Tantale, le premier album complet de Monogrenade paru en 2011, sur lequel on pouvait entendre un groupe talentueux et prometteur qui joue une musique atmosphérique, mais entraînante, qui marie brillamment l’électronique et les instruments plus classiques. Bref, du beau travail, et nous avions hâte d’entendre la suite. La suite, vous pourrez l’entendre sur Composite, le deuxième album fort attendu, et réussi, de Jean-Michel Pigeon et sa bande. Musicalement, Composite est une suite logique à Tantale. On se replonge dans la même pop atmosphérique qui marie brillamment l’électronique et les instruments classiques (notons les coups de main de Pietro Amato et son cor français, ainsi que des cordes sidérales des Mommies on the Run), mais en même temps, on ne peut qu’apprécier l’expérience acquise par le groupe ces dernières années. Cette expérience s’est traduite en assurance et ça paraît. Ça commence en force, avec un duo Portal/Composite où un mur de synthés laisse place à ce qui semble être une ballade piano-voix, mais est en réalité une chanson pop arrangée avec une richesse qui peut évoquer un Patrick Watson un peu plus technique et un peu moins soul. La dernière minute de la pièce, qui fait la part belle aux cordes, donne quelques frissons. À l’écoute de L’aimant, je peux comprendre certains critiques qui se plaignent de la voix de Pigeon, qui semble parfois calquée sur celle de Louis-Jean Cormier (ce qui peut être agaçant quand Karkwa est manifestement une influence musicale). Heureusement, on a eu la bonne idée de ne pas trop en mettre au mixage. On entend la voix de Pigeon juste assez bien pour que ceux qui y accordent toute l’importance du monde puissent bien comprendre les paroles tout en permettant à ceux qui préfèrent se concentrer sur la musique de le faire. Cercles et Pentagones suit et c’est très bon. Il y a un petit côté New Order à cette chanson et le crescendo à la deuxième partie de la pièce est tout simplement délectable. Cette explosion, à la fin… Wow, un vrai feu d’artifice musical. Labyrinthe, de son côté, est une chanson typiquement indie rock mauditement bien faite où on a su tirer le meilleur parti de la voix d’ange de Marie-Pierre Arthur. Après une J’attends convenue, mais fort sympa, Monogrenade sombre dans l’électropop orchestrale sur Métropolis, une chanson lourde et froide qu’on aurait peut-être voulu plus longue, comme c’est le cas avec Phaéton, qui aurait mérité une construction en plus de trois courtes minutes. Je ne serais pas surpris d’entendre un jour un remix de Tes Yeux, qui a quelques accents disco pop fort agréables. On tape joyeusement du pied, là. L’album se termine sur Le fantôme, une pièce qui montre ce que les gens de Monogrenade sont capables de faire quand on leur laisse le temps de construire une chanson. Pas pour rien qu’orchestral rime avec magistral… Sur Composite, la plupart des qualités de Monogrenade sont aussi ses défauts et vice-versa. Le groupe est capable de jouer des chansons de 7-8 minutes et de faire « monter la sève », mais il se contente souvent d’une parcelle au lieu d’occuper le terrain au complet. Oui, il y a quelques lacunes, notamment sur le plan des paroles, la musique vient souvent tout faire oublier. Oui, ça a parfois l’air calqué sur Karkwa et Patrick Watson, mais sur une étagère, c’est exactement là, entre Karkwa et Patrick Watson, que la pochette l’album va se trouver. Malgré ses petits défauts, Composite est un excellent album tout à fait dans l’air du temps, qui laisse à Monogrenade un bel espace où évoluer. En vente chez votre disquaire préféré dès le 4 février.
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Monogrenade, « Composite » (Bonsound) 8/10
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