Une pêche à l’émergence miraculeuse, on chasse pareil!

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Samedi 25 mars je me suis rendu au 3e étage du Pantoum (Oui encore, je suis coupable!) pour aller voir les formations Sandra Contour (alias Sandra Boulanger au chant/guitare et Pierre-Antoine Tanguay au chant et à la contre-basse) puis Douance (Alexandrine Rodrigue, accompagnée d’Agathe Dupéré à la basse, de Raphaël Léveillé à la batterie, de Julie Doiron à la voix et Mélanie Venditti aux claviers).

Sans détour avec Sandra Contour

Ambiance tamisée mauve et décontractée, le temps de s’accorder, Sandra lance : « y’a tu quelqu’un qui a une joke à dire? » Le public participe, le dialogue avec la chanteuse est lancé.

Le groupe nous présente leur première pièce J’avais pas mon téléphone. Dès les premières notes l’émotion s’installe, j’en ai la chair de poulet et j’ai le sentiment que je n’étais pas le seul dans la salle. La chanson parle du regret de l’être cher, de ne pas avoir de photos des moments qui comptent. C’est comme si tout ce bonheur n’existait pas s’il n’était pas immortalisé. Une critique poignante de notre société matérialiste magnifiquement accompagnée des arpèges de Sandra et du pizzicato de Pierre-Antoine.

S’ensuit la chanson La maison est de travers. Toujours dans la même lignée, on sent encore que l’émotion est palpable. Cette ballade envoutante nous est livrée avec une véritable sensibilité et vulnérabilité.

Le groupe présente ensuite les morceaux Les avions de papier, portant sur la difficulté à entrer en relation avec l’être cher tel un avion de papier qui fait face au vent, puis Bienheureux sont les ignorants, remise en question sur le faire ou ne pas faire d’enfant et le cynisme d’une vie post-apocalyptique. La chanson finit d’ailleurs par « Qui est ce qui écrira les pages pour la suite du monde? »

La prochaine chanson m’interpelle, et pour cause, elle s’appelle Onégile. Encore une chanson toute en arpèges, très en suspens et envoûtante avec même un petit boutte prog. Histoire d’un vieux bonhomme de fond de rang sympathique.

Elle nous fait ensuite pousser la chanson sur fond de « lala lala » durant le morceau Chanson pas trop engagée. Détrompez-vous toutefois, sous ses airs légers le morceau nous présente un humour cynique irrévérencieux a en faire grincer les dents des plus progressistes d’entre nous. C’était parfait!

À la fin de la chanson Où est passé mon contour, elle nous confie qu’un EP ou album va paraître très bientôt. N’ayant pas de format physique de sorti, la merch du groupe, d’une logique imparable, est en fait des morceaux de draps contours

S’enchaîne une chanson co-écrite avec Jérôme 50 (non présent ce soir-là) parlant de son chat : La folle au(x) chat(s) de Baie st poêle. Chanson à rimes digne de Brassens à saveur locale (québécoise) qui se termine avec un solo de « miaou » (cris de chats) où chacun s’y donne à cœur joie!

Le morceau Rêver c’est pour les autres nous offre ensuite une critique de la société très terre à terre qui préfère être fatiguée à que rêver.

Enfin, la prestation se conclut sur une note humoristique et expérimentale avec J’ai pas de visite. Parlant à travers son téléphone sur les rythmes déconstruits de la contrebasse, l’humour décalé de Sandra fait mouche.

La puissance de Douance

C’est dans une toute autre ambiance qu’entre en scène Douance avec une intro sur la grosse distorsion.

Moi c’est Douance pis on s’en vient câlisser les nouvelles tounes

Très honnêtement, je ne m’attendais pas à recevoir une si grosse claque dans la face. On est à la fois surpris par l’intensité du jeu des musicien.nes et par les mélodies très élaborées.

La formation nous présente de nouveaux morceaux tels que Psycho pop qui sort du schéma déconstruit habituel du groupe avec une structure plus typique « couplet-refrain » ou encore Si je te disais avec des airs de percussions orientales sur fond de riffs de guitare sur la reverb. On se retrouve finalement dans un milieu grunge garage des années 1990, avec des tremolos à la Surfer Rosa des Pixies.

S’ensuit une ballade marquée par les « slides » à la guitare d’Alexandrine intitulée Je sais pas. Le groupe démontre sa polyvalence avec des rythmes jazzy à la batterie et des synthétiseurs jouant des mélodies à l’eau de rose : difficile de ne pas tomber sous le charme. Parlant de polyvalence, le groupe explore un côté un peu plus sombre avec Planodie ou l’on va chercher les sonorités plus lourdes et grunge.

On continue la démonstration dans un autre registre, rythme downtempo sur la distorsion. C’est au tour de la pièce Monstre de nous amener dans un univers aux rythmes tranchés au couteau dans une ambiance des plus obscure qui va finalement exploser sous les rythmes de synthétiseurs. Une performance instrumentale que je ne suis pas prêt d’oublier. Fait notable : leur nouvelle chanson Je ne suis plus un monstre, en réponse à cette dernière pièce, offre un contraste des plus déconcertants dans une ambiance plus intimiste mais toute en puissance et intensité.

Sur fond de psychédélisme avec des guitares étouffées, la formation dévoile Toé t’en penses kwé? Elle nous présente un morceau rock au rythme déconstruit avec une trame quand même très solide. À mon humble avis, ça serait clairement LA toune du prochain album.

La soirée se termine par Tu vas finir par te tuer qui sonne comme une tonne de briques comme dirait Offenbach. C’est exquis avec une version expérimentale des plus intenses à la guitare et à la voix. Un méchant trip final qui nous laisse un goût de reviens-y.

En rappel, Pierre-Antoine Tanguay remonte sur scène pour interpréter un morceau de Chassepareil, une surprise auquel lui-même ne s’attendait pas. Il nous livre avec la chanteuse Alexandrine Rodrigue une version touchante et minimaliste en instruments et paroles (d’ailleurs soufflées à Pierre Alexandre par Alexandrine) de Berceuse pour les oiseaux d’hiver. Ce qui clôt un spectacle riche en textes et émotions devant un public contemplatif, très réceptif en symbiose avec la vibe que les artistes nous ont présenté.

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