Ariane Roy – « Avalanche (n.f.) »

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Le 24 mai 2019, Ariane Roy lançait Adèle sur les plateformes. Depuis, inutile de dire que les attentes étaient hautes en vue de ce premier micro-album. Mais l’artiste qui se démarque déjà sur les scènes émergentes, récoltant quelques prix au passage, livre amplement la marchandise sur Avalanche (n.f.).

Impossible de croire qu’une voix aussi mature puisse habiter le corps d’une jeune femme de (presque) 23 ans. Et sa maturité ne se limite pas à son timbre, mais s’étend à la totalité de son œuvre! Dans ses textes, Ariane s’amuse avec les mots dans une poésie assez figurative pour laisser son auditeur saisir son message, toutefois suffisamment abstraite pour lui laisser se l’approprier. Volontaire ou non, le mystère enivre et instaure une sorte de quête à la découverte de son monde.

Ce matin le ciel est tombé sur ma tête.
Ce matin personne n’a remarqué que tout s’est effondré.
Y’a des cœurs qui tombent à chaque jour.
Ce matin la lourdeur d’un dimanche,

Tout git dans la maison et le cœur est avalanche.
Sortir dehors, je veux sortir dehors.
Oublier le givre dans mon corps.
Sortir dehors, je veux sortir dehors.
Voir l’été qui se vend de briller aussi fort.

Sortir dehors

Mais de quoi y parle-t-elle alors? Même après plus d’une trentaine d’écoutes, j’avoue ne toujours pas arriver à décoder complètement l’énigme, me laissant qu’avec des hypothèses. Derrière cette petite femme se cache définitivement une veille âme dotée d’une intelligence émotionnelle irrévocable. J’ai donc compris que pour en saisir le sujet, il faut accueillir chacune des cinq pistes avec son cœur et oublier la part rationnelle de soi afin de se laisser complètement submerger par l’émotion. 

On y sent alors les blessures que laissent sur notre âme les échecs amoureux. On y sent l’espérance dans l’attente de l’autre. On y sent l’impuissance quant à un monde en constante évolution. On y sent les batailles, gagnées et perdues, de femmes, de toutes les femmes. Parce qu’Ariane a compris que tout cela est au-delà de soi, que toutes les femmes sont des Adèle.

Adèle a les jambes qui tremblent quand elle pense trop fort.
Adèle a l’histoire en avance quand sa tête se tord.
Elle a les yeux mouillée Adèle, et tellement à faire et refaire et que tout soit dentelle.
Adèle il faudrait partir voir la mer.

Adèle

Et qu’on navigue dans un monde trouble, qu’on se batte pour notre quotidien ou qu’on tente de trouver sa place dans une vingtaine encore naissante, la peur vient nous prendre lorsque le ciel est en place. La pièce serait-elle une sorte de rationalisation, un message à soi-même pour se donner le droit de baisser sa garde?

Musicalement, on ressent clairement l’influence jazz des études de la compositrice, amenant une douceur et une lumière dans la pesante véracité de l’œuvre. On peut également discerner des synthés aux teintes des années 1980, tout particulièrement lors de l’envolée angoissante de Sortir Dehors. Et si au travers des trames sont dispersés des crescendos d’instruments variés, on y laisse toute la place à la voix. On peut ainsi apprécier pleinement l’agilité d’Ariane, lui permettant de naviguer de ses graves de poitrine à ses aiguës de tête.

Elle peut bien n’en être qu’à l’aube de la vingtaine, n’en être qu’à son premier micro-album, on sait pertinemment qu’on aura la chance de voir vieillir la belle pendant de nombreuses années. Avec un contenu aussi songé dans sa jeunesse, son futur s’annonce plus que prometteur. En attendant de découvrir l’avenir, un médium m’a fait savoir que son lancement, qui aura lieu le 20 mars prochain au Maelstrøm Saint-Roch, risque d’être complet. N’attendez donc pas trop pour acheter vos billets!

PSSSSTTTT : Un autre médium appelé Facebook m’indique que ce sera le lendemain de sa fête (oui de 23 ans!), ça risque donc d’être festif! Je vous donne donc le défi d’y porter un chapeau de fête! Pas game!

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