Chroniques d’Austin – no.3 : septembre et octobre

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Chers lecteurs, je ne vous ai pas oubliés.

Je sais. Bien plus qu’un pied de neige vous sépare maintenant de ma dernière chronique, rédigée sous le soleil suffocant du mois d’août texan. C’est que, depuis, j’ai fait de plus loin que moi un voyage abracadabrant, à la recherche de la fameuse scène locale d’Austin. Mes amis, 40 jours et 40 nuits durant, j’ai traversé un vaste désert musical. À peine ai-je pu m’abreuver deux ou trois fois aux sources souterraines de septembre : quelques lampées de soul, de country et de swing sans plus.

Et puis dans cette grande ville faite de cercles fermés, je suis finalement tombée au milieu de la cible : une oasis fleurissante de musique originale, locale, et bien rafraîchissante. Au mois d’octobre, tandis que se mouraient les feuilles de vos arbres, je suis arrivée à ce qui commence. Alors préparez votre cerveau et vos oreilles, que je vous raconte les aventures de ma quête.

Septembre – fouilles archéologiques

Bien que m’ait semblé aride mon expérience musicale du mois de septembre, je trouve en y creusant une mine de détails croustillants qui valent la peine d’être partagés avec vous.

Le 8 septembre dernier, je me suis retrouvée au Continental Club pour écouter les mélodies de la pianiste et chanteuse Emily Gimble. Avec un jeu de piano étonnant et des compositions typiquement bluesy, jazzy ou swing, elle a fait danser des couples de toutes sortes grâce au soutien de son batteur et de son contrebassiste. J’étais loin de m’imaginer, au moment de cette rencontre sympathique, toute l’histoire que renfermaient les murs du Continental Club. En effet, difficile, dans l’ambiance intime et chaleureuse de la petite salle du deuxième étage, de croire qu’au même endroit, en 1986, Sonic Youth enregistrait un album en direct. C’est que le Continental Club a accueilli plus d’un groupe mythique depuis son ouverture en 1955, ayant été tour à tour un bastion du blues, du rockabilly, du punk rock et du new wave. Bien sûr il a continuellement reçu son lot de musiciens country, dont le réputé groupe récipiendaire de 9 Grammy Awards Asleep at the Wheel, fondé en 1970 à Austin (merci Wikipédia).

Paraît d’ailleurs que leur nouvelle pianiste, Emily Gimble, n’est pas mal du tout.

Être en quête de musique creuse l’appétit, c’est connu. C’est pourquoi je suis retournée faire un tour au Austin Beer Garden Brewing Company, histoire de me commander une bonne pizza. Heureuse surprise, j’ai pu attraper une poignée de chansons bien soul du groupe Tomar & the FC’s qui s’y produisait au même moment, le 22 septembre dernier. La voix gospel du chanteur, son attitude à la Ray Charles et l’énergie contagieuse de ses musiciens ont su faire apparaître les sourires, réchauffer les cœurs et dégourdir les pattes des spectateurs.

Bien qu’ils n’aient pas réinventé la soul, les membres de Tomar & the FC’s la gardent bien en vie, et je dois avouer que Day by Day, tirée de leur tout dernier maxi, m’est restée dans la tête de nombreux jours durant.

Alors que le mois de septembre touchait à sa fin, j’ai une fois de plus revisité des classiques de la culture musicale d’Austin en me présentant à un concert gratuit de Willie Nelson, une importante légende texane du country, m’a-t-on fait savoir. J’ai donc pu taper du pied au son de son plus grand succès, On the Road Again, entourée de quelques dizaines de milliers de personnes.

Ce fut un moment historique, mais pas pour les raisons que vous pensez. L’histoire, au lieu d’être musicale, était politique. En effet, le concert était en fait la pièce maîtresse d’un rallye organisé par le candidat démocrate au Sénat Beto O’Rourke. Rassemblant discours politiques et musiques à l’image de la diversité culturelle du Texas, la soirée avait pour but d’aller rejoindre de nouveaux électeurs en vue des élections de mi-mandat.

Bien qu’il n’ait pas remporté la course pour le Sénat face à son adversaire Ted Cruz, Beto O’Rourke aura malgré tout réussi ébranler la forte tendance républicaine du Texas. C’est qu’il a de grandes idées, qu’il parle au peuple et – avouons-le – qu’il est assez charmant. D’autant plus qu’en creusant un peu, on lui a trouvé un passé de musicien punk. Maintenant, il ne reste plus à cet homme charismatique que de se présenter aux élections présidentielles.

Octobre – au cœur de l’oasis

Lorsque j’ai fait mon incursion dans le monde de la musique psychédélique en août, j’ai omis de vous raconter le moment où je suis retombée sur le premier artiste local que j’avais pu entendre en sol texan: PR Newman. Alors que je me dirigeais vers les toilettes du Mohawk, ce vaste bar intérieur-extérieur à deux étages, j’ai entendu une musique qui me semblait familière. En tournant le coin, je suis tombée nez à nez avec le guitariste et son groupe. C’est drôle, parce que si l’idée de programmer un groupe plus underground dans une salle adjacente à la scène principale me rappelait d’emblée le Cercle, il faut aussi dire que même le décor de la petite salle du Mohawk m’a également évoqué l’infâme Sous-Sol que nous (et nos photographes, surtout!) connaissions si bien.

Eh bien, c’est dans cette même petite salle mal éclairée qu’eut lieu mon épiphanie, près d’un mois plus tard. Or, pour en apprendre davantage, il vous faut tourner la page (c’est une métaphore, cliquez sur le prochain onglet).

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