Festival de la chanson de Tadoussac – Compte rendu, 29 juin 2018

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(Photo de couverture : Jay Kearney/FCT) La deuxième journée du Festival de la chanson de Tadoussac a fait voyager le public dans une foule d’univers musicaux différents, tous plus surprenants les uns que les autres, un peu partout à travers le village en fête où plombait le soleil. Nous étions de la partie et terminons cette journée la tête et le cœur heureux.

Les chemins d’écriture

La journée musicale a bien démarré à l’École Saint-Joseph avec Les chemins d’écriture, regroupement d’auteurs-compositeurs-interprètes qui présentaient l’aboutissement d’un véritable camp de création ayant eu lieu à Tadoussac. Ils ont, pendant cinq jours, composé de nouveaux titres dans un décor enchanteur. Tout l’amour pour les relations qu’ils avaient tissées se transcrivaient dans les regards échangés pendant les chansons. Chaque artiste présentait des chansons solos, puis ils s’accompagnaient mutuellement. Nul doute que ces rencontres enrichissantes marqueront leur bagage artistique. [caption id="attachment_62855" align="aligncenter" width="696"] La Valérie et Mat Vézio (Les chemins d’écriture) – Photo : Jay Kearney/FCT[/caption] Soulignons, entre autres, la prestation de Vaero, originaire de la Saskatchewan, pour la sensibilité de ses chansons très intimes où le piano a revêtu les couleurs d’une envolée de papillons fragiles, celle de Pierre Guitard pour son humour lorsqu’il s’adressait au public entre ses chansons et sa mélancolie durant ces dernières (qui ressemblaient drôlement par moments à celles de Renaud) et finalement à Guillaume Farley pour ses mélodies énergiques ainsi que son charisme et son vocabulaire impressionnants. Chacun des artistes présents avait sa couleur personnelle, touchante et inspirante. Difficile de sortir de là sans avoir envie d’écrire des chansons! (Aglaé Brown)  

St-Nicolas

[caption id="attachment_62856" align="aligncenter" width="696"] St-Nicolas – Photo : Philippe Ruel/FCT[/caption] Si je dois bien avouer n’avoir jamais entendu le nom de Saint-Nicolas avant de m’être présentée à son spectacle, nul doute que je me souviendrai de cet artiste. Originaire de Tadoussac même et ayant décidé de revenir à ses racines après avoir voyagé un peu partout, on le sentait à la fois très fier de jouer dans sa ville natale et proche de son public. Alors que je ne m’attendais à rien vu la foule très petite, j’ai été totalement étonnée, mais surtout, submergée par l’univers mélancolique créé par ce musicien. Reprenant les paroles de l’écrivain Rémo Gary mais les jouant à son image, c’est un monde très poétique dans lequel il a lancé les spectateurs. Mention spéciale à son jeu à la guitare électrique, qui est sans nul doute l’élément m’ayant le plus marqué, alors qu’elle ajoutait un sentiment d’étrangeté et de mystique à la musique. C’est sans oublier sa voix cassée capable d’atteindre des notes très longues et le jeu au piano de son acolyte qui faisait planer tous ceux qui écoutaient attentivement le spectacle. Cet artiste vaut la peine d’être découvert, définitivement à écouter dans les journées de pluie autour d’un bon bouquin de poésie. (Marilou Boutet)  

Jean-Pierre Ferland

[caption id="attachment_62857" align="aligncenter" width="696"] Jean-Pierre Ferland – Photo : Jay Kearney/FCT[/caption] Oui, bon, je veux dire, on ne pouvait pas manquer Jean-Pierre Ferland à Tadoussac. Nom titre du festival, le public était très hâtif de découvrir ou de redécouvrir cet homme pour le moins charismatique. C’est à travers ses multiples anecdotes sur ses histoires de cruise et sur son « bon vieux temps » que j’ai appris à aimer cet homme d’un talent hors-pair, cet artiste d’une importance cruciale dans la culture québécoise. Bien que je savais déjà – comme tous ceux présents dans la salle également – le talent qu’habitait Ferland, j’ai été surprise de voir à quel point ses deux choristes étaient mises de l’avant pendant la prestation. Il y a souvent eu place à des duos chantés, si ce n’est pas des trios à certains moments, à l’avant-scène et d’une grandiosité impressionnante. J’avais l’impression d’assister à un concours de chant tellement chacune des notes était poussée à son maximum avec une justesse impressionnante. C’est ainsi un beau moment que le public a vécu ce vendredi sur la scène Québécor (située dans une église) à travers les grands classiques de la chanson québécoise. (Marilou Boutet)  

Nulle Part Nord

[caption id="attachment_62858" align="aligncenter" width="696"] Nulle part nord – Photo : Jay Kearney/FCT[/caption] Nulle Part Nord entre sur scène et la première chose qui me vient à l’esprit en les voyant, c’est l’image d’une famille qui jam dans une shed au fond du bois : parfum de sapin, rires, amour inconditionnel, générosité, derniers crépitements du feu. Les sept membres de la formation, accoutrés de leurs salopettes, chemises à motifs et cotons ouatés ont l’air d’une joyeuse poignée de copains dont les mots, tantôt engagés, tantôt comiques, tantôt sentimentaux rappellent ceux des Cowboys fringants et dont les sonorités ont un petit quelque chose de gitan, de klezmer. Au centre de la scène, le batteur rythme les pièces et chante des paroles envoûtantes. Une voix féminine lui répond, puissante et douce à la fois. Le banjo, la mandoline, la contrebasse, la guitare et l’accordéon font danser la foule, énergique et épanouie. Mention spéciale à Colin du Nord pour son énergie douce et son aise lors de ses solos au saxophone soprano qui rappellent une petite abeille, zigzaguant entre les voix des autres instruments. Pièces multicolores, surprenantes, clownesques et homogènes ont énergisé la foule du début à la fin. Oui, en fermant les yeux, on aurait pu croire à un show donné par les Triplettes de Belleville. Je peux dire que je n’ai pas fini d’écouter Nulle Part Nord… et que j’ai trouvé ma parfaite playlist de chalet. (Aglaé Brown)  

