Par Maxime Beaulieu
Depuis le mois de mars, je répète à qui veut bien l’entendre que « Dogue » d’Ariane Roy est l’album de l’année, tous style confondus. D’abord parce que c’est particulièrement excellent comme opus mais surtout parce que l’autrice-compositrice-interprète est allée complètement ailleurs d’où on l’attendait. Un virage un peu plus hyperpop, une musique qui a vraiment du mordant, pour ne pas trop faire de jeux de mots. Jacques a eu la chance de voir Ariane au festival FONO en septembre, de mon côté je l’ai vue au FME en août, mais la formule festival n’était qu’un apéritif. Rien au monde ne pouvait nous faire manquer le spectacle à guichets fermés à l’Impérial Bell le 17 octobre, cette date était encerclée depuis bien longtemps sur nos calendriers.
BéLi

Par Jacques Boivin
Pour commencer cette soirée, les programmateurs ont eu du pif en invitant BéLi à s’exécuter en première partie. La jeune autrice-compositrice-interprète était entourée de deux musiciens, dont Blaise Borboën-Léonard derrière les synthétiseurs. Sous un éclairage très stroboscopique (on espère que personne n’a fait de crise), l’artiste nous a interprété les chansons hyperpop de son album « XUV ». Une perfo très aérienne, où la voix d’Ariane Belliveau se perdait un peu dans le mix, ce qui rendait l’écoute plutôt difficile pour ce public qui tentait pourtant de tendre l’oreille. C’est dommage, parce que un, musicalement, c’était très solide et entraînant, et deux, je me souviens de la claque dans la face qu’elle nous avait donné au Phoque OFF (à quatre, avec la batterie qui menait le rythme de façon plus organique), alors on sait de quoi cette artiste fort prometteuse est capable, surtout qu’elle a pris une grande aisance sur scène. On se reprendra, ce ne seront pas les occasions qui vont manquer!
Ariane Roy

Par Maxime Beaulieu
Deux têtes de chiens sur des mannequins décorent la vaste scène remplie de claviers et synthétiseurs. C’est le band de feu d’Ariane qui fait d’abord son entrée avec Jeanne Laforest (voix et synthétiseurs), Vincent Gagnon (claviers et synthétiseurs), PE Beaudoin (batterie) et Dominique « Minou » Plante (voix, basse, guitare et claviers), la tension monte jusqu’à l’arrivée spectaculaire de la grande reine de Québec! La foule est en extase, les musicien.nes sur scène sont en grande forme, tout semble rouler sur des roulettes! On enchaîne la pièce titre de l’album suivi de l’excellente Âmes soeurs, la chanteuse est survoltée, n’hésitant pas à sauter un peu partout sur les planches. Pour la troisième pièce, Ariane doit empoigner sa guitare, c’est là qu’elle nous révèle la supercherie, depuis le début du concert elle n’entend rien dans ses moniteurs intra-auriculaires. Honnêtement, si elle ne l’avait pas mentionné, probablement que tout le monde n’y aurait vu que du feu. Ces petits pépins techniques vont venir marquer l’ensemble de la prestation. En fait, pour la foule ça n’a absolument pas terni son plaisir, les yeux plus aiguisés par contre auront remarqué davantage de tension chez les musicien.nes qu’à l’habitude, mais le spectacle a été tout simplement incroyable tout de même.

Je dois l’admettre, je n’étais pas le plus grand fan du premier album « Médium plaisir », à l’époque j’écoutais encore très peu de musique pop et, à l’exception de deux ou trois chansons, l’album n’était pas trop dans mes cordes. Je le réécoute aujourd’hui et je suis un peu déçu de mon manque d’ouverture musicale d’antan. Malgré tout, j’avais bien aimé les sorties subséquentes, dont Charlie en collaboration avec Valence et, évidemment, le supergroupe ultime de la pop queb Le Roy, la Rose et le Lou(p). Mais c’est vraiment avec Agneau, premier extrait de « Dogue »,que j’ai pogné quelque chose. J’y découvrais une Ariane Roy plus intense, puissante, assumée, affirmée et surtout une exploration musicale bien loin de ce à quoi on aurait pu s’attendre pour un deuxième opus. Quelques mois plus tard, les dix nouvelles chansons se succèdent sur mon tourne-disque et à chaque nouvelle pièce mon excitation pour ce projet ne faisait que grandir. Jusqu’à I.W.Y.B., là on était complètement ailleurs, une bombe électro déchaînée qui donne le goût de danser comme on n’a jamais dansé de notre vie. On revient au spectacle à l’Impérial, évidemment c’était une des chansons les plus attendues par la foule et il n’y a pas à dire ça a été remarquable. Maintenant accompagnée de deux danseuses sur scène, Eva Carrubba et Émilie Wilson, le trio enfile des têtes de chien et c’est l’euphorie, l’extase, l’ivresse. Le moment parfait pour oublier tous ses problèmes en se laissant aller, se libérer de nos laisses.

On avait beau être en octobre, à l’intérieur du théâtre centenaire il faisait plus que chaud. Il est donc temps de se calmer pour terminer le spectacle avec deux chansons du premier album ainsi que la pièce ultime de « Dogue », l’excellente et émotive Berceuse. Ça ne prend pas des études en enquête pour se douter qu’il y aura un rappel, la chanson phare d’Ariane n’a pas encore été jouée. Après les applaudissements et cris soutenus du public, le quintet revient sur scène pour deux morceaux supplémentaires. D’abord Ta Main mais bien évidemment la désormais classique Fille à porter. Au grand plaisir de la foule, la sœur artistique d’Ariane, Lou-Adriane Cassidy, se pointe le bout du museau pour une grande communion entre les deux chanteuses à thématique canidée. Un pur moment de bonheur pour toutes et tous dans la salle, qui nous rappelle à quel point la musique québécoise de Québec est grandiose et foisonnante.
On s’attendait à tout un spectacle à la hauteur de l’incroyable nouvel album d’Ariane Roy et personne n’est ressorti de l’Impérial Bell déçu. Si du haut de la scène la chanteuse et son groupe risquent de se souvenir davantage des problèmes techniques, ce n’est vraiment pas ce que les spectatrices et spectateurs retiendront de cette performance magistrale. On est plusieurs à s’être exclamé un beau gros « Vive la musique québécoise! » en sortant de la salle. Il n’y a pas à dire, ce n’est plus juste une référence à son patronyme lorsqu’on qualifie Ariane Roy de reine, c’est qu’elle est, sans aucun doute possible, parmi la royauté de la scène musicale d’ici.
Galerie photos












































































