Ça faisait presque six mois!
Quand je me suis assis à ma table sur la grande scène de la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec, je me suis pincé. Était-ce un rêve ou me trouvais-je vraiment, réellement, legit dans une salle de spectacle, à quelques minutes d’un show d’un band que j’aime beaucoup, entouré d’à peu près 200 autres mélomanes de tout acabit, toutes tranches d’âge confondues, de Limoilou (surtout) et d’ailleurs (un peu).
Ben non, tout ça est bien réel, dans quelques instants, The Blaze Velluto Collection va monter sur scène. Bien sûr, on va entendre des vieilles tounes tirées du premier album (l’excellent Weatherman), y va y en avoir au moins une nouvelle qui aura pas de titre, mais surtout, on va se gâter avec de nombreux morceaux de l’incroyable We Are Sunshine (pas mal l’album le plus populaire de 2020 parmi les membres de l’équipe).
On était tellement contents d’être là qu’on a collectivement dû beaucoup se forcer pour ne pas applaudir le message qui nous donne les consignes au début de chaque show. Ça vous donne une idée de cette étrange électricité qui régnait dans l’immense salle que j’aime de plus en plus voir à l’envers.
L’arrivée de Blaze Velluto (guitare, voix), Little Miss Roy (choeurs, percussions), Guillaume Chiasson (basse, choeurs), Jean-Etienne Collin Marcoux (batterie, choeurs) et Sheenah Ko (claviers, choeurs) a bien entendu été chaudement applaudie. Le quintette s’est immédiatement lancé dans le diptyque Fish Mountain, sa première partie toute atmosphérique, sa deuxième sentant le Texas et le roots rock de road trip avec ses délicieuses harmonies vocales. Même pas cinq minutes de passées, pis on est déjà à la limite de l’acceptable dans nos mouvements de bassin sur nos chaises.
La cohésion du groupe est excellente, surtout quand on pense que les occasions de jouer ensemble ont été plutôt rares. Même la « p’tite nouvelle », Sheenah Ko (qui est de plus en plus aux claviers ce que Jean Etienne Collin-Marcoux est à la batterie : omniprésente, pour le plus grand bonheur de tous), était parfaitement dans son élément.
Comme on le disait, le groupe ne s’est pas contenté de jouer ses nouvelles pièces, et c’est avec un bonheur renouvelé qu’on a pu entendre les Morning Dew et Weatherman en version juste assez dépoussiérée pour fitter avec le nouveau matériel sans perdre le charme des premières écoutes. On peut tout de même constater tout le chemin parcouru entre les deux records. L’univers sonore de Blaze Velluto est beaucoup mieux défini, ce qui lui a permis d’avoir une base solide à partir de laquelle il a pu se permettre de nouvelles explorations.
La force de The Blaze Velluto Collection, c’est sa capacité de passer de la petite chansonnette attachante à la grosse toune génératrice d’émotions; comme ça, en un claquement de doigts, on passe de la folle envie de danser avec Mathilda aux frissons de Love You Black. C’est fort, très fort, ça permet de faire travailler plusieurs parties de nos boîtes crâniennes, on ressort de notre soirée d’autant plus satisfait.
On a aussi eu droit à la combinaison 1-2 la plus punchée en ville avec The Rabbit Song et Kangaroo, deux chansons très animalières où on a eu beaucoup trop envie de se lever pour danser. À l’avant, plusieurs ont contourné le problème en se faisant simplement aller les bras au ciel. Au lieu de travailler nos bassins, nous voilà en train de renforcir nos biceps!
Visuellement, je sais pas si on vous l’a déjà dit, mais cette idée de nous installer sur la scène pendant que le groupe défend ses tounes sur une scène montée sur la corbeille est une des meilleures idées du GTQ (on l’avait déjà vue en application avec Sara Dufour). Bon, bien entendu, j’imagine que nos amis de la grande salle préféreraient voir des culs assis dans les confortables fauteuils de Louis-Fréchette, mais faute de pouvoir le faire sans avoir l’air ridiculement vide, l’idée de nous placer en formule cabaret et de se servir de tout cet espace vide comme dispositif scénique sur lequel on joue avec les éclairages et projette des images relève du génie. Ça ajoute une dimension, une profondeur qu’on ne peut pas trouver ailleurs, sans qu’on perde cette intimité qui nous est si chère. Le band est proche, mais derrière lui, il y a tout cet espace qui nous donne l’impression qu’il est encore plus près.
Cette idée-là, faudrait la garder pour certains shows une fois les restrictions levées.
On a fini ça en beauté, entre autres, avec une nouvelle toune qui ajoute 14 couches de soul à toutes les textures qui nous sont déjà familières. Si c’est la direction que Blaze prend, le prochain album risque d’être le préféré de TOUTE notre gang. Puis, deux « classiques » du répertoire : We’re Gonna Take You Out et M. Coyote. Difficile de faire mieux pour finir un show avec un gros sourire.
À la fin du show, on s’est tous levés pour applaudir. Soyons honnêtes : le groupe méritait pleinement cette ovation debout pleine d’enthousiasme, mais on se serait levé plus lentement si ça n’avait pas été notre premier show en six mois. Y’avait aussi pas mal d’amour pour le Grand Théâtre qui nous a booké ce beau moment.
Et c’est comme ça qu’à 20 h 15, à une heure à laquelle 95 % des shows ne seraient pas commencés en temps normal, on est sorti du Grand Théâtre, le sourire aux lèvres, le coeur bien au chaud, rempli du plaisir associé à la grande communion à laquelle on aime tant participer. Avec plein de temps pour se remettre de nos émotions!
On l’oubliera pas de sitôt, celle-là!