Samedi 6 septembre (suite)
Aus!funkt

Par Jacques Boivin
Aus!FUNKT, c’est un de ces ovnis musicaux qui t’impressionnent autant par leur musique que par leur esthétisme. Le groupe montréalo-torontois ne fait pas que proposer du disco minimaliste extrêmement dansant aux accents post-punk, il le fait avec panache et théâtralité… et un brin d’humour. La musique est crue, les beats, les synthés et les guitares sont démentiels, ça sonne comme si la fin du monde était arrivée et qu’on n’avait rien d’autre à faire que de s’éclater, tout ça pendant qu’à l’avant-plan, une personne masquée nous invite à déconnecter quelques instants, un clavier d’ordi à la main (oh, l’ironie). Et le public dans tout ça? Le parterre bien rempli (grâce aux rayons de Galarneau qui est enfin sorti de sa cachette) avait visiblement beaucoup de plaisir, ça dansait comme s’il n’y avait pas de lendemain (une bonne pratique pour la fin du monde, non?). Mission accomplie!
Alphonse Bisaillon

Par Maxime Beaulieu
J’ai vu Alphonse Bisaillon au début de l’année au Théâtre Petit Champlain, c’était cool mais je n’avais pas l’impression que c’était le bon environnement, un show assis, pour l’énergie du chanteur. Il y a une semaine, j’ai réussi à attraper la fin de son show au FME en Abitibi-Témiscamingue, juste assez longtemps pour réaliser à quel point le public debout ajoutait à l’expérience. Alphonse y est allé de quelques interactions où il soulignait l’importance de s’organiser en communauté afin de faire la révolution. Il ne m’en fallait pas plus pour mon petit cœur de punk, j’ai donc « volé » la couverture à mon rédacteur en chef afin de revoir le spectacle dans son entièreté. La mise en scène est exceptionnelle, les musicien.nes sont impressionnant.es, les tounes sont excellentes et le public était plus que conquis. Entre chansons douces au piano et bombes qui se terminent en moshpit, entre Boris Vian et les Vulgaires Machins, entre solitude et rébellion, rares sont les artistes qui m’ont autant surpris qu’Alphonse Bisaillon dans les dernières années. Le jeune homme de Saint-Hyacinthe est à la finition de son premier album complet, vous pouvez être assuré que je serai en première rangée pour le lancement à Québec.
Melvin

Par Jacques Boivin
Melvin était tout sourire lorsqu’il est monté sur la petite scène de l’Ampli de Québec pour présenter ses plus récents bangers. En forme et en verve, le jeune artiste qui fait tourner bien des têtes depuis le début de la décennie nous a aspiré dans son univers musical où s’entremêlent rap, R&B et afrobeat. Le flow efficace, le mot juste, tout ça se juxtaposait à merveille aux beats balancés par Lou Fre$h. Et difficile de résister à la bonne humeur du Limoulois qui avait son lot de fans dans la salle!
Alice Bro

Par Luc Belmont
La cousine du lapin Energizer confesse son originalité d’avoir la caisse de tambour dans le dos. Pratique pour jouer du banjo, et surtout pour chanter d’une voix forgée. L’orchestre trio éparpille les morceaux aux formes de folk traditionnels joués à la bonne franquette. Les textes d’Alice Vander Brault sont imbibés d’un sarcasme contagieux avec lequel elle éponge la saleté du monde moderne. Ses contes légendaires se parcourent comme l’instruction d’un mode de vie alternatif, dépité des affres bétonneux. Les polyphonies vocales ont fait la valse et le tango aux bougeoirs les plus agités. Une flamme éclairait des parties éparpillées d’une histoire, dont les pages déchirées gisent sur une table sur laquelle la cire fond.
Crispin Way

