Vous ne pouviez pas savoir combien j’avais hâte à cette soirée avec Lou-Adriane Cassidy à l’Impérial Bell. J’avais passé la journée à n’entendre que des bons mots au sujet de sa « rentrée montréalaise » la veille dans un Club Soda où il faisait chaud.
Mais entendons-nous, la vraie rentrée, elle se passait à Québec le 14 avril dernier devant la famille, les amis et les fans qui suivent la jeune autrice-compositrice-interprète depuis ses débuts.
On fait partie de cette catégorie, comme en témoigne notre couverture de cette autrice-compositrice-interprète de grand talent :
« Lou-Adrianne Cassidy, personnalité exubérante, pleine de confiance en elle, est arrivée très à l’aise sur scène, faisant des blagues avant de nous en mettre plein la vue avec deux compositions de très haut niveau. » – Louis-Solem Pérot, 20 juin 2017
« Nous avons tout intérêt à suivre attentivement la carrière de la jeune chanteuse. » -Louis-Solem Pérot, 13 juillet 2017
« […] malgré son jeune âge, la musique coule dans ses veines. De jolies compositions, de belles envolées, D’une simplicité désarmante, la prestation n’en a pas moins été accrocheuse. Comme le petit verre de mimosa qui commence tout bon brunch. » -Jacques Boivin, 22 juillet 2017
« Qu’est-ce qui la distingue de toutes les voix que l’on peut entendre à la radio? À mon avis, c’est la sensibilité à fleur de peau que l’on retrouve dans ses paroles. C’est aussi cette voix chaude et soul qui la caractérisent. » -Marie-Ève Duchesne, 14 décembre 2017
« Lou-Adriane Cassidy a le vent dans les voiles, et c’est tant mieux. L’avenir nous dira assez vite si elle sait tirer son épingle du jeu. » -Marie-Ève Duchesne, 18 janvier 2018
« On a vu Lou-Adriane prendre de l’assurance et de la prestance pendant tout ce temps, et jeudi, on a vu la jeune femme qui s’est rendue en finale des Francouvertes : à l’aise devant un public nombreux et varié (et pas nécessairement venu pour l’entendre). » -Jacques Boivin, 17 mai 2018
« Un vrai diamant brut qui se raffine devant nos yeux. » -Jacques Boivin, 2 juillet 2018
« Le public a visiblement aimé (de deux manières : en tendant l’oreille et en donnant du love à chacune des propositions de Cassidy). » -Jacques Boivin, 7 juillet 2018
« Un album rempli de finesse, de nuances, d’émotions exprimées sans crier « REGARDEZ-MOI, J’EXISTE! ». Des textes d’une grande maturité, des mélodies accrocheuses, des arrangements soignés. » -Jacques Boivin, 2 février 2019
« J’aurais voulu arrêter le temps, appuyer sur la touche répétition, puis réécouter (et revoir) Lou-Adriane et ses boys jouer cette chanson sans cesse, pour toujours. » -Jacques Boivin, 19 février 2019
« Lorsque Lou-Adriane nous a demandé si l’on était down à suivre sa vibe, il était clair de par la réponse du public dans la salle, qu’on était down à la suivre pour bien longtemps! » -Karoline Boucher, 3 avril 2019
« On s’est laissé bercer par les magnifiques chansons de C’est la fin du monde à tous les jours, tsé, l’album qui montre qu’à 22 ans, Lou-Adriane a déjà plus de maturité musicalement parlant que ben du monde qui a le double de son âge. » -Jacques Boivin, 1er septembre 2019
« Une chose est sûre, à voir évoluer la jeune femme, la suite ne peut qu’être prometteuse. » -Noémie Rocque, 25 septembre 2020
« On sent à chacune des 24 minutes de l’album que c’est celui que Cassidy voulait faire, et elle va pouvoir le porter bien haut partout où elle va passer. » -Jacques Boivin, 5 novembre 2021
« Une œuvre décomplexée, droit au but, qui n’hésite pas à passer du glockenspiel et du cowbell aux influences garage pour vous faire vivre l’ivresse de l’amour charnel. » -Marie-Ève Fortier, 24 novembre 2021
« Le combo Entre mes jambes et Le corps en mouvement, au milieu de l’album, montre que ce diamant brut est de plus en plus poli. Ça brille de mille feux, ce disque-là. » -Jacques Boivin, 17 décembre 2021
« Si l’album Lou-Adriane Cassidy vous dit : Bonsoir présente un rock assez groundé, sur scène tout explose! Une surprise n’attend pas l’autre et on en beurre épais et ça paye. » -Noémie Rocque, 1er juillet 2022
« Les cœurs de la foule étaient pendus à sa voix, ses mots, ses lèvres – en tous cas, moi j’étais étranglée de sentiment, je n’ai même pas pu chanter avec elle. » -Florence BG, 13 juillet 2022
« Les cheveux dans le visage et l’énergie dans le piton, de l’authenticité et de l’assurance à revendre, on en prendrait toute la journée, de la Lou-Ad sur une scène enchanteresse comme celle-là. » -Vincent Thibault, 22 juillet 2022
Vous sentez l’évolution dans notre propos?
