La foule déchaînée
Dessine un entonnoir
Qui mène à la sortie
Jusque dans la nuit noire–Indicible, « Disruption », 2022
Une grosse soirée punk-rock avait lieu à l’Impérial Bell le 22 novembre dernier alors que Vulgaires Machins jouait son dernier spectacle de 2024 à guichet fermé. Le groupe n’a fait qu’une dizaine de concerts durant l’année, c’était donc la seule occasion de le voir à Québec depuis un moment et le public a définitivement répondu présent. En ouverture on avait droit au premier spectacle à Québec de la formation Blurry Eyes.
Blurry Eyes
Lors de l’annonce de la première partie, je suis resté assez surpris de constater que je ne savais pas de qui il s’agissait. Blurry Eyes est entre autres composé d’anciens membres de The Sainte Catherines ou Roller Starter, je ne comprends vraiment pas comment ça avait fait pour échapper à mon radar. On va mettre ça sur le fait que le groupe n’avait pas encore visité Québec! Le quatuor est donc composé de Marc-André Beaudet (guitare et voix), Louis Valiquette (guitare et voix), Karl Houde (batterie) et Mathieu Dumontier (basse). Bon, de réduire Blurry Eyes à seulement être le nouveau groupe d’anciens de The Sainte Catherines ce serait quand même un peu réducteur. Karl a déjà joué avec PL Mafia, Bonvivant et Frvits alors que Mathieu de son côté a fait partie de Bonjour Brumaire et Kiss Me Deadly. C’est moins ska que Roller Starter et PL Mafia, c’est moins hardcore que The Sainte Catherines, mais maudit que c’est bon. Il y a un merveilleux côté pop-punk fort accrocheur et mélodique, de plus on voit que le quatuor a énormément de plaisir d’ouvrir pour les Vulgaires Machins, un plaisir vraiment contagieux. Définitivement une bonne première impression de Blurry Eyes pour ma part, j’ai un gros coup de cœur pour les deux dernières chansons sorties par le groupe, Quicksand et NYE.
Vulgaires Machins
Le chanteur et guitariste Guillaume Beauregard apparaît d’abord dans l’alcôve du côté gauche de la scène pour y faire un petit discours avec son humour bien à lui avant d’aller rejoindre le reste du quatuor sur la scène. À ses côtés on a la chanteuse et guitariste Marie-Ève Roy, le bassiste Maxime Beauregard ainsi que le batteur Patrick Landry. J’ai déjà vu Vulgaires Machines se faire huer dans cette salle parce que le groupe n’est pas assez punk pour certain.es gardien.nes du genre. C’est donc tellement beau de voir un Impérial bien plein pour cette formation culte et tellement importante dans le paysage punk-rock québécois. Les premiers albums des Vulgaires sont des classiques mais « Compter les Corps » est sans aucun doute parmi les meilleurs albums punk au Québec, j’irais même jusqu’à dire parmi les meilleurs albums rock québécois. Il faut que ta musique soit vraiment bonne pour réussir à passer à la radio avec une chanson qui critique très explicitement les médias.
Ça commence fort alors que la première pièce est ma préférée, Être un comme, une chanson qui parle justement des personnes pour qui le punk c’est une façon de s’habiller et de s’identifier sans considération pour les valeurs inhérentes du mouvement comme la solidarité et de se battre pour un monde meilleur. Le spectacle était vraiment représentatif de l’ensemble de la carrière des Vulgaires Machins, beaucoup de vieilles chansons sont jouées tout comme certaines pièces du dernier opus « Disruption ». Guillaume ne manque pas de blaguer qu’il y a des gens qui aiment seulement les chansons publiées avant 2006. Parlant de chansons pré-2006 il y en a une qui reçoit toujours une grosse réception de la foule, Pistache. Seulement le groupe semble un peu tanné de la jouer, lançant un pari au public que si celui-ci réussissait à bien chanter les paroles que le groupe allait la jouer. La foule a échoué lamentablement à ce défi et est devenue la risée du quatuor. C’est ça un show des Vulgaires Machins, des sujets parfois sérieux, qui sont souvent malheureusement encore beaucoup trop d’actualité – on a qu’à penser à Triple meurtre et suicide raté – entrecoupés de moments comiques et de chansons plus légères. Malgré cet échec gênant de karaoké sur Pistache, la foule était complètement déchaînée. Le premier niveau du parterre était un énorme moshpit où les moments de bodysurfing se multipliaient. Même au deuxième niveau du parterre ça se poussait joyeusement pendant les plus grosses chansons. Un spectacle parfait de près de 90 minutes pour la formation qui continue toujours d’impressionner.
Quelle merveilleuse soirée en compagnie de Vulgaires Machins et Blurry Eyes dans un Impérial plein à craquer. J’ai toujours eu un immense respect et une grande admiration pour Vulgaires Machins, c’est tellement extraordinaire de voir le groupe avoir encore autant de plaisir sur scène tout en ayant autant de succès. Mention spéciale à Marie-Ève, parce que bien avant le mouvement « More women on stage » elle était là, bien présente, et c’est beau de voir qu’elle chante beaucoup plus sur le dernier opus du quatuor. C’est dur de prédire ce que l’avenir nous réserve pour les Vulgaires Machins, il faut donc chérir ces moments pendant qu’il est toujours temps, ça prend une méchante bonne raison pour manquer un show des Vulgaires dans sa ville je crois bien.
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