La place des fxmmes, Narcisse

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Cette chronique met en lumière les fxmmes que l’on croise à travers les scènes locales. 

Il suffit de se promener dans les spectacles et les festivals pour se rendre compte que la parité homme-femme s’atteint doucement. Que celles-ci soient techniciennes, artistes, journalistes ou agentes, ces fxmmes représentent une évolution notable et positive dans l’industrie musicale d’aujourd’hui.

Cette chronique se veut inclusive, nous utiliserons donc le terme alternatif fxmmes pour désigner les femmes cis et trans, les personnes non-binaires, les personnes bi-spirituelles et en particulier celle et ceux qui proviennent des minorités visibles, dans une perspective d’intersectionnalité.

Narcisse est un.e artiste connu. e à Québec pour exploser les barrières de la scène et pour y recréer avec d’autres artistes et amis des performances liées à sa musique. Entre électro, peinture, revendications et inclusivité, lorsque Narcisse ouvre ses bras, c’est un beau safespace qui s’étend à grandeur ! 

Comment est-ce que tu t’es intéressé.e à la musique ?

Mon premier souvenir musical c’est Casse-Noisette. À cette époque, mes parents m’avaient inscrit.e à des cours de ballet jazz et je ne trippais pas tant que ça. Je pense que j’aimais la musique et le fait de bouger mon corps, mais il y avait des choses là-dedans qui me rendait mal à l’aise, comme le fait d’associer cette pratique au genre féminin. 

J’ai suivi des cours de piano à l’âge de huit ans jusqu’à la fin du secondaire. Je n’avais jamais pris conscience de la culture pop, j’étais plutôt dans l’écoute et la pratique de trame sonore. Puis, j’ai commencé à jouer à Guitar Hero et j’ai eu ce feeling de performer qui m’a tout de suite happé. Puis tant qu’a passé autant d’heures à jouer sur des notes de couleurs, aussi bien apprendre l’instrument pour de vrai ! J’avais 13 ans, et ça m’a permis de connaitre des bands de rock, notamment Green Day qui a été un gros coup de cœur ! 

Tu as commencé par jouer du folk, comment es-tu arrivé. e à te réinventer dans l’électro ? 

Au départ, je me suis tourné.e vers le folk, car c’était pas mal ça qu’on pouvait faire lorsqu’on était seul.e avec une guitare. J’ai fait le chalet de l’Ampli en 2017, et ça m’a soutenu dans ma décision de faire de la musique professionnellement. J’ai enregistré un EP, puis j’ai fait un lancement. 

Ensuite, Rosemary Mc-Comeau m’a contacté pour faire un projet de tournée mettant en avant les femmes en musique. On faisait nos tounes, puis des reprises des femmes qui avaient marqué le domaine. Durant l’été 2018, on a fait 27 shows au total. 

30 000 km plus tard, j’étais complètement brulé.e et un peu tanné.e de faire du folk. 

À ce moment-là, j’ai eu une résidence de création à Bordeaux avec l’Ampli. Lors de cette semaine, j’ai compris que j’avais le droit d’associer l’anglais et le français dans mes textes. J’ai commencé à écouter de l’électro français. De fil en aiguille, s’est faite la transformation vers Narcisse. Et peut-être que dans deux ans, j’aurai un style différent ! (Rires)

Est-ce que Narcisse est ton nom d’artiste ou le nom de ton projet musical ? 

C’est touchy, car j’ai le sentiment que Narcisse c’est moi et c’est mon identité, mais il y a tellement de gens qui gravitent autour de ce projet que pour moi, ils sont là à jamais s’ils ont envie d’y être ! 

Avec Philip Desprès (a.k.a Utopia Utopia), c’est une histoire d’amour. On s’est rencontré lors du premier clip de Narcisse et on a eu des discussions par rapport à l’art de la performance et à nos valeurs. C’est comme un membre de ma famille, tout comme Gabriel Paquet qui fait les illustrations et de la peinture en direct, et Félix qui filme les shows.

L’art de la performance est ancré dans ta démarche artistique, est-ce une pratique qui t’est venue tout de suite en tête lors des prémisses de ce projet ? 

