Les nuits FEQ sont presque une tradition pour les amateurs de spectacles à petits prix. La dernière édition était succulente! En tête d’affiche, la vedette folk saskatchewanaise Andy Shaufdébarquait à l’Impérial Bell. Nous n’étions pas en reste pour la mise en bouche alors que Vincent Roberge et Les Louanges étaient d’office. Ajoutée à la « dernière minute », Camille Delean ouvrait pour les deux sensations canadiennes. Une soirée musicalement exceptionnelle qui, malheureusement, fut quelque peu gâchée par un nombre impressionnant de jacasseurs voulant un spectacle comme trame de fond à leur soirée réseautage. Malgré tout, la paire Clavier/Tremblay s’associe de nouveau pour vous décrire en mots et photos, ce concert d’envergure.
Camille Delean
Dans la pénombre, Camille Delean et ses musiciens prennent place sur les planches de l’Impérial. Tout de suite happé par cette voix qui évoque en moi une idée floue de communion religieuse, Camille instaure une atmosphère planante. Les choeurs du guitariste Michael Feuerstack ajoutent de subtiles harmonies, donnant aux compositions une couleur encore plus profonde, aux dires de la jeune chanteuse. Les sonorités de Camille Delean me font penser à notre groupe fétiche Ghostly Kisses, en étant toutefois plus folks et brutes que ce dernier. Ayant découvert l’artiste grâce à son clip fantomatique Timberline Rover (que je vous conseille au passage), je m’attendais à voir une mise en scène statique, et ça a bien été le cas. À la défense des artistes sur scène, le public n’était en aucun cas respectueux… Bavardage incessant et bruits de tout genre venaient assourdir la prestation.
Je souhaite à Camille Delean de nouvelles dates chez nous, dans une salle plus silencieuse et apte à écouter ses belles créations. (Charline Clavier)
Les Louanges
Une chose est certaine, la majorité des gens présent à l’Impérial ce soir sont venus pour Vincent Roberge et ses acolytes. On ouvre l’accès au balcon pour accueillir plus de spectateurs que prévu et c’est sous une pluie d’applaudissements que Les Louanges entre en scène. La foule ne cesse de reprendre en choeur les paroles de l’album « La nuit est une panthère ». À chaque intro, nous voyons un public ravi, un contraste frappant si on ose comparer avec les 30 minutes précédentes de la soirée. Vincent Roberge nous sert une offrande très généreuse tant par sa qualité que par son énergie. Son album est une mine de pièces précieuses et nous sommes loin d’être déçus par son rendu sur scène. Le saxophone endiablé de Félix Petit (co-réalisateur) marque par sa fougue communicative. La voix du chanteur est d’une grande fidélité par rapport à ses enregistrements. On notera la performance plus lancinante sur la chanson « La nuit est une panthère » et le solo incroyable sur le titre « Guérilla ». Bien sûr, les titres «Pitou», «Tercel » et « DMs » sont accueillis avec une nuée de cris bien mérités. Comme le dit si bien Vincent “y’a eu un gros upgrade entre le sous-sol du Cercle et ce soir”, en regardant un Impérial scandant ses paroles avec une joie touchante. (Charline Clavier)
Andy Shauf
Après un long interlude, Andy Shauf et sa bande débarquent tout doucement… à l’image du folk paisible qu’ils préconisent. Pendant certains concerts, un silence radio est nécessaire pour capter l’intégralité des harmonies. Ce spectacle en était un de ceux-là. Perché du haut du balcon, je regarde la « triste scène » devant les musiciens. Une cacophonie constante résonne dans l’Impérial et je ne parle pas de musique… La Nuit FEQ se transforme en club social à quinze balles. Si les bavards se faisaient entendre pendant Les Louanges, la musique de Vincent Roberge, beaucoup plus « lourde », enterrait une bonne partie des discussions. Malgré tout, le protégé de la réputée maison de disque Arts Crafts commence la perfo tout en gaieté, avec « Jenny Come Home ». Limitant les interventions, Shauf et ses ses succès sont d’un calme olympien. Si la voix mi-aïgue, mi-nasillarde du principal intéressé relève d’un timbre vocal très particulier, ce sont les arrangements musicaux qui me fascinent.
Andy Shauf règne sur un royaume où la clarinette est reine. Derrière lui, basse, guitare, clavier, batterie ainsi que les deux clarinettes en question propulsent un son que certains catégorisent comme du Pop baroque. Cependant, certaines pièces penchent plus vers l’indie pop lichée comme la deuxième pièce en liste, « Quite Like You ». Décidément, le septuor prend un vilain plaisir à alterner les contrastes d’humeurs. Comme si on passait d’une sombre ballade sentimentale à une course joviale en après-midi, l’instant de deux chansons. Même si la majorité des pièces sont plutôt mélancoliques, on ne tombe pas dans le cliché larmoyant de certaines ballades pop. « The Magician » est un exemple facile pour décrire la tristesse habilement ficelée par le maestro de Regina. Personnellement, j’ai un faible pour « You’re Out Wasting », qui symbolise l’amertume d’une séparation amoureuse.
À bientôt Andy! (de grâce, dans le silence cette fois) (Gabriel Tremblay)