Manger du bois », qui était à l’époque un vent de fraîcheur dans un paysage musical qui commençait à peine à se décoincer. Leur mélange de folk, de blues et de cajun un peu sale, qu’on surnomme bluetrash dans certains cercles, détonnait un peu dans ce tsunami d’albums de pop de grange qui déferlait en même temps. Après une tournée qui nous a permis de faire connaissance avec la joyeuse troupe, voici Canailles de retour avec son deuxième album, Ronds-Points, qui explore de nombreuses directions tout en ne s’éloignant pas trop de sa zone de confort. Le premier simple, Titanic, est plutôt rassurant : Daphné Brissette chante avec l’assurance qu’on lui connaît et les sept autres membres du collectif l’accompagnent joyeusement. Trois minutes quarante plus tard, nous voilà rendus quelque part en Louisiane avec le groupe, juste à temps pour la première des pièces chanté par Dan Tremblay (Daniel « Manche-de-pelle »), qui est à la recherche d’une femme au Coeur de gawa. Une chanson aux mots crus, mais d’une sincérité qui rend le personnage encore plus sympathique. Bon, on savait déjà la gang de Canailles capable de faire du bon bluegrass de party, mais sur Ronds-points, c’est vraiment sur les chansons plus lentes et plus tristes que le groupe brille. Les cuivres sur Les grands élans donnent à la chanson une couleur qui n’est pas sans rappeler un autre gentil bum montréalais (Bernard Adamus – merci à Dorothée Nicholls pour le parallèle). Quant à Fromage, une pièce de 10 minutes, c’est absolument tout le savoir-faire du groupe qui y passe. Des montées, des descentes, de l’intensité, de la douceur, de la cacophonie, des harmonies, mais surtout une ambiance sombre digne d’un film d’horreur muet dans sa partie instrumentale! On sent que le groupe a gagné en assurance et les voix ont pris du galon : Daphné Brissette et Dan Tremblay ne sont pas seuls à prendre les devants, Erik Evans, Annie Carpentier et Alice Tougas-St-Jak ont leurs petites chansonnettes aussi! Finalement, Ronds-Points est exactement ça : un carrefour où nos comparses ont regardé à l’horizon dans toutes les directions tout en demeurant fidèles à eux-mêmes. Oui, il y a quelques répétitions, mais en même temps, cet album est beaucoup plus varié que ne l’était Manger du bois. À écouter dans le piton sur la galerie, une petite frette entre les jambes, en regardant passer les machines. Le 24 avril au Cercle. Avec les Deuxluxes en première partie. Ça va être la fête!
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Canailles – « Ronds-points » (Grosse boîte) 8/10
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