Le 8 mars dernier, ce n’était pas les choix qui manquaient en termes de spectacles à Québec. Même que je l’admets, ce show des Dales Hawerchuk au Grizzly Fuzz n’était pas nécessairement mon premier choix. On m’a tout de même fortement suggéré d’y aller au lieu de retourner voir une artiste qu’on a vu à de nombreuses reprises dans les dernières années. Pas que j’aie quoi que ce soit contre les Dales, bien au contraire, d’ailleurs je n’ai jamais vu le groupe en spectacle. En plus c’était une formation que j’adore en première partie, PRINCESSES, je n’ai donc pas été trop dur à convaincre. Déjà, on est accueilli au Grizzly Fuzz par un Dale Hawerchuk gonflable, ça augure bien.
PRINCESSES

C’est donc le power trio accrocheur PRINCESSES qui a la fastidieuse tâche d’ouvrir la soirée. Le nombre de personnes dans la salle qui connaissait préalablement la formation devait probablement pouvoir se compter sur les doigts d’une main, peut-être deux au maximum. D’ailleurs il y a un grand fossé vide entre la scène et la majorité du public au début de cette prestation. S’il y a bien quelque chose que PRINCESSES sait faire c’est donner des méchantes bonnes prestations et convaincre une foule pas nécessairement conquise d’avance. On a d’un bord Flavie Léger-Roy (guitare et voix) et de l’autre Marie-Philippe Thibeault-Desbiens (basse et voix) qui se complètent tellement bien, c’est spectaculaire de voir à quel point ces deux femmes ont du fun ensemble sur une scène. Il ne faut toutefois pas oublier Chouchoune derrière son masque à la batterie qui ne laisse pas sa place non plus. Je suis pas mal certain que je l’ai déjà mentionné dans le passé, mais la force de PRINCESSES, outre que d’avoir des méchantes bonnes tounes, se trouve définitivement dans les refrains. La mélodie de ceux-ci est toujours impeccable, on a obligatoirement les chansons du groupe de prises dans la tête pendant plusieurs semaines après les avoir entendues. Il est évidemment impossible pour ce groupe fondamentalement féministe de ne pas souligner le 8 mars, la Journée internationale des droits des femmes. On lance d’ailleurs des pointes à Google et Apple qui ont retiré la journée de leurs calendriers, un affront indécent envers ces millions de femmes qui se sont battues par le passé et celles qui continuent de se battre encore. On vit dans une période inquiétante et il est important de la rappeler, le trio en profite pour introduire son ode au clitoris, ma chanson préférée, Fouille, fouille. Plus les pièces s’enchaînent, plus les gens se rapprochent de la scène, c’est donc mission réussie pour cette première partie.
Les Dales Hawerchuk

Le groupe robervalois Les Dales Hawerchuk vient tout juste de lancer son cinquième microsillon « Attaque à cinq », un merveilleux retour pour la formation légendaire. J’ai bien sûr connu l’époque du premier album alors que la chanson Dale Hawerchuk jouait constamment à MusiquePlus. J’ai, en toute franchise, un peu moins suivi l’évolution du groupe par la suite, cependant le premier album est désormais un classique du rock québécois selon moi. Avant le spectacle je l’ai réécouté dans son entièreté et je suis resté surpris d’à quel point ça a bien vieilli et que les pièces restent encore vraiment solides aujourd’hui. Clairement, c’est beaucoup la nostalgie qui attire les fans des Dales en spectacle, on ne se mentira pas, mais qu’en est-il de cette nouvelle galette? On reconnaît définitivement le son du groupe mais on y retrouve un effort remarqué pour les refrains bien accrocheurs ainsi que les mélodies. On a qu’à penser à Mégastar ou Belle voiture qui restent prises immédiatement dans la tête. On a aussi un beau groove tout au long de l’album qui nous oblige à brasser la tête aux rythmes des différentes pièces. On a même une chanson country, comme quoi le groupe se permet d’expérimenter en dehors de son cadre habituel. Bref un excellent retour accompagné d’une merveilleuse production sonore, ce cinquième opus est vraiment solide.
Le quatuor fait son entrée sur la scène du Grizzly Fuzz sur nul autre que le tube Le Téléfon de Nino Ferrer. On commence le show avec des pièces du nouvel album avant de revisiter quelques classiques, dont Crocodile. Ça a toujours été une de mes chansons préférées du groupe et de la voir jouée live près de vingt ans après sa sortie c’est vraiment quelque chose. Ça fait partie des pièces qui ont particulièrement bien vieilli de la discographie des Dales. Dès le début on remarque une chimie incroyable entre les deux frères, les chanteurs et guitaristes Sylvain et Sébastien Séguin, ils s’amusent comme des petits fous en se motivant l’un et l’autre. On a aussi Pierre « Crocodile » Fortin qui tapoche son drums avec violence et précision, c’est toujours impressionnant de le voir derrière les tambours. On ne peut cependant passer sous silence le dernier joueur, le bassiste Charles Perron qui donne tout un show lui aussi, il semble gonflé à bloc. Bien que le groupe mentionne lutter contre l’influenza il apparaît pourtant en grande forme, habitant l’entièreté du stage. Le public maintenant bien réchauffé suite au passage de PRINCESSES ne se gêne pas pour se pousser joyeusement devant la scène. On assiste vraiment à un parfait show rock dans les règles de l’art. Je ne m’attendais pas nécessairement à beaucoup de propos politiques lors de ce spectacle mais Sylvain a lancé quelques « Fuck you Donald Trump » bien sentis, au grand plaisir d’une majorité de personnes dans la foule. Évidemment, la chanson Dale Hawerchuk provoque l’euphorie la plus totale dans la salle, ce qui démontre bien le legs que cette pièce a pu laisser dans le paysage culturel québécois. On termine même la prestation en invitant sur scène un chasseur qui se trouvait dans la foule pour caller l’orignal. Le groupe quitte la scène comme il est arrivé, c’est-à-dire sur Le Téléfon qui cette fois-ci joue au complet, laissant de grands sourires sur tous les visages présents au Grizzly Fuzz.
Quelle belle soirée! Très vite mes appréhensions se sont dissipées. Je n’irais tout de même pas jusqu’à dire que je considérais Les Dales Hawerchuk comme dépassé mais j’avais peur que ce soit seulement un show pour les trippeux.euses de nostalgie. On a eu droit à une bonne quantité de pièces du nouvel album sans oublier les classiques mais à aucun moment j’avais l’impression de voir un groupe qui s’accroche à une gloire du passé. Quelle merveilleuse ouverture par PRINCESSES également. Dire qu’il y a un an à peine on voyait le trio pour la première fois en vitrine à St-Roch XP et maintenant on peut le voir en première partie de Galaxie ou Les Dales Hawerchuk, une ascension spectaculaire mais totalement méritée.
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