Par Jacques Boivin
Il faisait chaud dans la section « Biologique et naturel » du Marché Tradition pendant la prestation de Crispin Way! L’artiste originaire de la Colombie a fait danser tout autant les boîtes de céréales que le grand public grâce à sa musique métissée. En effet, Cristian (de son vrai nom) mélange le hip-hop, le dub et la musique latine urbaine pour créer un univers musical chaleureux et dansant, un décor parfait pour oublier tous nos problèmes le temps de quelques belles chansons sur lesquelles il était presque impossible de ne pas se déhancher. Je vous jure que s’il avait joué en après-midi, il n’aurait pas plu une goutte dehors parce que Crispin Way réchauffe autant que les rayons du soleil!
Absolute Losers

Par Jade Poliquin
Absolute Losers? Je ne crois pas! Absolute Rockstars serait un nom plus juste pour ce trio rock à tendance punk de la fin des années 1970, nous provenant directement de Charlottetown. C’est avec un magnifique coucher de soleil que ce band nous a donné une prestation décadente qui a fait danser plus d’un! Enfants comme adultes, tout le monde y a pris goût! Ils effectuent à merveille leurs chansons et pour le son, tout y était. Un des moments qui m’a marquée durant leur prestation fut clairement quand le chanteur a remis à une jeune fille d’environ 3 ans un de leurs setlists. La jeune fille a alors crié de joie!
Meggie Lennon

Par Maxime Beaulieu
Le pluie a eu raison de la première vitrine de Meggie Lennon, prévue en après-midi sur la scène extérieure au coin St-Joseph/St-Anselme. Quelle tristesse de manquer celle que j’ai vu tripper sa vie la semaine précédente devant tant de shows au FME. Je me reprends donc pour sa prestation au Théâtre La Bordée, un peu à la course entre deux spectacles. Il faut dire que l’album « Desire Days » sorti en juin dernier est vraiment bon, de la belle pop rêveuse qui est un réel plaisir à écouter. En show elle est accompagnée d’un band tout étoile qui ne fait que rendre les pièces encore plus merveilleuses. Encerclez le 19 décembre sur votre calendrier, elle effectuera son lancement au Pantoum avec nul autre que Super Plage qui lancera de son côté « Grosse Maison ».
Elisapie

Par Frankie Rose
Ça fait deux ans que « Inuktitut », un album qui a changé la vie d’Elisapie, est sorti. C’est ça qu’elle a souligné au début de son spectacle à l’Impérial Bell le samedi soir. Elle a donc interprété les reprises qui se trouvent sur l’album: Taimangalimaaq (Time After Time), Sinnatuumait (Dreams), Uummati Attanarsimat (Heart of Glass) et Qimatsilunga (I Want to Break Free), entre autres, et elle a expliqué les significations derrière les chansons. Elle nous a transportés devant les montagnes de Salluit et elle nous a entraînés dans ses souvenirs. Tout était intime, mais aussi énergique. Accompagnée par ses musiciens, dont Jérémie Essiambre à la batterie, elle avait le contrôle total du centre de la scène — les chansons Wolves Don’t Live by the Rules, Call of the Moose et les numéros dansants vers la fin étant particulièrement puissants. La musique d’Elisapie est déjà remplie de charme. En spectacle, grâce à ses interactions avec la foule, une touche encore plus belle était ajoutée.
Luvleelou

