FESTIVAL D’ÉTÉ DE QUÉBEC – 8 juillet 2019

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Beau et chaud. C’était encore une fois le mot d’ordre de la soirée. Pendant que des dizaines de milliers de personnes se faisaient défoncer (littéralement) les tympans sur les Plaines, nous, valeureux guerriers d’ecoutedonc.ca, avons plutôt opté pour la douceur (sauf en début de soirée). On vous raconte ça ici.

Sweet Tooth

Question de prêcher pour notre paroisse, nous rejoignons les patnais de Sweet Tooth pour leur prestation de 17h au coeur du FEQ. Préconisateurs d’un classic rock revival à l’ascendant psychédélique-stoner, le quatuor de bibittes à sucre continue de gravir les échelons de la scène locale. Dans les faits (et dans les oreilles), Sweet Tooth c’est la chaude et captivante voix de Xavier Carrier-Beaudin, la guitare ensorcelante de Thomy Robitaille, la basse groovy de Patrick Guérard et la batterie/cataclysme sonore de Xavier Laprade. Textuellement, Sweet Tooth déferle une vague sentimentale incomparable, Fool to Cry for You en témoigne avec brio. Tissés serrés, les quatre potes prévoit sortir leur EP très bientôt. Tenez-vous au jus, le diabète de type B ne s’attrape pas par le tympan.

(Gabriel Tremblay)

Julien Déry

Quand il est six heures et qu’il fait beau sur ta terrasse, c’est difficile de s’imaginer que tu peux passer un meilleur moment à l’intérieur, dans le noir. Malgré la défaveur des circonstances, c’est ce que Julien Déry (Mauves) et ses musiciens sont parvenus à nous faire vivre à L’Anti à 18h00. Anciennement intitulé Notre Père, le projet musical de l’auteur-compositeur-interprète appose des textes comiques, déstabilisants et originaux à un rock bien accrocheur, qu’il ait des allures pop ou même des nuances country. Mais ce qui fait vraiment le spectacle, c’est la rendition à la fois si théâtrale et si authentique de Déry: il incarne chaque chanson avec intensité – que ce soit en se roulant par terre, en gesticulant ou, tout simplement, en nous fixant d’un air laconique – d’une manière à mettre en valeur les textes, à en agrandir le sens comme avec une loupe. Et les textes, c’est le plus savoureux: on y retrouve une véritable satire de notre quotidien, mi-absurde mi-tragique, parce que même si on rit avec lui du mémérage, de la vieillesse, de la dépression ou de l’ambition, on le sait au fond de nous-même que ça nous concerne aussi.

(Marie-Ève Fortier)

Fria Moeras

En chauvin assumé, je redescends en brasse-ville pour rejoindre une autre chouchou d’ecoutedonc.ca, Fria Moeras (NDLR : pas juste chouchou, elle fait partie de la gang). Attachante comme une poignée de tie-wraps nécessaire à un boulot de bricolage, Frédérique-Anne Desmarais (pour les intimes) débarque au D’Auteuil en formule trio. En l’absence de quelques bélugas habituels, un méconnu remplaçant (Jean-Étienne Collin Marcoux) se hisse derrière la batterie. Alliant pop-rock lumineuse et interventions malaisantes mais ô combien cutes, la rockeuse-boxeuse gave l’intime assistance de l’intégralité du EP «La peur des animaux». En plus de ses compos, deux excellentes reprises de Violett Pi et Jean Leloup se faufilent dans son set. Le D’Auteuil devrait inviter Fria Moeras plus souvent. Après tout, des soupçons d’éclaircissement récurrents ne feraient pas de tort dans une salle aussi sombre.

