Quebec Social Club. Pour l’occasion, on avait même loué de beaux divans vintage et organisé les instruments de la meilleure façon possible pour l’enregistrement – c’est-à-dire en cercle, certains musiciens devant même parfois jouer dos au public ! Entre spectacle et séance studio, le résultat fut des plus intéressants.
Floes
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Floes – Photo : Alice Chiche[/caption]
Les trois musiciens de
Floes furent les premiers à se frotter à ce
setup particulier. Malgré le fait qu’ils n’aient pas présenté ce nouveau spectacle sur lequel ils travaillent et qu’on attend avec impatience, le groupe nous a tout de même fait cadeau d’une pièce toute fraîche. Sur
Elusive, le
groove planant de Floes prend des teintes de R’n’B accrocheur. Maniant habilement voix (Samuel Wagner),
beats électroniques (Simon Tam), guitare électrique (Pier-Philippe Thériault) et autres effets ou séquences, le groupe a démontré une fois de plus lundi dernier qu’il est possible d’aller loin avec peu d’effectifs. Wagner semblait être particulièrement en forme, sa voix s’aventurant autant dans les aigus – qu’on lui attribue volontiers – que dans des régions plus graves. Côté performance de groupe, on peut mentionner que
Burning Light est particulièrement ressortie du lot.
Gaspard Eden
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Gaspard Eden – Photo : Émilie Tremblay[/caption]
Gaspard Eden a ensuite pris le relais, accompagné par sa panoplie de musiciens de talent. D’entrée de jeu, il s’est lancé dans
NEBULA, pièce imbibée d’un grunge hallucinogène qui parle à nos tripes. Même lorsqu’ils l’ont jouée la deuxième fois – pour les besoins de la télé – on y sentait encore l’énergie brute que dégage ce nouvel avatar et qui fait contraste avec la poignante mélancolie qu’inspirait la musique d’Ego Death. Il est rare que je fasse le parallèle entre ces deux identités, mais la prestation de lundi dernier s’y prêtait particulièrement bien. En effet, elle semblait incarner à la perfection le passage de l’une à l’autre avec, d’une part, sa version boostée aux stéroïdes de
Troubles ainsi que, d’autre part, la progression stylistique exercée sur
Lucid Dreams, qui a véritablement semblé se métamorphoser sous nos yeux (ou plutôt, nos oreilles). Entre la mort et la renaissance,
Petite mort affichait pour sa part les couleurs à la fois sucrées et inquiétantes que l’on a découvertes dans les œuvres picturales d’Eden lors de son vernissage. Décidément, le projet semble se cristalliser et le résultat n’est pas inintéressant. Finalement, le groupe nous a laissé sur notre faim avec une version éclatante et un brin bluesy de
Sweet Spirit / Love Spirit.
The Blaze Velluto Collection
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The Blaze Velluto Collection – Photo : Émilie Tremblay[/caption]
Lundi dernier, j’ai redécouvert
The Blaze Velluto Collection. Devant réduire de moitié ses effectifs pour les besoins de l’enregistrement, le groupe jouait pour la première fois en trio. «C’est comme être tout nu», expliqua Blaze en riant. Or, cette nouvelle formule avait l’avantage de mettre les mélodies et la voix de Velluto à l’avant-plan, nous faisant découvrir des subtilités inattendues. D’autres fois, il mêlait son chant toujours à celui, plus aigu et espiègle, de Little Miss Roy dans des compositions qui rappellent les
Edward Sharpe and the Magnetic Zeros de ce monde…mais comparer simplement la musique de The Blaze Velluto Collection ne lui rendrait pas honneur. En elle-même, celle-ci se démarque par un caractère festif et ensoleillé – qu’on pouvait ressentir au cœur des pièces même sans tout leur arrangement instrumental – ainsi que par une certaine poésie narrative. Même sans tenir compte des paroles, la musique du groupe avait l’air de raconter une histoire.
À propos de Quebec Social Club
La soirée en elle-même fut intéressante sur le plan musical, mais qu’en est-il de tout le projet qui se tenait derrière cette initiative ? Coproduction du réalisateur François Dubé et du Pantoum, le Quebec Social Club a pour but de promouvoir des artistes anglophones de la Ville de Québec. C’est Bell qui fournit cette opportunité et qui en offrira le résultat à ses abonnés autour du mois de juin… Mais après un mois, le Pantoum se verra offrir tous les droits.
«Le but, c’est de permettre à un organisme comme le Pantoum d’avoir accès à du matériel et à une équipe professionnels pour faire des projets télévisuels», explique François Dubé, instigateur du projet qui fera le lien entre Bell et le Pantoum (qui l’eût cru ?).
«Comme réalisateur, je m’intéresse à la musique en général, et j’avais envie de faire découvrir ce qui se fait à Québec aussi», ajoute celui qui se spécialise en général dans le documentaire.
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Gaspard Eden – Photo : Émilie Tremblay[/caption]
À quoi pourrons-nous nous attendre pour le produit fini ? Ce dernier devrait inclure non seulement les prestations en direct tournées au Mælstrøm, mais aussi des extraits du quotidien des trois groupes. «
C’est une façon d’aller un peu dans leur univers, explique François Dubé
. On veut parler de leur musique, de ce qu’ils aspirent à faire, de leurs influences, de ce qui est important pour eux, etc. Et dans l’émission on veut passer de la prestation live à ces moments-là. Ça permet de connaître un petit peu mieux ces groupes-là sur les deux points de vue. »
En plus d’être une opportunité de faire connaître une musique locale d’une façon inhabituelle à un public qui y est peut-être moins habitué, ce tournage s’avère aussi être une sorte de coup de pouce de promotion pour des groupes anglophones qui, dans la réalité de la scène locale, peuvent parfois être confrontés à certaines difficultés. C’est ce que nous explique Vincent Cossette, du Pantoum.
« Je fais du pistage radio dans la vie, je fais aussi de l’édition…et placer une tune
anglophone, quand tu viens de la Ville de Québec, c’est extrêmement difficile. On ne se le cachera pas: il y a un quota franco et un quota anglo. Côté visibilité en tant que telle, c’est aussi extrêmement difficile de percer [à Québec]. Bien sûr, on peut voir que certains artistes anglophones de la Ville de Québec fonctionnent bien en ce moment : Fjord, Men I Trust… Pourquoi ? Parce qu’ils fonctionnent bien sur le streaming
, à l’international, sur internet… », explique-t-il.
« Nous, la session qu’on a faite, on va la donner aux artistes… Et justement, on a choisi des artistes qui allaient sortir un EP, un album, etc. On trouvait intéressant de choisir ces artistes-là pour que ce soit pour leur promotion, que pour la visibilité de l’artiste il y ait du visuel. »
Intéressant tout cela ! Et pourquoi donc avez-vous appelé ça
Quebec Social Club ?
« On trouvait ça drôle le côté ‘Tea Social Club
’, ‘Gentlemen Social Club
’… On se trouvait un peu baveux de prendre ce terme-là, parce que c’était un terme que la haute société [anglophone] utilise. Mais en même temps, on se disait que ‘Social Club
’ – ça veut dire rassemblement de personnes – ça pointait vers ce qui manque à Québec justement, cet aspect social. Alors parce que c’est une sorte de rassemblement musical, on a décidé de choisir ce nom-là… Et au lieu de prendre du thé, eh ben on prend une petite bière ! »
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