaine édition.

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