BRICHE – « 50 milles »

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Y’a des projets qui prennent plus de temps à réaliser que d’autres. Par exemple, ce microalbum de BRICHE, intitulé 50 milles, qui a pris un gros cinq ans avant de se ramasser entre nos oreilles. À une époque où tout le monde devient tellement prolifique qu’on ne sait plus où donner de la tête (ou de l’oreille), il y a quelque chose de rafraîchissant dans cette longue démarche.

Bon, on n’est pas là pour parler de la vitesse à laquelle on a fait cuire la galette, on est là pour parler de ses ingrédients et sur ce plan, on peut dire que le projet mené par Dominic Potvin livre amplement la marchandise.

Dès les premières notes de la fichtrement accrocheuse Old Orchard, on est plongé dans un country-folk aux nombreuses guitares envoûtantes et aux paroles un brin mélancoliques. Briche double d’ailleurs la mise sur Lac Saint-Jean, où le banjo de David Brisson se joint à l’ensemble, pour nous donner l’impression qu’on pleure notre vie en chantant en gang, autour d’un feu sur le bord de la plage à Saint-Henri-de-Taillon (n’y faites pas de feu, les propriétaires de la plage ne seront pas trop contents).

Melvina pourrait avoir une belle carrière radiophonique, et ça serait une bonne chose. On y retrouve plusieurs éléments du folk-rock qui sature les ondes de nos radios rock à partir de 20 heures depuis de trop nombreuses années, mais il y a une petite touche de magie de plus dans la ligne mélodique qu’on ne trouve pas chez les nombreux autres artistes qu’on peut souvent entendre.

Personnellement, ce sont les deux dernières chansons qui viennent le plus me chercher. Voleur est une christie de belle toune sale, sombre, triste, où la mélodie évoque assez clairement toutes les émotions véhiculées par Potvin. Quand le gros son de guitares embarquent, on sent un brin de rage, un peu comme dans une toune de Faubert (Francis, pas Michel). De son côté, Canard, qui finit ce microalbum, sent le Lac en février, quand le vent balaie la neige et qu’on n’y voit plus rien. Un gros folk sale qui donne le goût de boire trois ou quatre bières (grosses, bien entendu, parce qu’on n’est pas à un stéréotype près) et qui devient de plus en plus atmosphérique, au point de nous donner des frissons une fois que tous les instruments sont embarqués (y compris le gazou, mon nouvel instrument préféré).

Si la voix de Dominic Potvin n’est pas toujours parfaitement juste, elle est authentique et assumée. Dans le genre, on ne peut pas demander mieux. Après tout, le country-folk, c’est pas juste pour les chanteurs à voix ou les chanteurs à textes profonds, c’est surtout un genre dans lequel on peut exprimer facilement tout son spleen. Les textes de Potvin sont d’une belle sincérité, et son chant est à l’avenant.

En plus de Dominic Potvin et David Brisson, on peut aussi entendre Steve Potvin à la batterie, Pierre-Olivier Gagnon à la basse et Kimael Potvin, qui chante sur Lac Saint-Jean (ouais, ça fait pas mal de Potvin). Ensemble, les gars ont réussi à créer un univers bien à eux, qui a sa couleur propre, et qui devrait plaire aux amateurs du genre. Comme bibi, ici présent. Un long travail qui, visiblement, a porté fruit. Espérons seulement qu’on n’aura pas à attendre cinq ans pour la suite!

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