Navet Confit – « Engagement, lutte, clan et respect »

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Navet Confit est un artiste multidisciplinaire les deux pieds constamment ancrés dans le champ gauche. Entre ses engagements dans la compagnie du théâtre Aux Écuries et la sortie d’un recueil de textes chez Somme toute, il a trouvé le temps de concocter un nouvel album au titre d’une somptueuse absurdité: Engagement, lutte, clan et respect. Ce titre puiserait son origine dans une revue pour adolescentes.

Après LOL un disque aux accents punk qui présentait plusieurs curiosités et son lot d’idées loufoques, cette nouvelle parution mise plutôt sur la concision, mais aussi sur un goût encore plus prononcé pour l’autosabotage. Les guitares sont souvent désaccordées, les textes naviguent toujours dans une certaine absurdité, mais pas celle très assumée d’un groupe comme les Trois Accords. C’est plutôt le choix des thèmes et une certaine insouciance qui déstabilise.

L’album commence d’ailleurs avec les deux chansons les plus difficiles d’approche. Il faut attendre la pièce un quiz avant de retrouver la sensibilité pop auquel Navet Confit nous a habitué. Les paroles de cette pièce, l’une des plus accrocheuses de l’album, illustre bien l’absurdité mentionnée plus haut: “Quand je serai grand, je serai un quiz animé par Patrice l’Écuyer (ou Véronique Cloutier, c’est selon)”. Merci monsieur le facteur présente à l’extrême le côté désinvolte de l’auteur qui exprime sa reconnaissance de recevoir son courrier à tous les jours malgré la météo parfois difficile! La chaise est probablement la chanson la plus typiquement Navet Confit de tout l’album. Dur de dire de quoi ça parle, mais le segment: “C’est vraiment des voleurs, mais c’est pas de ta faute. Tu voulais faire la même chose que les autres” est spécialement savoureux. Et que dire de l’épilogue de la chanson qui présente un autre festival de namedropping comme le fait si bien le Navet depuis quelques albums. Pourquoi es-tu fâchée comme ça est une curieuse anti-ode aux trolls de l’Internet. En clôture, Appropriation culturelle parle plus d’acceptation de soi que de pièces de théâtre aux choix contestés, mais une fois de plus, c’est ça et ce n’est pas ça en même temps.

Cette nouvelle offrande est un album plus exigeant que ses prédécesseurs et ce malgré sa courte durée. La ré-écoute est nécessaire pour bien intégrer tout ça, mais au final c’est une autre réussite. Mention spéciale aussi à la magnifique pochette de l’album qui succède à l’une des plus laides (bien qu’assumée) de l’histoire de la musique indépendante québécoise. Bonne exploration de cet univers singulier où tout peut devenir vecteur de poésie. Pas surprenant d’ailleurs qu’on l’est approché pour publier ses textes.

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