ENTREVUE | Un nouveau clip kitsch et élégant pour Gaspard Eden

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C’est en ces temps pluvieux et mélancolique, dix jours après avoir sorti son simple Baby Black Hole, que Gaspard Eden a décidé de sortir le vidéoclip de la toune en question. En attendant le premier album, qui sera officiellement distribué sur toutes les plateformes à partir du 13 novembre prochain, Gaspard Eden lui-même, Xavier Bélanger-Dorval et Dragos Chiriac nous font patienter en nous offrant un clip rêveur et éclectique mettant en scène une femme mystérieuse qui me rappelle étrangement la dame de cœur d’Alice au pays des merveilles. Des close-ups sur des yeux bleus, un astronaute, le Cantina Band sur les psychédéliques; le clip est complètement disjoncté et nous offre des images élégantes et colorées tout droit sorties d’un rêve théâtral.

J’ai eu la chance d’interviewer Gaspard Eden (co-réalisateur, compositeur et interprète) et Xavier Bélanger-Dorval (co-réalisateur et directeur artistique) pour parler du vidéoclip.

A : Alors Gaspard! T’es à Québec présentement right? Comment ça se passe la vie culturelle?

G : Ben tsé, je te dirais que c’est la même chose depuis plusieurs mois. Cet été y’a eu un espèce de moment où est-ce qu’on a vu la lumière du jour avec une couple de spectacles organisés par le Grand Théâtre et le Festival OFF. Pour ma part, je fais pas mal toujours le même parcours. Je vais prendre un café à la Société des loisirs pis sinon je me ramasse au Pantoum et je travaille dans le studio.

A : T’as sorti beaucoup de clips et de singles dans les derniers mois, y’a tu une raison pour laquelle t’as choisi cette approche-là avant de sortir ton album?

G : Ben, c’était même pas nécessairement une tactique en vue du virus, c’était ça qu’on voulait faire depuis le début. Sortir des singles, travailler l’image et l’univers de chacun de ces singles-là. Je trouve qu’en 2020, que tu sortes un album ou un single, ça peut quasiment avoir la même retombée, alors on voulait prendre notre temps sans presser les choses.

A : Ouais, parce que là, y’a le clip de Baby Black Hole qui est sorti. J’ai remarqué que tu travailles souvent avec différentes personnes pour chacun de tes vidéos, est-ce que c’est la première fois que tu travaillais avec Xavier et Dragos?

G : Non. En fait, Xavier était-là sur mon premier clip en tant qu’assistant et Dragos a fait une partie de l’editing sur le clip de Pancakes.

A : Et toi, Xavier, comment tu t’es ramassé à travailler comme coréalisateur et directeur artistique sur le projet de Baby Black Hole?

X : Ben, je t’avoue que mon rôle c’était plus la DA. J’ai coréalisé, mais c’est vraiment Gaspard qui avait les grandes idées. On a jasé de tout ça, Gaspard avait besoin de faire des clips, puis y’était un peu dans l’urgence et on s’est mis à brainstormer des idées ensemble. C’était assez simple en fait, on a juste discuté des idées et on a planché tout de suite. On était quand même sur la même longueur d’onde; ça s’est très bien passé.

A : Pourquoi tu dis que Gaspard était dans l’urgence?

X : Le projet était pas exactement rushé comme dit, c’était juste les deadlines habituelles pour le peu que j’en connais. Tsé, on parle pas d’une pré-prod de plusieurs mois, c’est plus dans ce sens-là que je dis qu’on était un peu rushé. Gaspard devait sortir des clips et cette urgence-là nous a fait prendre de bonnes décisions.

G : On n’avait pas un budget infini non plus. Ce qui est vraiment hot, c’est ce que Xavier a réussi à faire avec le temps qu’on avait.

A : Parlons du vidéoclip. Y’a des astronautes, des extra-terrestres, comment est-ce que ces idées-là sont arrivées?

