[FESTIVAL] FME 2015: l'équipe se paie une soirée d'ouverture à son image

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TOTORRO (Crédit photo: Nathalie Picard)[/caption] Totorro a amorcé les festivités pour le volet de concerts intérieurs en injectant dans sa musique une énorme d’ose d’énergie. Leur post/math-rock est essentiellement instrumental, mis à part une petite portion de vocaux de groupes à la fin d’une pièce et une phrase répétée comme un mantra à la fin d’une autre, stipulant que les porte-avions se sont envolés. Leur musique kaléïdoscopique et syncopée n’avait heureusement pas à être complétée par des paroles pour que le divertissement soit au rendez-vous, et l’aspect technique de leur musique était non seulement fort impressionnant mais interprété impeccablement par des musiciens en feu. Si on peut reprocher au groupe un certain manque d’imagination du point de vue du style, on ne peut leur reprocher de manquer de goût, car ils semblent auprès de leurs influences, soigneusement choisies, mais avec une certaine difficulté à s’en détacher. Naviguant dans les eaux du nouveau rock des années 90, leur son est parfois similaire à celui des Redneck Manifesto ou de LITE, lorsqu’il ne ressemble pas à Explosions in the Sky, Mogwai ou aux Fucking Champs. Dans un registre plus moderne, on peut comparer certains morceaux à des titres de Fang Island, Civil Civic et enfin, mais un peu moins, à Yonatan Gat. Quoiqu’il en soit, ce fût une superbe découverte et le parfait compagnon pour réchauffer la foule avant que la légendaire formation Deerhoof ne prenne la scène d’assaut. Pendant l’entracte, j’ai pu me glisser vers le show de Doldrums qui battait son plein, le tout devant une foule parfois perplexe et parfois séduite. Il faut dire que les deux aspects de son répertoire lui permettent d’occuper la scène avec des artistes variés, tantôt plus bruyants et expérimentaux, tantôt plus pop électro. Il reconnaissait d’ailleurs que ce genre de concert est pertinent dans sa carrière car cela permet d’aller à la rencontre de mélomanes aux horizons diversifiés et d’élargir sa base. [caption id="attachment_11030" align="alignleft" width="300"]IMG_6307 DEERHOOF (Crédit photo: Nathalie Picard)[/caption] Le clou de ma soirée, c’était la performance du quatuor californien Deerhoof, qui suffisait à elle seule pour justifier le détour par les contrées nordiques. Déjantée à souhait, leur musique est un drôle d’alliage hyper pertinent entre du J-Pop, du bruit et du rock expérimental, mais elle est davantage inclassable et elle s’est diversifiée au fil des vingt ans de carrière et des nombreuses parutions et collaborations. Comme au FIMAV plus tôt cette année, ils ont offert un concert composé de pièces de l’ensemble de leur répertoire, assez bien choisies et délaissant à bon escient les pièces plus pop « normales » si on peut se permettre l’expression pour désigner ce qui est généralement un ovni musical. Pas le choix d’avoir le sourire étampé dans le visage quand on voit le batteur Greg Saunier tenter de se débrouiller en français et exprimer difficilement des choses bizarres et émotives sur la beauté de l’éclairage, ou le fait qu’il n’ait pas en sa possession de pantalon de rechange, entre autres. À la fin du concert, on lui a même apporté un gâteau d’anniversaire au chocolat dont les bougies ont été soufflées par le guitariste Ed Rodriguez. Impossible aussi de ne pas sourire devant les pas de danse de la bassiste et chanteuse Satomi Matsuzaki, très énergiques et enfantins, mais aussi très précisément ajustés aux rythmes imprévisibles des morceaux choisis. À la fin de la performance, elle a tenté de former une chorale avec le public et de lui faire interpréter les variantes du refrain d’une chanson à propos des pandas, avec un succès mitigé, un peu à cause de la complexité de la structure rythmique. Saunier et Matsuzaki ont même échangé de place l’instant d’un morceau redoutablement efficace en fin de concert. Comme le concert s’est terminé assez tôt, j’ai pu me diriger vers la scène extérieure et assister aux derniers morceaux du concert d’Ariane Moffatt, manifestement accordé à un public en grande partie conquis, qui chantait en coeur les paroles de ses chansons à succès. La fin du show doit avoir été repensée depuis la parution du plus récent album, car l’électro a la part belle et on se croirait dans une discothèque jusqu’aux dernières notes du concert. En guise de rappel, Moffatt est revenue sur scène armée de sa guitare pour interpréter une version acoustique de ce qui demeure probablement son plus grand hit : Je reviens à Montréal. Après un faux départ pendant le rappel, Barrasso a véritablement amorcé sa performance dès les dernières notes du gros show extérieur, sur une petite scène extérieure mais couverte près de l’entrée du site, et décorée avec des vieilles télés, ce qui m’a fait penser à un décor du Festival OFF de Québec il y a quelques années. La performance bien énergique et rock à souhait était tout ce dont le public festif avait besoin pour faire une bonne transition vers le dernier concert de la soirée, présenté au sous-sol du théâtre jouxtant les deux scènes extérieures et réunissant Crushed Out et Le Kid et les Marinellis pour un concert rock garage explosif. Forts de leur tournée américaine avec les Deuxluxes, le duo Crushed Out a livré une performance enlevante avec leur mélange de rock garage, de blues et de rockabilly qui faisait penser par moments aux White Stripes, et pas seulement parce que c’était une fille à la batterie. La performance s’est un peu étirée vers la fin, mais le public semblait ravi malgré le manque d’énergie de certains, ce qui n’a pas empêché la piste de danse d’être enflammée et peuplée par des visiteurs de renom. Après une relativement brève entracte qui semblait malgré tout interminable en l’absence de divertissements planifiés et d’énergie pour véritablement apprécier le moment, les Marinellis ont pris la scène d’assaut et livré une performance haute en couleurs, fidèles à leurs habitudes. Le public manquait peut-être un peu d’énergie à leur goût, car le chanteur offrait des bières et autres services au public, « pour faire son bonheur ». Même quand le groupe s’est mis à cracher de la bière, pour inviter les festivaliers à faire de même et ajouter une touche épique au concert, les gens se sont gardés une petite gêne et la foire n’a pas poigné autant que j’aurais crû, surtout connaissant la réputation du FME. Par chance que certains musiciens particulièrement en feu leur ont rendu la monnaie de la pièce à certains moments! Toutefois, si la performance avait été à la hauteur de leurs plus mémorables, il n’aurait pas resté beaucoup d’énergie aux festivaliers et c’eut été une erreur stratégique de placer dès le premier soir le concert le plus épuisant. Quoiqu’il en soit, on peut dire que cette première soirée du FME 2015 est un succès sur toute la ligne et cela ne laisse augurer que le meilleur pour la suite des choses. Allez voir les superbes images de Marion qui offre une couverture photographique exceptionnelle par ici : https://ecoutedonc.ca/2015/09/04/festival-fme-2015-jour-1-en-images/]]>

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