Les Hôtesses d’Hilaire : « Viens avec moi » – Grand Théâtre de Québec, 19 décembre 2019

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Nous ne pouvions manquer la dernière date de « Viens avec moi », l’opéra rock des Hôtesses d’hilaire. Fervents admirateurs de cette oeuvre dès la première représentation au Club Soda en novembre 2018, nous avons suivi pas à pas les représentations offertes près de nous. Montréal (CCF), Québec (Impérial Bell), Baie-Saint-Paul (Le Festif!), et de nouveau à Québec, le 19 décembre dernier.

Pas moins de sept membres de l’équipe étaient dans la salle! Nous étions prêts à dire au revoir à ce show si spécial et proche de nos valeurs communes : une oeuvre créative complète. Que ce soit la mise en scène, les performances instrumentales et vocales, le jeux des comédiens et l’histoire, tout est là. Absolument tout.

Nous avons couvert l’opéra rock à de nombreuses reprises. Néanmoins, nous souhaitions dire au revoir à ce spectacle qui aura marqué le parcours des Hôtesses d’Hilaire (et nos esprits).

À travers cette pièce, nous avons découvert des comédiens attachants tel que Robin Joël Cool (Kevin), protagoniste attachant se laissant aller dans la spirale infernale qu’est l’industrie musicale, ou Diane Losier, notre conteuse toute en paillettes préférée bien installée dans son divan.

L’opéra est aussi appuyé par des décors incroyables et modulables, laissant tantôt passer un nez cocaïné, une réplique revisitée animée de Mario Bros., des unes de journaux à scandales mettant en scène notre beau Serge et encore plein de belles choses éclatées. 

Je reste fascinée par les projections et les jeux de lumières. À son apothéose sur le titre Microdosing, nous avons été transporté dans des brèves d’acide à en faire rougir d’anciens souvenirs. Deux grands yeux striés en nuance de pourpre, des mélanges de couleurs se baladant sur la totalité de la scène, habillant par la même occasion les musiciens dans leur transe musicale et infatigable. Kevin et les Hay Babies à bout de souffle, écroulés sur la langue tirée et figée qu’était l’ancien tapis rouge, symbole d’une célébrité déchue (NDLR : L’éclairage était déjà hallucinant à la première représentation, mais au Grand Théâtre, on a eu droit à la totale!).

Viens avec moi insuffle aussi de nouveaux talents d’acteurs aux artistes que nous connaissions déjà dans leurs projets musicaux personnels. Par exemple, les Hay Babies, choristes, mais aussi présentes dans des rôles variés, tel que la blonde de Serge ou des publicités ambulantes loufoques dans la célèbre émission « Pousse ta note ».

Le rôle m’ayant le plus marqué reste bien celui de Julia incarné par la personnalité tout en couleurs d’Anna-Frances Meyer (Les Deuxluxes). Elle trône au sommet de la manipulation guidée par une grande avidité. Anna-Frances s’est glissée dans la peau de cette diablesse tout en conservant sa poigne connue de tous. Le mélange de talent de cette dernière donne naissance à ce personnage de productrice que l’on adore détester. 

Saluons aussi la prestation de Serge Brideau dans son propre rôle, dégageant une certaine vulnérabilité au fil de sa course effrénée dans ce monde imaginaire mais pas tant que ça, qu’il a créé d’une main de maître. 

Pour finir, disons encore un grand merci aux Hôtesses d’Hilaire : Mico Roy, Michel Vienneau, Léandre Bourgeois, Maxence Cormier et Serge Brideau. Votre opéra a su toucher et raconter une satire forte et pourtant drôle du cheminement épineux que des artistes traversent le plus tristement possible dans le but d’acquérir une certaine notoriété. Même si on rit fort lorsque Kevin passe son audition, lorsque Julia nous apprend qu’il est plus simple de faire une bonne soupe aujourd’hui à base d’onomatopées, on comprend que cette industrie n’aide pas toujours les artistes, et qu’elle ignore les besoins de ces derniers. Partant d’une passion vive et innocente, nous retrouvons les protagonistes tournant le dos à leurs valeurs de départ pour s’offrir à corps perdu dans cette nouvelle vie de divertissement. 

Nous passons de pièces légères à des morceaux lourds de déchéance, tout ça dans des styles complètement extrêmes, de la pop acidulée au gros rock alternatif. L’opéra rock s’écoute plusieurs fois, pas simplement pour comprendre l’histoire, mais aussi pour saisir toutes les nuances instrumentales offertes pendant une heure et demie, le tout soutenu par les grands Mathieu Pelgag et Jonathan Bigras, au clavier, aux percussions et autres patentes électroniques de génie. 

Merci les Hôtesses pour cette oeuvre si riche. Simplement, merci. 

Nous avons dit au revoir à « Viens avec moi » comme il se doit, et nous pouvons nous consoler aussi avec les deux versions audio ( studio et live ) disponibles sur toutes les plateformes. 

Un au revoir, mais pas un adieu? Encore, encore, encore, un jour, les Hôtesses? 

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