Samedi 9 juin
Après deux journées très agréables sur le plan de la météo, c’est le samedi que nous avons pu comprendre en quoi Bonnaroo avait la réputation d’être un festival meurtrier. Il faisait 30 degrés à l’ombre, le soleil était de plomb et la poussière commençait à lever après quelques jours de beau temps. Évidemment, c’est ce jour-là que j’oublie mon chapeau à la tente… heureusement, j’ai toute la crème solaire nécessaire… et trois litres d’eau sur mon dos!
Pendant que mes amis sont allés voir The Devil Makes Three, ma journée était supposée commencer par la prestation de Darondo, chanteur funk-soul qui fait l’objet d’un culte parmi les plus grands fans du genre. J’étais très curieux, surtout après avoir entendu quelques extraits de son album paru en 2011. Malheureusement, environ une heure avant le spectacle, on nous a appris une mauvaise nouvelle : Darondo ne serait pas là aujourd’hui. Triste.
Je suis donc allé faire un tour à la Broo’ers Tent, le festival de la bière de Bonnaroo. Après un ou deux verres d’IPA (quand ils ne boivent pas ces trucs infects que sont la Bud, la Miller ou la Coors, les Américains boivent beaucoup d’India Pale Ale), j’ai entendu une musique qui m’était familière… C’était Dawes, que j’avais manqué le vendredi soir (en même temps que St. Vincent), qui jouait sur la petite Sonicstage pour un petit 30 minutes. Je me suis rendu vers la scène, où j’ai pu attraper quelques-unes de mes préférées de ce groupe qui fait du bon vieux rock aux accents country avec une sincérité qui remplace aisément tous les gadgets qu’on peut voir dans un spectacle à grand déploiement. Au fond, ce petit changement imprévu au programme m’a fait le plus grand bien (ci-dessous, un clip de la prestation de Dawes le vendredi soir, qui est beaucoup plus représentatif de ce que vous verrez d’eux en spectacle).
En après-midi, alors que le soleil montrait toute sa puissance à qui voulait bien souffrir, nous avons assisté à l’une des prestations les plus énergiques de la fin de semaine quand Flogging Molly est débarqué à That Tent. Nous n’avons pas pu nous protéger du soleil en nous massant sous la tente. À quelques mètres devant nous, des jeunes et moins jeunes se sont créé un moshpit… fort à propos quand on sait que Flogging Molly, c’est un groupe folk aux accents punk (à ne pas confondre avec les Dropkick Murphys, qui sont un groupe punk aux accents folk).
La prestation? En voulez-vous de la folk celtique de party? En vlà! Autant la veille, au même endroit, la foule était silencieuse et respectueuse, autant cet après-midi là, tout le monde dansait, chantait, faisait des HEY! et dans la tente, tout le monde faisait de même, mais dix fois plus follement. Vraiment, le spectacle était beau à voir. Mais de l’extérieur où nous étions, il faisait un peu chaud.
Après un bon souper (à l’ombre, autant que possible), j’ai laissé mes amis aller voir Mogwai (paraît que j’ai manqué quelque chose…) et je suis allé attraper quelques mesures de Childish Gambino. Vous connaissez peut-être mieux ce rappeur sous son vrai nom : Donald Glover. Troy, dans la série télé Community!
J’étais loin derrière et le son était pourri, mais les gens semblaient bien s’amuser à l’avant. Et il faut avouer que le débit et le vocabulaire de Glover sont assez savoureux. On est loin du gangsta rap, ici. Et c’est tant mieux.
On se serait quand même passé de sa version de Rolling in the Deep… 😉
Après Childish Gambino, je suis allé voir un des plus grands groupes de hip-hop d’aujourd’hui, The Roots. Écoutez, je ne suis pas un grand fan du genre. Je suis plutôt indie, à saveur plus ou moins folk. Le hip-hop et moi, c’est vraiment comme le feu et l’eau. Pourtant, ce soir-là, il y a eu comme une connexion qui s’est faite.
Était-ce l’hommage à MCA, des Beastie Boys? Était-ce l’interprétation de Sweet Child O’ Mine? Je ne crois pas. Je crois plutôt que les membres de The Roots étaient en pleine possession de leurs moyens et nous ont donné un spectacle rempli de vrai. Comme dans un « vrai band ». Comme dans de la « vraie *bonne* musique ». Ensuite, que les couplets soient chantés ou parlés, on s’en fout, non?
Alors, qu’est-ce que j’ai fait? J’ai fait comme tout le monde. J’ai dansé. J’ai dépensé toute mon énergie à danser comme un zouf. White men can’t dance? On s’en câlice. 🙂
Festival d’été de Québec, pourquoi ne pas inviter The Roots en 2013?
Mes amis sont venus me rejoindre pour les têtes d’affiche de la soirée, les Red Hot Chili Peppers. J’ai peut-être commis une hérésie en dormant une partie du spectacle, mais je dois vous avouer que j’étais exténué, surtout après les quelques pas de danse effectués pendant The Roots.
J’en ai quand même assez entendu pour savoir que les Red Hot, qui existent depuis 30 ans déjà, ont joué de prudence et balancé tous leurs hits un après l’autre. Les fans en ont vraiment eu pour leur argent, j’ai eu l’impression d’entendre Californication, tout le monde est heureux.
Il n’en demeure pas moins que de voir en personne le jeu de basse de Flea, un des meilleurs bassistes au monde, est assez impressionnant.
Il restait un autre élément à notre liste de la journée et même si nous étions déjà morts de fatigue, il était de notre devoir de voir une légende du rock : ALICE COOPER. Nous avons assisté à la première partie du spectacle et franchement, nous avons eu droit à un Alice Cooper en feu, qui a donné, pour ceux qui sont restés, une prestation de deux heures pleine d’énergie.
Le gars a beau pouvoir retirer des chèques de la Régie des rentes du Michigan depuis des années, il a beau ne plus avoir de voix et chanter tout croche, il donne encore tout un spectacle haut en couleur. Décors, costumes, mascottes, objets, tout y passe! Ses musiciens, plus que compétents, rendent justice à ses classiques (School’s Out, I’m 18), de même qu’aux pièces qu’il fait pour la première fois sur scène.
En passant, nous avions déjà quitté les lieux pour retrouver nos tentes, mais Alice Cooper s’est totalement réapproprié la chanson Born this Way, de Lady Gaga. Et quand je dis qu’il se l’est réappropriée, je suis sérieux : sauf pour quelques passages (je ne crois pas que la mère d’Alice lui mettait du rouge à lèvres quand il était petit), on avait l’impression que la chanson avait été composée par Alice Cooper, pour Alice Cooper. Incroyable. Je vous laisse regarder.
La rumeur courait qu’au lieu du spectacle prévu à deux heures du matin (un hommage à Van Halen, comme on fait à Woodstock en Beauce), on aurait peut-être la chance de voir le supergroupe Atoms for Peace. J’ai bien fait d’aller me coucher. Unchained (le groupe hommage) a impressionné les 200 personnes qui sont restées jusqu’à la fin de leur prestation. Mais y’a eu du monde déçu…