Par Maude Bond
Luvleelou est un duo formé de musicien·nes connu·es de la scène de Québec : Véronique Lévesque et Jérémy Cornellier. Impliqué dans divers projets distincts, le couple voulait maintenant créer ensemble. Ils ont misé sur un son bubble grunge, et une esthétique teintée de nostalgie vintage qui emprunte aux années 1990 et au années de gloire de Tumblr et Instagram, mais, surtout sur un propos empreint d’authenticité, qui a trouvé écho auprès du public curieux rassemblé. Le duo a joué une bonne partie de son répertoire déjà en voie d’être bien fourni, notamment en nous apprenant à chanter l’accrocheuse A little happy now. On a même eu la reprise End of beginning de Djo. Dans la chanson Late Bloomer, Véronique nous dit que ça parle du fait de vouloir faire de la musique dans la vie, mais que passé vingt ans, il y a quelque chose de loser là-dedans. Personnellement, j’ai trouvé que le groupe était tout sauf des perdants ce soir.
Les textes abordent avec justesse le passage à l’âge adulte et les épreuves du quotidien. On ne peut que se reconnaître en eux ou être transporté à la belle époque de nos tendres années en les voyant. Jusqu’à maintenant Luvleelou n’avait partagé sa musique presque qu’exclusivement en ligne jusqu’à… Mis à part une tournée en Allemagne! On peut dire que ce band secret, commencé sans prétention, est maintenant dévoilé au grand jour. On sentait que les deux musiciens contents d’enfin montrer leurs chansons à leur entourage et au public de Québec! Ces gens introvertis avaient l’air reconnaissants qu’on les accepte totalement. On sentait aussi la complicité de Jérémy et Véronique, qui paraissent heureux de partager la scène ensemble. Comme le nom Luvleelou, ils étaient trop mignons!
Pomegranate

Par Luc Belmont
Un quatuor déchaîné aux idées claires, à la démarche résolument satisfaisante. Un effet de téléphone apaise le vocal en rendant son aspect crieur lointain. Les hymnes enjôleurs des refrains succèdent aux couplets ambigus en reflétant le bon goût musical du groupe. L’infusion de pop accrocheur se dilue au-delà de la solubilité dans une limonade vigoureusement exotique. Les couleurs de l’automne se combinent dans un fruit de moisson punk. La goupille saute pour libérer les pépins du quotidien. Les relais entrepris par les cordistes s’entre-interpellent dans un jeu de braise. Le public a sautillé, brassant ce sous-sol étroit qui apportait l’esprit DIY à ce moment plaisant.
Patche

Par Jacques Boivin
On croyait avoir tout vu et entendu en fin de semaine, mais non, il nous restait une vitrine, et pas la moindre, puisque les chums de Patche allaient terminer ça avec panache dehors, sur la rue Saint-Joseph, avec leurs explorations musicales surprenantes, mais accessibles. Les synthétiseurs ont la part belle dans les créations du quintette composé de quelques-uns des créateurs les plus déjantés de la scène musicale, mais ils ne sont pas seuls, une vraie de vraie batterie (Mandela Coupal Dalgleish) marque le beat et Étienne Dupré a beaucoup trop de fun à la basse pendant qu’Elliot Durocher Bundock, Jean-Bruno Pinard et Lévy Bourbonnais remplissent l’air ambiant avec leurs bidouillages souvent improvisés, mais toujours en symbiose. Je vais l’avoir dit souvent ce week-end, mais « impossible de rester de glace » devant une musique aussi entraînante, nos hanches se laissent aller pendant que le reste de notre corps produit une généreuse dose de sérotonine! Ça annonce bien pour la sortie du prochain album « Mode » prévue pour le 17 octobre prochain!
Les Louanges

