Chroniques d'Austin – no.1: juillet

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Me voilà catapultée dans la grande capitale texane. Pas Houston, la ville des fusées. A-U-S-T-I-N, le bastion démocrate du Texas, où le yoga détrône le rodéo. Et tandis que j’ai donné rendez-vous à Québec dans 360 jours, j’arpenterai les rues de cette grande métropole dans mes temps perdus, à la recherché des plus petits bijoux de sa scène locale. Voici ce que le mois de juillet, pour le peu que j’ai pu en goûter en arrivant le 17, m’a offert.

Tout d’abord, on peut remercier Craigslist de m’avoir fait découvrir un groupe de musique au détour d’une bien sympathique annonce de chambre à louer. Quelques échanges de courriels plus tard, je me retrouvais au ABGB (mis pour The Austin Beer Garden Brewing Company) afin d’assister au lancement officiel du tout nouvel album de PR Newman, « Turn Out ».

Première expérience musicale en sol texan

Le spectacle parfait pour me donner une première impression du pouls musical de la ville : dans un petit bar, plusieurs personnes étaient attablées autour de pizzas et de bière. Spencer Garland – chanteur et guitariste dont le groupe est le projet personnel – a attiré l’attention de ce qui est instantanément devenu son public. Il a ensuite enfilé ses chansons, dont les saveurs country et blues étaient pour moi indéniables. Plusieurs spectateurs ont justement profité de ce mélange entraînant pour réviser leurs pas de Two Step, qui est apparemment une danse locale.

Mais il ne fallait pas simplement s’arrêter à la saveur stéréotypiquement exotique de cette première impression, qui serait trop superficielle. En effet, sous le vernis sudiste des lignes de guitare et de la voix un brin nasillarde, on entendait poindre le passé Punk-rock du compositeur – le nom du groupe est d’ailleurs une version abrégée du surnom de Garland, « Punk-rock Randy Newman ». Ajoutez à ça un brin de psychédélique, une bonne dose de rock et un je ne sais quoi de la pop sucrée des Beatles, et vous avez une idée du résultat. C’était ma foi aussi désaltérant que ma root beer maison après avoir pédalé dans la canicule pour me rendre sur place.

Incursion rapide dans la scène jazz

Austin n’est pas qualifiée de ville musicale pour rien. En plus de tenir de nombreux festivals réputés – SXSW, ACL Music Festival et Levitation (anciennement Austin Psych Fest), pour ne nommer que ceux-là – la capitale texane a la chance de regorger de petits lieux plus ou moins incongrus qui font la promotion des styles de musique les plus variés. Ce mois-ci, j’ai donc fait une incursion du côté du jazz. C’était un choix tout naturel. Musique métissée ayant émergé d’un petit cartier francophone de la Louisiane qu’on nomme la Nouvelle-Orléans, ses origines sont inextricablement reliées au passé colonialiste des États-Unis. Son évolution, elle, aurait suivi l’émancipation progressive des Afro-Américains au sein du pays. Rythmes multiples, improvisations virtuoses, progressions harmoniques complexes (quand il y en a), le jazz est devenu une musique recherchée et riche, d’où plusieurs musiciens tirent leurs influences, consciemment ou inconsciemment. Le jazz, donc, était mon premier choix.

On m’a emmené tout d’abord au Monks Jazz Club, un petit organisme qui prend d’assaut le Fast Folks Cyclery une fois la nuit tombée. Donc j’ai pu voir un concert dans un bar, qui est en fait un café dans un magasin de vélo. L’arbre et dans ses feuilles, et je n’ai même pas parlé de la boutique de linge vintage.

Tout ça pour dire que le Gianni Bianchini Trio, composé du principal intéressé (piano), de Ryan Hagler (contrebasse) et de Daniel Dufour (batterie), nous a tenus en haleine autant lorsqu’ils se lançaient dans leurs soli à une vitesse fulgurante que lorsqu’ils ralentissaient le tempo le temps d’une composition plus langoureuse.

Après la fièvre du jazz de fin de soirée, j’ai aussi pu faire l’expérience de la musique d’ensemble dit Big band en formule « spectacle extérieur et familial au coucher du soleil ». Reprenant pour leur part les standards jazz de la période swing, les nombreux musiciens installés devant le Long Center for the Performing Arts (c’est comme leur Palais Montcalm) jouaient pour le plaisir des oreilles des spectateurs, assis un peu partout sur l’herbe, pique-niquant ou se faisant bronzer. Derrière les musiciens, un espace avait été aménagé pour accommoder les danseurs – de swing, cette fois. La musique, le coucher de soleil et les danseurs m’ont tous offert leurs plus belles couleurs en guise d’accueil.

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