Mercredi soir, j’ai eu la chance d’assister à un concert semi privé avec des jams aventureux truffés de mélodies hypnotisantes et de prouesses rythmiques. Un band de New York et un band de Québec, les deux situés dans le champ gauche du rock, ont occupé la scène de l’Anti.
Le premier des deux, c’est le Charme, anciennement connu sous le sobriquet bunuelien «Le Charme Discret de la Bourgeoisie», un quatuor de Québec qui a connu maintes transformations au fil des ans mais pour qui on sent une sorte d’apogée en ce moment, avec la parution d’un excellent nouvel album prévue pour le 14 octobre prochain au Pantoum. Le set a débuté avec l’excellente «Refus Global», une pièce de Fitzcarraldo, et a pour l’essentiel été constitué du répertoire de ce nouvel opus. L’ensemble a manifestement une belle complicité et une belle créativité et le tout est interprété avec justesse, témoignant d’un réel progrès à bien des égards. C’était la mise en bouche toute désignée pour ouvrir la voie au délire-déluge qui allait suivre.
Pour ceux qui n’ont jamais vu Yonatan Gat, c’est assez difficile à rendre justice à l’expérience en mots, comme pourront en témoigner ceux qui l’ont vu au Festival OFF 2015 ou aux Nuits Psychédéliques 2016. D’abord, tout se passe sur le plancher des vaches, le band refusant de monter sur le stage depuis aussi longtemps que je les connais, préférant s’installer au beau milieu de la foule (relativement clairsemée pour l’occasion, je dois l’admettre). Les lumières environnantes s’éteignent avant la performance et les lampes du groupe, une rouge d’abord pendant l’intro menée par le guitariste qui donne son nom à la troupe, puis une verte qui donne le signe d’envoi au bassiste et au batteur qui offriront une trame musicale quasi ininterrompue pour la prochaine heure. Le principe est généralement le même: des jams frénétiques inondent les oreilles des spectateurs pour lier entre elles les pièces des deux plus récentes parutions, Iberian Passage et Director, toutes deux chez Joyful Noise. Au beau milieu d’une de ces transitions improvisées, Joe Dassin s’invite pour une dizaine de secondes ce qui m’a fait bien rire, alors que Yonatan interprète au passage une partie de la mélodie de «L’Été Indien», avec la face du gars qui se demande si son public va catcher la joke. La performance a été somme toute fort généreuse, comme d’habitude, et ce malgré la petite assistance réunie sur place, insuffisante pour énergiser vraiment les musiciens qui n’en ont finalement pas eu besoin pour donner une performance survoltée. Le batteur donnait parfois l’impression qu’il allait prendre feu, alors que les deux autres ne donnaient pas non plus leur place.
L’Anti a offert un beau contexte intime, d’autant plus intime qu’elle était à moitié vide, me donnant l’occasion d’assister somme toute à mon meilleur concert de Yonatan Gat, musicalement parlant, avec aucune note qui n’échappait à mon attention et une sonorisation plus qu’adéquate. Mais bon, il aurait pu y avoir deux fois plus de gens que je ne m’en serais pas porté plus mal. Dommage que les gens n’aient pas répondu à l’appel en masse, mais le concert était donc doublement plus précieux. Vous pouvez heureusement vous consoler avec les photos, une gracieuseté de Llamaryon.
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