Anatole
On n’a pas eu à chercher bien loin pour trouver une première partie de choix, puisqu’on a confié la (pas si) lourde tâche de mettre le public dans l’ambiance à Anatole, l’alter-ego aux personnalités multiples d’Alexandre Martel. Tout doucement, avec Jean-Michel Letendre-Veilleux, il se présente et demande aux spectateurs sur place de bien tendres les oreilles parce que le son sera pas fort.
À ma grande surprise, silence total! Faut dire qu’avec Toune 5, qui est probablement la pièce la plus calme de l’album « Alexandre Martel », on n’a pas eu trop le choix. Quand on a passé les deux dernières soirées avec July Talk et P’tit Belliveau, cette tranquillité est salutaire.
L’ancien squelette dandy a vraiment mis la foule massée au parterre dans sa petite poche. Du haut de mon perchoir, les seules autres voix que j’entendais, c’étaient celles, étouffées, du vestiaire. C’est comme si on avait mis la crowd du Pantoum (celle du haut, du moins) à l’Impérial Bell! On se sentait particulièrement bien, safe, heureux. À l’avant, pendant Toune 10, quelques fans se balancent doucement les bras.
Quand Martel mentionne les « titres » de ses pièces, le monde rit un peu. On voit qu’ils ont pas encore écouté l’album, mais on pense qu’ils ne tarderont pas à le faire…
Cette formule duo fonctionne à merveille, même dans une grande salle en admission générale. Est-ce la présence d’Alexandre, qui est pourtant assis tranquille? Son professionnalisme, lui qui en a vu d’autres (on se rappellera son passage à Expo-Québec avec Mauves en première partie de… Kaïn)? En tout cas, ça a bien marché, et juste au moment où on sentait que la foule commençait à être fébrile, il est passé aux pièces plus entraînantes comme Toune 2, et surtout ma préférée, l’ensoleillée Toune 6, pendant laquelle le monde s’est mis à taper des mains.
C’était parfait!
Lou-Adriane Cassidy
Les lumières de la salle s’éteignent, la foule réagit comme si Lou-Adriane était Lady Gaga au Centre Bell et applaudit à tout rompre. Les musiciens (Pierre-Emmanuel Beaudoin à la batterie et au bomber jacket sans manches, Vincent Gagnon aux claviers et au coton ouaté trop grand, Thierry Larose à la guitare et au poncho et Alexandre Martel à la basse et au trench coat) font leur entrée et se lancent doucement.
Lorsque j’ai fait la critique de l’album, j’ai écrit ceci : « En tout cas, on va savoir que le show est fini quand on va entendre Bonsoir live (checke ben Boivin, elle va la mettre au début du programme)! »
ÉVIDEMMENT, le spectacle a débuté par Bonsoir, une toune feutrée et jazzée qui nous ramène à l’époque des cabarets. Sobrement vêtue, Lou-Adriane charme tout le monde avec sa voix chaude et quelques sourires complices. Tranquillement, la pièce évolue et nous plonge au milieu des années 1970, quand la chanson pop empruntait au prog.
Vous pensiez passer une soirée tranquille? On a une petite surprise pour vous : Dès la deuxième pièce, la très rock J’espère encore que quelque part l’attente s’arrête, qui ouvre « Lou-Adriane Cassidy vous dit : Bonsoir », on a l’impression que quelqu’un a ouvert la porte du cachot et que la bête (de scène) a été libérée.
Vous l’avez vu plus haut, y’a comme une évolution entre la jeune femme réservée (mais enjouée) qu’on a connue à ses débuts et l’artiste vibrante et colorée d’aujourd’hui. Elle se penche, regarde les spectateurs de la première rangée, sautille, tape des mains en suivant le beat, on essaie de la suivre et on se dit « Fuck that! M’a faire comme elle pis tripper ma vie! » Dans mes notes, j’ai écrit que Lou-Adriane ne bouge pas, qu’elle coulait. Yep, c’était fluide de même.
