Les Deuxluxes – « Lighter Fluid »

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Y’a des groupes qui aiment te surprendre à chaque album en changeant de direction. Pis y’en a d’autres qui te disent : « Tu te doutes déjà pas mal de ce qu’on va faire, mais on va te jeter sur le derrière quand même parce que tu nous auras jamais entendus sonner comme une tonne de briques de même! »

Les Deuxluxes, c’est en plein ça. On sait que ça va rocker, on sait que ça va swinger, on sait qu’Anna Frances Meyer va avoir sa voix du samedi soir pis qu’Étienne Barry va te donner le diable au corps avec son mix parfait de batterie-guitare. On le sait, mais chaque fois, les attentes sont stratosphériques, parce qu’on est accro depuis notre premier Traitement Deuxluxes.

C’est donc avec nos plus belles paillettes qu’on attendait Lighter Fluid, le deuxième opus complet du duo, et c’est sans aucune surprise qu’on a eu envie de danser du début à la fin. La pièce-titre est la meilleure chanson des Deuxluxes qu’on a entendue jusqu’à maintenant. On y trouve tous les ingrédients d’un bon rock and roll bien réussi à la Deuxluxes, mais c’est du côté de la voix qu’on trippe. Ici, Meyer montre des nuances qu’on avait jamais entendues de sa part, ce qui rend les moments sur le 220 encore plus savoureux.

La troisième chanson, I am the Man, est la meilleure chanson des Deuxluxes qu’on a entendue jusqu’à maintenant. Gros blues-rock qui donne une envie de se faire aller les cheveux à la Barry (c’est-à-dire en ne montrant qu’un seul œil ténébreux). Puis, après l’avoir fait sur les albums d’à peu près tous les artistes au cours de la dernière année, Anna Frances sort ENFIN sa flûte traversière sur For I Myself. C’est fou combien la flûte s’intègre parfaitement à cette ballade doublement (voire triplement) sexy. Rien entendu d’aussi beau dans le répertoire des Deuxluxes jusqu’à maintenant.

Arrive enfin le moment tant attendu : la première chanson en français de l’album, la super fun Vacances Everest. Là, j’aimerais enlever mon chapeau de « critique » un instant et vous parler à titre de traducteur… Souvent, quand les groupes passent de l’anglais au français (et vice versa), ils utilisent inconsciemment un niveau de langue différent. C’est souvent très « populaire » en anglais tout en étant un peu plus soutenu en français. Pas ici : le phrasé, le vocabulaire, le niveau de langue, tout sonne comme si Les Deuxluxes avaient toujours écrit autant dans la langue de Sinatra que dans celle de Marjo.

La meilleure toune du répertoire des Deuxluxes jusqu’à maintenant, c’est cette étrange Beware of the Dog, psychédélique et planante à souhait, comme si on se trouvait un gros dance floor en plein trip d’acide. Le mélange des rythmes, des percussions, des différentes guitares (parce que vous savez bien qu’Anna Frances et Étienne ne sont pas capables de jouer avec des guitares ben straight, ça leur prend une alto pis une baryton), on voyage dans un univers dans toutes les teintes de mauve. Pis maudit qu’on aime ça quand nos deux champions nous chuchotent presque à l’oreille!

Bon, faut que je vous parle de la meilleure pièce sur Lighter Fluid : Encender, un autre trip psychédélique très rythmé qui nous fait hocher de la tête et taper du pied sans qu’on s’en rende compte (mais quand on finit par le remarquer, on redouble d’ardeur). Quelque chose me dit que les nombreux voyages du duo en Amérique Latine ont été une grosse source d’inspiration. Le beat est irrésistible, les riffs sont tout simplement parfaits, et les voix sont envoûtantes comme on les aime.

C’est plate pour Everything of Beauty, parce que si elle avait été juste un peu avant, elle aurait elle aussi eu la chance d’être la meilleure du répertoire des Deuxluxes pendant quelques minutes. On ne se tanne pas encore des prouesses vocales de Meyer qui montre une fois de plus qu’elle a beau avoir fait ses études en chant classique (vous devriez l’entendre dans un opéra… pas rock), elle est un match parfait pour le rock qui fait rêver et danser à la fois.

Vous l’aurez compris : Lighter Fluid est le genre d’album capable de mettre le feu à un banc de neige. C’est CHAUD, c’est sexy, c’est juste trop entraînant. On peut écouter cet album d’une oreille comme on peut se plonger dedans à fond. Ça mériterait de jouer constamment sur les radios rock (hé Rédio X, vlà du bon stock pour ton contenu canadien, pis y’a mêmes des tounes parfaites pour ton quota de franco), en boucle, jusqu’à ce qu’on se tanne, ce qui risque de ne jamais arriver.

Quelque chose me dit que Les Deuxluxes risquent de se faire quelques nouveaux fans un peu partout sur la plénète…

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