Par Jacques Boivin
Ça faisait un méchant bail qu’on n’avait pas vu Les Louanges à Québec! Vincent Roberge et sa bande de musiciens (dont le toujours excellent complice Félix Petit) étaient les invités surprise de cette fin de festival. Bon, on se doutait un peu que Vincent allait venir faire son petit tour après le show qu’il a donné au FME, mais ça fait quand même plaisir de le voir, surtout que l’artiste originaire de Lévis avait beaucoup de nouveau matériel à nous proposer.
Il y avait en ouverture la nouvelle GODDAMN!, qui annonce un nouveau tournant dans l’univers musical de l’auteur-compositeur-interprète. Allez-vous me croire si je vous disais qu’il y avait une petite touche de country dans les nouveaux morceaux de notre Loulou préféré, ne serait-ce que parce qu’il a clairement retrouvé le plaisir de jouer de la guitare? On est encore loin du westeurgne d’Alex Burger, mais sérieux, mettons que c’est un peu plus proche de Nashville que de Brooklyn! Mais surtout, ça marche terriblement bien, surtout avec ces paroles qui montrent toute la maturité acquise au fil des ans et des compositions. Vincent est ailleurs, il voit le monde autrement. Il aborde plein de sujets importants à l’heure actuelle : l’inclusion et le consentement, tout ça en deux pièces faites sur mesure pour être jouées sur scène. Avant de se lancer sur Pitou (ironiquement, une histoire d’un ado stalker).
Malgré le changement de cap évident, le passage de la panthère au coyote (son animal fétiche pour 2026) se fait en douceur, les nouvelles pièces s’intègrent parfaitement aux vieilles qui n’ont pourtant pas été réarrangées. Au contraire! Pigeons, Tercel et autres La nuit est une panthère (qui a permis à la crowd de chanter à l’unisson pendant que Vincent se reposait les cordes vocales) sonnaient comme dans nos souvenirs.
Les Louanges est en train de se monter un méchant beau répertoire plein de diversité. Une palette de couleurs de plus en plus riche. On a bien hâte de voir la suite!
Conclusion
Quelle belle édition de St-Roch XP! Si on exclut les DJ sets au Benjo (qu’on n’a pas pu voir, faute de temps), il y avait 67 projets musicaux a découvrir ou à apprécier de nouveau. Tout ça en trois jours (quatre si on inclut le dimanche réservé au yoga, à la famille et au yoga en famille). Du Minnesota à la Suisse, il y avait un peu de tout pour tout le monde. Du country, de la pop, du rock qui bûche, du rock qui chatouille, du punk, du post-punk, du R&B, de la musique latine, des reprises en inuktitut, du pop-punk avec une touche de blues du désert, du grunge, et j’en passe.
La rue Saint-Joseph était noire de monde les jeudi et vendredi soirs. Et dès que la pluie a cessé le samedi, le public est débarqué en masse, et le party s’est terminé comme il avait commencé : en lion.
Cette année, il y avait quelques nouveautés (dont des professionnels de l’industrie venus voir ce que ces jeunes et moins jeunes avaient dans le ventre… je pense qu’ils n’ont pas été déçus). Par exemple, deux prix ont été remis :
Le prix du public, qui pouvait voter pour sa prestation coup de coeur, a été remis à un duo de Québec qu’on a vu samedi soir. Et si je me fie à la longue lettre d’amour que Maude m’a envoyée, on n’a aucun mal à croire que Luvleelou vous a charmé·es! Comme quoi faut faire sortir ces beaux projets-là du garde-robe!
Du côté du jury, celui-ci s’est rabattu sur le seul groupe que j’ai vu deux fois pendant la fin de semaine. Et là encore, on peut parler d’une performance qui en a jeté plus d’un à terre! Il s’agit du quatuor post-punk de Brooklyn Consumables. Une énergie brute, une attitude résolument punk, une musique irrésistible pour partir une belle séance de pogo-contact, tout était là pour plaire.
Bon, c’est tout pour nous. Après avoir vu 57 artistes sur 67 (sincèrement désolé pour les 10 qu’on a manqué, on se reprend très bientôt, sauf toé Loïc, on t’a assez vu – JOKE), on mérite un peu de repos (avant de repartir sur la route pour les trois derniers festivals de la saison).
Merci à toute l’équipe de BLEUFEU pour l’accueil chaleureux. Merci à tout le monde qui a travaillé très fort pour que cet événement un peu plus fou que la moyenne se déroule sans heurts. Vous savez pas toute la logistique qu’il y a derrière ça, tout le monde dans l’ombre qui permet à la magie d’opérer. Merci aussi au public d’être patient avec nous. On est dans des mouchoirs de poche, on prend de la place, on vous cache pendant qu’on prend des photos, et pourtant, vous nous laissez passer, le sourire aux lèvres (souvent en nous faisant un commentaire positif sur le band devant nous). Ça rend notre travail tellement plus facile!
Galerie photos















































































































































