Lorsque j’ai composé le premier EP, je ne pensais pas du tout à la performance. C’est vraiment lors de la rencontre avec Philip qu’on a fait naitre l’idée de création performative sur scène. On a adapté les performances avec les chansons qui existaient déjà. Ensuite, on s’est mis à travailler sur de nouvelles chansons. Lors de leurs compositions, j’imaginais déjà les éléments visuels qu’on pourrait y associer sans que ça me freine.

La manière dont on présente le spectacle n’est vraiment pas conventionnelle. La musique est ma façon de m’exprimer, mais je trouve ça tellement cool de pouvoir faire fiter plein de disciplines différentes ensemble !

Philip est la meilleure personne pour faire le lien entre la scène et le public. Il va souvent se promener et chercher les spectateur.ice.s. Tout le monde danse avec lui. Le simple fait de donner l’impulsion aux gens de danser, je trouve ça tellement beau. Tout le monde est tellement valide et se fait confiance, c’est ça aussi les shows de Narcisse. 

Narcisse, St-Roch XP 2019 –

Narcisse symbolise, entre autres, une revendication sur la société d’aujourd’hui et sa capacité à gérer la sexualisation du corps des fxmmes. Est-ce que c’est pour toi un sujet qui t’est venu naturellement ? 

Je ne maquillerai pas nécessairement qui je suis. Je suis non-binaire, je me fais identifier comme une femme et je me mets topless sur le stage. C’est des choses que je ne fais pas nécessairement pour revendiquer quelque chose, je le fais parce que c’est moi.

Après, je sais pertinemment qu’en arrière de tout ça, il y a quand même des revendications. Le sujet de l’hypersexualisation est venu lors du premier show où Gab a peint sur mon corps, honnêtement, la seule et unique raison pour laquelle je me suis mis.e topless, c’est parce que je ne voulais pas salir mon linge. 

Maintenant, le fait de me mettre topless, c’est une manière de mettre dans la face au monde que c’est correct d’avoir un corps, mais ce n’est pas parce qu’une fille se met nue devant toi que ça te donne le droit de sexualiser son corps. 

Vois-tu une évolution depuis les dernières années sur l’éducation et l’information que les gens peuvent avoir sur le sujet de la non-binarité et les différents aspects de la communauté LGBTQ+ ? 

C’est difficile d’établir un portait, car on se retrouve dans des communautés relativement fermées, mais j’ai le feeling, qu’il y a 4 ans, si j’avais sorti un album, on ne m’aurait pas nécessairement demandé mes pronoms ainsi que l’utilisation de l’écriture inclusive pour décrire mon projet. Ça, c’est un grand progrès, et je trouve ça intéressant. C’est sûr qu’au niveau du féminisme, et de la notion du consentement, c’est en train de faire son bout de chemin. 

Donc il y a du progrès, mais après ça, il ne faut pas lire les commentaires d’un article de Éric Duhaime, sinon tu n’auras pas l’impression que les choses avancent ! 

Au quotidien, autant les gens queers et les femmes vont vivre des microagressions, autant on peut aussi vivre des microprogrès.

L’année dernière lors du camp rock, j’ai compris que les jeunes de 15-16 ans savaient plus de choses que moi lorsque j’en avais 23 ! Ces personnes-là naissent dans un monde où ça existe et où c’est valide, ça va définitivement faire avancer la roue plus vite ! 

Quels seraient tes conseils pour toutes les fxmmes souhaitant se lancer sur la scène musicale de Québec ?  

Je leur dirais d’oser. C’est sûr qu’il va y avoir du mansplaining, et que l’opinion des hommes sera plus valorisée que celui des femmes, mais ce n’est pas vrai. Vous êtes valide. Il faut tenir son bout, et ne pas tomber dans le fait d’avoir peur de ne pas être à la hauteur musicalement par rapport aux gars. Une fille peut être autre chose qu’une chanteuse, vous n’êtes pas obligés de tomber dans les cases que vous dicte votre genre. Il y a beaucoup de place pour vous, surtout à Québec. C’est une ville qui mérite de se faire shaker. On a besoin de diversité, de femmes et d’une énergie bienveillante.

Je vous conseille d’écouter le EP éponyme de Narcisse et le remix de celui-ci disponible sur toutes les plateformes, ainsi que le superbe mini documentaire disponible ici :https://www.facebook.com/CHOQ.ca/videos/535761800667562

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