G : Ben l’idée initiale c’était moi et ma blonde en train de danser sur Black Hole. Au départ, je voulais faire quelque chose de low-budget avec soit une 8mm, soit une 16mm, puis que ce soit un plan fixe pour éviter de me casser trop le bicycle. La chanson a une connotation un peu sci-fi et un peu dorky. Je parle de trous noirs, de Stephen Hawking, puis de trucs très second degré. Honnêtement, si Xavier n’avait pas été dans le décor puis qu’on n’avait pas été se baigner pour parler de tout ça, je sais même pas si y’aurait eu un clip. Dans le fond, je lui ai dit « me semble que ça serait drôle de faire un vidéo où est-ce que ma blonde danse sur la toune. Étant donné que je parle un peu de science-fiction, ça serait peut-être bon d’avoir un décor un peu plus kitsch, sci-fi, un peu  »années 70 » ». Le lendemain matin, Xavier m’appelait déjà pour prendre les mensurations pour le costume d’Ariane.

X : Gaspard m’avait nommé des influences. Y’aimait beaucoup Oskar Schlemmer et le ballet Bauhaus. On aimait aussi les films de science-fiction japonais des années 70. J’ai pris ces éléments-là et j’ai essayé de les concilier dans le même univers. Gaspard avait vraiment des images fortes, des plans très fort pour la réalisation. Ce que je trouve intéressant dans le clip, c’est que la DA a beaucoup influencé le scénario, alors que normalement c’est l’inverse. On voulait un costume qui s’inspirait du Balais Bauhaus, mais qui avait aussi une certaine signature contemporaine. J’ai aussi eu l’aide d’une scénographe, Linda Brunelle, qui est une scénographe exceptionnelle, pour la conception du costume. Puis c’est ça, Gaspard et moi on s’est vite entendus sur une idée générale du costume puis de l’ambiance globale de la DA.

G : On a planché un genre de story-board. On n’est pas arrivé là sans rien non plus. On avait quand même beaucoup de matière avec laquelle travailler. Quand on est arrivés sur le plateau, on était vraiment dans une zone où est-ce qu’on avait du fun. Y’avait du monde costumé, y’avait un décor assez spécial, ça a créé une espèce d’ambiance où est-ce qu’on était tous en mode création, tous un peu stimulé par l’environnement.

A : Intéressant. Normalement, au cinéma, la DA est souvent plus contrôlée selon les scènes ou même selon les plans, alors que dans le clip, la direction artistique est bien plus théâtrale. La mise en scène était claire et large. Y’avais-tu beaucoup d’improvisation?

G : Ben, les plans qu’on voit étaient déjà pensés. Mais c’est sûr que y’a beaucoup d’impro. Ariane, la danseuse, n’avait pas de chorégraphie de préfaite pour le clip. Puis étant donné qu’on shootait avec une 16mm, ça aurait pu être une catastrophe aussi. Y’avait plein de scènes qu’on savait pas comment ça allait tourner en post-prod. On savait pas si on venait de pitcher une fortune de cash en film à la vidange. Ça fait partie du danger, ça fait partie du thrill de shooter avec du film.

X : Ce qu’on a découvert en brainstormant pour le clip, c’était qu’on voulait quelque chose de très organique. Je pense que le format 16mm a vraiment donné un coup de pouce pour ça. Y’a des moments dans le clip où on voit que le backdrop est attaché tsé, alors je pense que le film était le médium parfait pour traduire cette idée en image.

G : La 16mm camouffle un peu le manque de budget qu’on a eu à certains moments. Tu vas shooter ton chien jouer dans ton salon avec du film puis ça va être super beau. L’esthétique du 16mm agit comme une colle sur l’image. Tsé, tu reçois ton film et on dirait que t’as pas nécessairement besoin de faire de la coloration ou quoi que ce soit.

A : Va-t-il avoir d’autres clips ou d’autres projets, des shows, peut-être, concernant l’album?

G : Oui, c’est clair qu’on travaille là-dessus. Je vais pas sortir mon album sans continuer à sortir du contenu en parallèle. Pour moi, c’est un plaisir de faire ça, de penser à ça, de travailler sur différents univers. Xavier et moi avons un projet de vidéoclip qui s’en vient pour un autre titre de l’album.

A : Vous êtes rendu en pré-prod? En prod? En post-prod?

X : En pré-pré-prod!

Le premier et nouvel album Soft Power de Gaspard Eden sortira le 13 novembre prochain. Pour patienter, vous trouverez ci-dessous quatre vidéoclips à écouter. Chacune des pistes se retrouveront sur l’album en question.

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