Originaire de Petite-Vallée en Gaspésie, c’est comme si Jeanne Côté nous emmenait dans la tranquillité de la région avec chaque chanson. Au Pantoum, le 8 mars, elle nous a présenté son univers qui a récemment été élargi avec la sortie de son deuxième album « Nos routes pleines de branches ».
Bayta réchauffe la salle

La soirée a commencé par Bayta, le projet de Mariève Harel-Michon. Assise au clavier à droite de la scène, elle a établi une ambiance introspective. Les chansons qui ont suivi étaient variées, parfois plus pop, parfois plus indie-folk, mais toujours légères et décontractées. L’artiste participera aux Francouvertes ce mois-ci et elle a décrit son show au Pantoum comme un aperçu de ce qui va venir au concours.
Sur la route de la vie avec Jeanne Côté

Le lancement a démarré avec Vent d’sud et, comme dans la version enregistrée, il y avait un faible son d’instrumentation qui ressemblait à des vagues. Jeanne était debout devant le micro, son corps faisant des mouvements pendant qu’elle chantait « fais-moi danser »et « fais-le danser ». Ensuite, elle était assise au clavier pour À quand les vacances. Avec l’éclairage tout jaune et ensoleillé, on avait l’impression de se détendre au bord de la mer.
« J’avais beaucoup parlé de la nature dans mon premier album, donc je ne voulais pas que ce soit central dans ces nouvelles chansons. J’avais plus le goût de parler des relations pis tout ça », explique Jeanne par téléphone, quelques jours avant le spectacle. « Peu importe, j’amène tout le temps des éléments naturels. Je n’avais même pas remarqué, mais il y a les quatre saisons dans l’album: je parle de la neige, de l’automne, de l’été, des vacances, des fleurs et des arbres. Ça reste très présent. »
Le titre de l’album est une métaphore pour les obstacles auxquels on est confrontés, les détours et les chemins qu’on n’a pas prévu de prendre. Avant d’interpréter Nos lignes exposées, Jeanne a demandé à la foule ce qui se passe pendant les moments où on décide d’embarquer dans une aventure ou un projet de notre vie et quand on est là-dedans. Est-ce qu’on est déjà rendus quelque part ou est-ce qu’on cherche toujours des nouveaux chemins?

Avant de jouer la chanson accrocheuse Ouragans du premier album « Suite pour personne », elle a expliqué qu’il y avait plusieurs moments dans sa vie où elle pensait que le scénario était parfait, comme dans un film, mais elle l’avait arrêté ou même gâché le moment parce que son instinct lui disait autrement. Ces réflexions peuvent faire partie de son côté rêveur et imaginatif. « La musique m’a toujours intéressée, mais ce n’était pas ce que je voulais faire quand j’étais plus petite », dit-elle dans notre entrevue. « Quand j’étais enfant, je voulais être écrivaine et écrire des romans. J’ai trippé sur la fantaisie et j’avais plein de débuts de romans. Il y a un camp de formation de chanson pour les jeunes à Petite-Vallée. Quand j’avais 15 ans, ils ont ouvert un séjour pour écrire des tounes. Donc, je me suis retrouvée dans une gang à faire la première édition de ce camp-là. Depuis ce temps-là, je n’ai pas lâché la musique. »
Dans les dernières années, depuis son premier album, l’approche musicale de Jeanne Côté a évolué. « Je me permets de m’exprimer plus maintenant que je suis capable de faire les maquettes moi-même. Je n’en étais pas capable avant », explique-t-elle. Par conséquent, elle est arrivée devant ses musiciens avec une meilleure idée de ce qu’elle voulait créer. Sur la scène au Pantoum, elle était accompagnée par Émilie Proulx à la basse, Arthur Bourdon-Durocher à la batterie (les deux ayant aussi co-réalisé l’album avec Jeanne) et Zachary Boileau à la guitare. Jeanne a alterné entre être assise au clavier, debout derrière des synthés, et debout avec seulement son micro. Alors que les chansons de « Nos routes pleines de branches » sont plutôt calmes et lentes, en spectacle elles sont plus captivantes.

En ce qui concerne l’évolution, il y avait aussi plus d’expérimentation pendant le processus de l’album. « J’ai composé Vent d’sud et Nos routes pleines de branches avec la guitare mais je ne joue pas de la guitare. J’essaie de jouer et j’apprends tranquillement. Je m’amuse avec l’instrument, surtout parce qu’elle me permet de composer de manière différente. »C’était similaire pour Lève-toi, la chanson la plus énergique de l’album. « Je me suis amusée à faire les beats pis la ligne de basse, alors que je ne faisais jamais ça d’habitude. »
Le concept de l’album est né pendant une résidence que Jeanne a fait. « Avec le premier album, on a fait pas mal de shows, donc j’étais quand même occupée. Je me suis dit que c’était le temps d’écrire, pas nécessairement pour faire un album mais pour trouver ce qui me tentait d’aborder comme sujet. J’ai profité de l’occasion de la résidence que j’ai gagnée aux Francouvertes en 2023. J’avais 5 jours là-bas et j’en ai profité pour écrire 5 chansons en 5 jours. Finalement, ça s’est très bien passé. J’ai composé 5 chansons pis il y en a 3 qui se trouvent sur l’album ».Ces chansons sont Mousse mémoire, Vent d’sud et Lève-toi.
En plus des nouvelles chansons et Ouragans, le lancement comprenait Y peut mouiller, Touché-coulé, J’suis là, etdeux reprises. Il y avait un rideau blanc derrière la scène qui projetait des ombres sous les lumières. Ça donnait l’impression d’être devant une tente avec des amis, ou peut-être de s’installer sur une plage gaspésienne.
Le charme communautaire de l’industrie musicale a toujours fait partie de la vie de Jeanne Côté. « Il y a beaucoup de musiciens qui viennent de la Gaspésie et c’est comme si on considérait être musicien·ne comme la profession la plus fun »,dit-elle lorsque je lui demande à quoi ressemble le mode de vie à Petite-Vallée. « Les gens n’agissent pas de la même façon qu’en ville. Quand les artistes passent par Petite-Vallée, on a un accès privilégié à eux parce qu’ils parlent après comme si on était tous amis. Si tu les vois en spectacle à Montréal, souvent ce n’est pas la même affaire. »
C’est entre Montréal et Petite-Vallée que Jeanne Côté passe son temps ces jours- ci. Elle profite de la ville et de la mer, de l’intensité et du vide, avec des heures sur la route rejoignant les deux. Son lancement le 8 mars était également son 30e anniversaire et avec ça vient un nouveau voyage.
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