Arcade Fire
The Suburbs
(Arcade Fire)[/caption]
Il y a près d’un an, soit le 2 août 2010, le groupe montréalais Arcade Fire lançait The Suburbs, son troisième album, qui était des plus attendus. La critique était unanime : il s’agissait d’un des meilleurs albums de l’année, fait confirmé par les prix remportés par le groupe un peu partout. De leur côté, les fans de la première heure étaient un peu déçus : The Suburbs ne sonnait pas comme l’excellent et énergique Funeral. Win Butler et sa bande les avait abandonnés. Était-ce réellement le cas?
Près d’un an après sa sortie, le groupe se prépare à lancer une version améliorée de l’album, comprenant le court métrage Scenes from the Suburbs de Spike Jonze, un remix (Ready to Start) et deux nouvelles pièces (Culture War et Speaking in Tongues, en collaboration avec l’ex Talking Heads, David Byrne). Le remix n’est pas mauvais (on a fait comme dans le bon vieux temps, on n’a pas trop touché à la structure de la pièce, se contentant d’ajouter 3 minutes de rythmes plus dansants à la fin, un peu à la Shout ou True Faith) et les deux nouvelles pièces vont ajouter à l’ambiance générale de l’album.
J’aimerais toutefois, si vous le voulez bien, vous ramener un an en arrière et réécouter ce disque.
Au fond, The Suburbs est l’anti-Funeral. L’énergie brute du premier album a fait place à un propos et une musique tout en nuances, qui ne réinvente pas nécessairement la roue, mais qui fait tout très bien. C’est un album empreint de nostalgie qui sent autant la banlieue de Houston des frères Butler que la rive-sud de Montréal et le mail Champlain de Régine Chassagne. Malgré cette nostalgie et ce regard cynique sur l’étalement urbain auquel notre génération a assisté bien assis aux premières loges, le propos demeure ancré dans le moment présent (« They heard me singing and they told me to stop / Quit these pretentious things and just punch the clock », chante Régine dans Spral II (Mountains Beyont Mountains); en une phrase, on vient de dénoncer l’anti-intellectualisme qui frappe notre société).
Je me souviens qu’à la première écoute, les chansons qui m’avaient le plus marqué étaient les chansons qui bougeaient le plus ou qui avaient la plus lourde charge émotive. Ready to Start, Rococo, Empty Room, Month of May, We Used to Wait et Sprawl II touchent l’auditeur immédiatement. Pourtant, au fil des écoutes, ce sont les chansons plus tranquilles qui se démarquent et qui risquent de devenir intemporelles. Deep Blue est une de ces pièces qu’on avait presque le goût d’ignorer au début et qui nous hante un an plus tard. Ce crescendo riche et complexe illustre de belle façon les dernières années du 20e siècle. Suburban War est un autre de ces moments. Au départ, cette chanson me semblait avoir tous les défauts de Neon Bible, le deuxième album, qui se voulait grandiose mais qui, au final, s’est avéré pompeux. Voilà une autre chanson qui a grandi à force de l’écouter. « All my old friends, they don’t know me now », phrase brutale, mais remplie de vérité.
The Suburbs joue autant aujourd’hui qu’il jouait à sa sortie. C’est le seul album que j’ai mis au complet sur mon iPod. Dès que j’entends les premières notes de la pièce-titre, j’enlève le mode aléatoire et j’écoute l’album au complet, comme il se doit. C’est mon album préféré d’Arcade Fire. Et cet album, il est un peu comme le bon vin : il vieillit bien.
https://open.spotify.com/album/3DrgM5X3yX1JP1liNLAOHI]]>