(Gabriel Tremblay)

Emilie Kahn

J’ai sorti ma petite laine et fait 10 minutes de bus entre 2 fans de métal qui buvaient de la bière à 18h30 pour me rendre à l’Impérial où il y avait déjà file. Comme plusieurs, j’ai connu Emilie Kahn avec son mystérieux Ogden et j’avais hâte d’entendre si le retrait de son acolyte allait fortement influencer son matériel. À mon arrivée, j’ai vu qu’il trônait encore magnifiquement sur scène pour accompagner l’auteure-compositrice-interprète, mais qu’il n’était plus la vedette. Pour l’occasion, Emilie s’est fait seconder par 3 musiciens, une batteuse, un bassiste, une claviériste. Cela lui permet de sortir de derrière son instrument et de faire quelques pas de danse. On la sent beaucoup plus à l’aise : elle semble avoir profité des renforts pour ajouter de la texture et du rythme, pour passer de son style mélancolique à de la douce pop minimaliste. Si elle a interprété une chanson de son premier album, c’est définitivement une nouvelle évolution qu’elle nous a présenté avec Outro, osant même des boucles (loops) d’elle-même, décuplant les Emilie et les ambiances. Écoutée attentivement et chaudement applaudie par l’auditoire captif de l’Impérial, c’était un très beau match avec le duo suivant, toute en féminité assumée.

(Marie-Laure Tremblay)

Choses Sauvages

Arrivés tout droit de la Noce, les six Choses Sauvages ont livré une prestation boostée aux vitamines. Malgré la distance des barrières qui séparait la scène Fibe des spectateurs – arrivés en grand nombre pour le spectacle – les musiciens ont prouvé une fois de plus qu’ils savaient comment faire délier les jambes et voler les coeurs. Jouant à une vitesse augmentée, comme pour donner encore plus d’énergie à tout le monde, les musiciens ont d’abord enchaînés leurs chansons chimériques aux contours funky ou disco. Félix Bélisle faisait crier la foule de ses impératifs gestuels avant de se débattre avec son tambourin, de se lancer dans un énième solo de flûte traversière ou de chanter avec toute son âme des paroles connues par bien des spectateurs. Puis, l’ambiance prenant son envol, les membres de Choses Sauvages ont pu commencer à vraiment s’amuser, autant en ajoutant ça et là des interludes musicaux dansants qu’en se permettant des commentaires savoureux comme « Enlevez vos linges! ». Leur pari de faire danser la foule a vraiment été tenu vers la fin de la prestation, qui s’est ensuite terminée de façon hardcore sur Hualien, histoire de nous  « mettre dans le mood pour Slipknot ».

(Marie-Ève Fortier)

Milk & Bone

Artistes accomplies à la barre de plusieurs projets, elles nous ont promis la crème de la crème de leur deux albums et leur tout récent mini DIVE pour faire danser leurs nombreux fans de Québec. C’est avec enthousiasme que les deux complices ce sont retrouvées devant « leur public préféré » en remplaçant First Aid Kit à pied presque levé pour notre plus grand plaisir. Les basses dans l’piton et les voix en harmonies, elles ont servi leur électro planant à un Impérial plein à craquer qui explosait à chaque fois qu’elles reprenaient leur souffle. C’est partie pour une de ses soirées où la foule est une immense créature qui « vibe » a l’unisson, connectée avec les artistes comme avec la toujours efficace Deception Bay. Laurence et Camille ont donc puisé dans tout leur répertoire pour faire bouger la foule avec elles. On était prêt à les suive pour faire de ce lundi soir une nuit sans fin….

(Marie-Laure Tremblay)

Enfin, un petit mot sur la scène Hydro-Québec

Bon, j’avais un mandat clair ce soir : prendre des photos de Choses Sauvages. Mais entre les prestations sur la Fibe, j’avais toujours le temps d’aller faire un petit tour à la place d’Youville, où m’attendaient toujours un groupe venu de loin (parfois très loin) se faire connaître des gens d’ici. C’est ainsi que j’ai pu entendre la douce voix de la Réunionnaise Maya Kamaty, qui aurait pu plaire aux nombreux fans de Milk & Bone, justement. J’ai pu aussi voir la folie assumée des Five Alarm Funk, qui nous a fait danser juste assez pour nous réchauffer en vue du concert de Choses Sauvages. Enfin, après avoir dansé comme un fou à la Fibe, on avait encore envie de se shaker le popotin. Et heureusement, Lakou Mizik était là pour nous rappeler que Québec n’était pas que Slipknot avec ses beats haïtiens pas si traditionnels que ça.

Tsé, la scène où tu vas quand tu sais pas trop où aller parce que quoi qu’il arrive, t’es certain d’avoir du fun?

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