Marjo

[caption id="attachment_62860" align="aligncenter" width="696"] Marjo – Photo : Jay Kearney/FCT[/caption] C’est à la prestation d’une rockeuse énergique, vraie, rayonnante mais surtout émouvante que nous avons assisté vendredi soir, une fois le soleil couché. Sachant que l’église du village servait de salle, on aurait pu craindre une certaine distance entre la célèbre chanteuse et son public, mais il n’en était rien. En sortant de ce spectacle très intime, je me suis sentie remplie d’amour et d’une envie de partir à l’aventure, avec les ailes du cœur volage, comme le chat sauvage pas apprivoisé que ses chansons nous ont appris à devenir. (Aglaé Brown)  

Erwan Pinard

[caption id="attachment_62861" align="aligncenter" width="696"] Erwan Pinard – Photo : Philippe Ruel/FCT[/caption] Coup de cœur. Un réel coup de cœur, rien d’autre à dire. Bien que le festival entier m’ait fortement impressionnée jusqu’ici, je dois dire que j’aurais pu ne voir que la prestation d’Erwan Pinard et j’aurais été amplement satisfaite. Alors que son style reste difficile à expliquer, j’ai l’impression d’avoir assisté, le temps d’une beaucoup trop courte heure, à un spectacle mélangeant à la fois humour, théâtre, conte, discussion courante, improvisation et musique. J’ai découvert que Pinard est sans contredis un écrivain d’un talent hors-pair, car chaque mot utilisé dans ses « histoires chantées » était soigneusement choisi et portait un sens lourd de dénonciation. À voir le visage des membres du public, je n’étais clairement pas la seule plongée dans un état d’admiration face à la poésie de ses mots qui coulaient comme de l’eau de roche mais qui, pardonnez-moi l’expression, fessaient dans face. Abordant à la fois le thème de la langue française, de l’amour, de politique et j’en passe, c’est un art totalement réinventé que nous a présenté cet artiste. C’est sans oublier que le public fondait en larmes de rire à chaque seconde, car impossible de résister aux expressions faciales de l’artiste et aux jeux de mots d’une intelligence impressionnante. Je ne sais pas encore totalement comment je me sens face à ce que j’ai vu sur scène à ce moment-ci. Si la musique a raison d’exister pour changer les choses, je lève mon chapeau à Erwan Pinard car ce n’est qu’une question de temps avant qu’il soit encore mieux découvert et il continuera de choquer les esprits de manière fortement constructive et d’ouvrir le monde à de nouvelles idées. (Marilou Boutet)

Valaire

[caption id="attachment_62862" align="aligncenter" width="696"] Valaire – Photo : Jay Kearney/FCT[/caption] La soirée était bien entamée et le sous-sol de l’église s’est remplit rapidement de festivaliers fébriles. Près du bar, un petit stand où sont vendus T-Shirts et CDs avait été installé : le ‘’Village des Valaires’’. Nous étions totalement étrangères au travail de ce groupe Montréalais et avons été surprises par cette soirée qui nous a permis de découvrir que ce groupe avait un style bien à lui : un mélange d’électro, de jazz groové et de dance où la trompette et le saxophone ajoutent une touche originale et rafraîchissante tandis que les basses raisonnent dans tous les corps. Derrière leurs verres fumés, les musiciens de la formation ont donné une prestation d’une intensité impressionnante, sans parler de l’énergie survoltée du public qui, sous des éclairages aveuglants, a sifflé, crié, ri, les bras dans les airs, du début à la fin du spectacle. On n’aurait pas pu trouver meilleure piste de danse! (Aglaé Brown)

Seba & Horg

Dans un local qui ressemble plus à un chalet qu’à une salle de spectacle, les portes ouvertes pour laisser entrer une douce brise, Seba et Horg font danser une foule pétillante d’énergie avec un rap rétro québécois qui était, je n’ai pas d’autres mots, sur la coche. Je pense qu’il s’agira d’une de mes plus belles découvertes du festival. Leur slam fluide donne envie d’apprendre toutes les chansons par cœur pour chanter avec eux, et ce n’est pas difficile de se sentir proche de leurs univers avec des paroles imagées et nostalgiques comme « Tu faisais ton Kraft Dinner devant Fred Caillou ». [caption id="attachment_62863" align="aligncenter" width="696"] Seba et Horg – Photo : Jay Kearney/FCT[/caption] On a envie que ça dure toute la nuit et quand vient le temps de faire un rappel, les deux musiciens se regardent, l’air abasourdis. « On n’a plus de tounes, on les a toutes faites! » La foule redouble d’applaudissements, et de sifflements. Ils s’approchent de l’avant de la scène, tous sourires, pour offrir un freestyle impressionnant à une foule agréablement surprise. C’était rythmé, c’était articulé, c’était la fête. Quand je reviendrai à Québec, je pourrai télécharger leurs chansons pis marcher dans les rues en me sentant comme dans un vidéoclip, le souvenir de leur habile performance nocturne en tête. (Aglaé Brown) Tadoussac nous a offert une deuxième journée de festivités forte en émotion et riche de découvertes musicale. Si la tendance se maintient, samedi sera inspirant et plein de rebondissement. Verdict : 2ième jour de 4, et nous sommes toujours en vie, mais surtout, toujours autant émerveillées par ce festival d’une beauté hors-pair.]]>

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