Les Nuits psychédéliques de Québec 2023, soir 2 (Miracle isosonique) : du moins doux

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Soir 2 : Miracle Isosonique

Ce vendredi, Adrien Le Toux et moi on est allés couvrir la deuxième soirée des Nuits Psychédéliques de Québec. Une soirée de sitars qu’on n’oubliera pas de si tôt.

Bénévole – Un accent rock de Québec

Bénévole, c’est un groupe rock alternatif, le seul francophone de la soirée, composé de Simon Choquette (Basse/Voix), Jean-François Breton (Guitare/Voix), Xavier Laprade (Batterie) et Symon Marcoux (Guitare). La formation vient de la ville de Québec, tout comme Winterglow, qui s’est produit hier au Pantoum aussi dans le cadre de ce festival.

C’est un rock très énergique que nous a livré le groupe. Pour le situer dans le paysage musical de ce soir-là, disons qu’on s’est baladés entre de la pop-punk à la Blink-182 au Noise-rock à la Metz. La recette est simple : des riffs de guitare rock minimaliste sur fond de distorsion mêlant des effets wah-wah ou fuzz. C’était très efficace.

Les boys nous ont livré un méchant trip sur la réverbération, avec de longs solos pendant une ballade rock en terre psychédélique. Durant le spectacle, les éclairages étaient synchronisés avec les mouvements et rythmes de chaque pièce. Cela amplifiait la sensation immersive, ce qui a apporté une grande plus-value au spectacle. On a même eu droit à une pièce rock-alternatif, avec une cloche omniprésente sur fond de guitare rythmique bien lourde et de guitare soliste, mixant distorsion et réverbération durant la chanson Immortel.

« On n’a pas d’album, on n’a pas de merch, passez le bouche à oreilles, c’est le meilleur moyen de nous encourager. D’ailleurs, on a une seule toune sur Bandcamp. »

Vous l’aurez compris, Bénévole c’est un groupe VRAIMENT émergent, peut-être même un peu trop pour certains. N’est-ce justement pas la beauté de la chose que d’avoir un éventail de formations, rock-stars ou recrues émergentes, qui se côtoient ?

Bhopal’s Flowers – Une expérience encensée

La première sensation de ce spectacle était olfactive. En effet, ça sentait l’encens avant même que les membres du groupe soient présents sur scène. C’était tout à fait indiqué pour installer une atmosphère cérémoniale, qui collait parfaitement au spectacle.

Bhopal’s Flowers, c’est Lionel Pezzano à la guitare, Blandine Pezzano-Miart aux chœurs et à la tambourine, Jonathan St Laurent à la basse et aux chœurs et Jeremy Thoma à la batterie, le tout accompagné de l’instrument phare de la soirée : le «saint » sitar. Celui-ci nous a d’ailleurs amenés dans les recoins des sonorités nord-indiennes tout au long de la soirée. On a été transportés aux confins d’un psychédélisme à la sauce pop : c’était planant et ça sonnait doux aux oreilles.

Même si le groupe s’exprimait en français lors des interludes, les chansons ont toutes été interprétées en anglais. Malgré cela, les douces voix de Lionel et Blandine nous ont fait vivre une expérience trippante, tel un voyage psychédélique sur les rives du Gange.

Au cours de la représentation, Lionel et sa bande ont interprété Byrd Of The Tree, morceau fortement inspiré de musique indienne sur fond des rythmes binaires et très percutants de la batterie. Le sitar a alors refait son apparition, après une pause de 2-3 chansons. De façon générale, l’instrument est très capricieux, et demande de multiples ajustements et réaccordages. L’attente en a valu la peine, et l’expérience n’en fut que plus intense et transcendantale.

Par la suite, ils ont joué leurs chansons, ou plutôt devrais-je dire râgas (Cadre mélodique signifiant attirance, couleur, teinte ou passion), à un rythme effréné, sans entracte ni temps morts. Le chanteur Lionel nous a expliqué que chaque râga est lié à un sentiment, une saison, un moment du jour. Apparemment, la formation aurait commis un sacrilège lors de l’interprétation de Hail To Her Sun ! : il aurait fallu qu’il soit 9h du matin pour la jouer. N’étant personnellement pas plus bouddhiste que le Pape, j’ai su faire abstraction du sacrilège, et je trouvais même que ça «rockait» la cabane: l’ambiance venait clairement de lever!

Il faisait maintenant très chaud au rez-de-chaussée du Pantoum et l’odeur de l’encens demeurait omniprésente.

« On détruit tout puis on s’en va, on va vous jouer un autre râga mais de la destruction cette fois-ci. »

La dernière chanson Ohm Namah Shivaya était très enivrante, elle aurait très bien pu apparaître sur la trame sonore d’un film fantaisiste comme Dune : c’était planant à souhait.

Elephant Stone – Une solide démonstration

Le temps d’un bon entracte, nous revoilà au RDC du Pantoum. C’est un Rishi Dhir nu pieds qui nous a livré une introduction intime et improvisée au sitar, seul sur scène, puis fût rejoint par le reste du groupe progressivement lors de cette introduction.

Le groupe est composé de Rishi Dhir (voix, guitare, basse et sitar), Miles Dupire-Gagnon (batterie), Jason Kent (chœurs et clavier) et Robbie MacArthur (guitare).

Dès les premières notes de l’ensemble, les sonorités vibrantes du sitar et des guitares nous ont transportés dans leur univers planant ; on a eu l’impression de vivre un rêve éveillé. Cependant, à plusieurs reprises, Rishi a troqué son sitar pour une basse, ou plutôt devrais-je dire l’expérimental pour le rock. Au même titre que Brian Jones ou Georges Harrison, Rishi Dihr légitimise le mariage entre le le rock psychédélique et le traditionnel.

Lors de Don’t You Know, la formation nous a livré une ballade très 70’s à la The Byrds, et on s’y croyait vraiment : j’ai eu l’impression de vivre un concert de l’époque. On peut même pousser la ressemblance un peu plus loin avec l’esthétisme du groupe, très inspirée de l’époque (le batteur ressemble d’ailleurs terriblement à Paul McCartney). De manière générale, les accords pop rock étaient très accrocheurs, et la plupart des morceaux se sont terminés sur de méchantes bonnes improvisations.

Ce soir-là, c’était aussi les 10 ans de leur album éponyme « Elephant Stone », et pour l’occasion on a eu droit au morceau très Britpop Setting Sun. Pour les personnes moins familières avec le groupe, disons qu’on est directement dans la veine de l’album « (What’s the Story) Morning Glory » d’Oasis, la chicane des frères Gallagher en moins.

Le groupe nous a ensuite annoncé qu’ils avaient enregistré une pièce en français, La fusée du chagrin, et ça a été un trip très énergique. Sur le moment, je me suis senti comme dans une course folle, où les solos de guitares surenchérissaient sur les rythmes endiablés de la batterie.

On notera que la foule était très contemplative tout le long du show, même quand vint le temps du hit Sally Go Round The Sun qui, il faut le dire, était un gros trip de sitar, accompagné d’improvisations puissantes du reste du groupe.

Ainsi s’est close cette soirée isosonique (qui, par définition, consiste à faire entendre aux gens des sons purs à différentes fréquences, et par incréments de 10 dB, en ajustant l’intensité du son jusqu’à ce qu’il soit perçus au même niveau sonore que celui en test). En bref, on a eu droit à une montée en puissance des performances des différents groupes, tout en ayant l’impression que la représentation formait un tout uniforme et bien dosé. Une belle réussite de la part de la programmation.

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