Au parterre, le public danse avec énergie, tellement que je me demande si je ne verrai pas un deuxième moshpit en 24 heures.
Après une Je suis arrivée où Thierry Larose se lâche lousse à la guitare (qu’il manie fort bien, d’ailleurs), Cassidy fait un petit tour dans son premier album en offrant tout d’abord une version chavirante de La fin du monde à tous les jours. J’ai pleuré, et ça n’allait pas être la dernière fois de la soirée. D’autres « vieilles » chansons ont aussi eu droit à un petit dépoussiérage, notamment Poussière, qui prend une tournure western (faut dire qu’avec Poncho Larose à la guitoune, ça aide).
Je descends de mon perchoir prendre le pouls du public. Je reconnais de nombreux visages, on se serait vraiment cru au Pantoum en haut, dans le temps où la petite salle était encore un secret (pas si) bien gardé. Ça se déhanche doucement sur Oui le serpent nous guette, et on est hypnotisés par Lou-Adriane quand elle sort sa version psych mollo de Petite mort et sa relecture un brin schizo de Ce qu’il reste.
Il se passe quelque chose ici ce soir. Une communion comme on en a rarement vu. On oublie presque que la jeune femme sur la scène n’a que 25 ans tellement elle semble en pleine possession de tous ses moyens. Elle a la foule dans le creux de sa main, on ferait tout ce qu’elle nous demanderait drette là sans poser de question.
Après nous avoir offert une La pluie ne tombe jamais sur toi pleine d’énergie, Cassidy vient m’extraire quelques larmes de plus avec Le corps en mouvement, cette pièce de Stéphane Lafleur (Avec pas d’casque) qui va comme un gant à la jeune femme, qui en profite pour nous montrer toute l’étendue de sa voix. Puis vient Entre mes jambes, où Cassidy se met à nu (presque littéralement, il ne lui reste plus que ses sous-vêtements). Une image forte pour cette chanson aux airs tragico-épiques, encore plus efficace sur scène que sur disque.
On regarde notre montre, ça fait presque une heure que Lou-Adriane joue. Ça sent malheureusement la fin parce qu’on est passé à travers presque tout son excellent matériel. On espère des surprises, des reprises, quelque chose pour nous garder là plus longtemps…
… la scène se vide, il ne reste plus que Cassidy et Larose. Bon, on va avoir droit à une petite toune mollo, on dirait.
Ben non, toé, vlà Ariane Roy qui débarque dans toute sa splendeur, et nous voilà devant le Roy, la Rose et le Lou(p)! On nous annonce en grande primeur que le trio va reprendre ce spectacle unique dans une tournée qui va les mener un peu partout, dont au Petit-Champlain le 11 novembre (les billets sont en vente dès aujourd’hui), et on se lance dans une reprise fort efficace de Tomber à l’eau d’Annie Villeneuve.
Ariane quitte, on a droit à un duo doux pour Ça va, ça va, qui n’est plus LE hit de Lou-Adriane (parce qu’elle en a maintenant plein d’autres). Et le programme principal se termine avec une Réponds ludique qui permet à tout le monde dans la salle de chanter en choeur à coups de « na na na na na la la la la ».
Et ça se termine comme cette soirée a commencé : dans un silence religieux, à écouter Lou et Martel, qui chantent tout doucement du haut du petit balcon.
Un retour à la maison parfaitement réussi. Un sans faute qui nous montre tout le chemin parcouru par cette jeune artiste talentueuse depuis ses débuts timides. Sur scène, Lou-Adriane Cassidy est comme un poisson dans l’eau, un ours polaire sur la banquise, un raton laveur dans les poubelles d’un Tim Hortons. Une jeune femme qui crie sa féminité, la montre sans aucune gêne, un modèle pour les nombreuses jeunes personnes qui composaient la majorité du parterre. Être soi-même, avec ses ami.es, faire ce qu’on aime, aimer ce qu’on fait.
Oui, elle est bien appuyée par une bande de musiciens chevronnés capables de s’adapter à n’importe quelle situation. D’ailleurs, chapeau aux boys qui rendent l’univers musical de Cassidy encore plus grandiose que sur disque. Chapeau aussi à Alexandre Martel, qui signe une mise en scène qui ressemble à ses réalisations d’albums : on sent sa direction, mais on sent surtout le projecteur qu’il met sur l’artiste avec qui il travaille, la liberté qu’il permet à celui ou à celle-ci de trouver dans son projet. Et ce n’est pas plus facile quand il s’agit d’une personne que tu côtoies tous les jours, loin de là!
Dire que ça ne fait que commencer…
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