VICTIME + Musique sensible au Pantoum

PAR

Musique Sensible

Sur scène, je reconnais Mertin Poulin-Légarédu groupe CRABE, sauf que là, il est en solo. Il est seulement entouré de synthétiseurs modulaires. Mertin vient nous présenter son nouveau projet musical nommé Musique Sensible qui en est seulement à son quatrième spectacle, mais le premier avec système de son qui a de l’allure selon lui! Connu pour ses performances singulières, le musicien explore l’étrange comme dans CRABE, mais va dans des directions différentes que celles qu’il prendrait avec son groupe.

Dans le nom Musique Sensible, il y a bien le terme « sensible », mais je dirais que ce n’est pas fait pour les oreilles sensibles (ou du moins, les peu ouverts d’esprit s’abstenir!) Néanmoins, dans un sens, on le sait que la musique la plus intense est souvent faite par les cœurs les plus sensibles! Je ne sais nullement à quoi m’attendre de la prestation de Musique Sensible. Ça débute de façon instrumentale, un peu au style rave. Par moments, les synthés sont au cœur de la musique, le musicien joue avec de multiples boutons qui se trouve sur sa machine, c’est presque un DJ set. Il y autant de moments instrumentaux que de moments avec voix. Martin tape sur son micro, chante et crie, bref aucun territoire ne reste inexploré. Il se brasse tellement de la tête qu’il en perd sa casquette sur laquelle les mots « existential crisis club » sont écrits. Avec du bon gros son qui fait « boom boom », le Pantoum n’aura jamais autant vibré! Je pense que si des jeunes fêtards étaient passés près de la petite salle de la rue Saint-Vallier, ils auraient probablement cru qu’un nouveau club clandestin vient d’ouvrir ses portes.

Dans d’autres moments, le musicien de Musique Sensible, laisse ses synthétiseurs émettre des sons et il sort sa guitare rouge pompier qui s’agence avec son gilet avec bandes fluo de style travailleur de la construction. On a droit à un cover de Heart Of Gold de Neil Young, mais un style plus approprié à une boîte de nuit, qu’un feu de camp autour duquel se réunissent les chansonniers. La chanson comporte même un passage un plus agressif. On se fait surprendre à chaque instant par Musique Sensible. Il y a même eu une chanson qui sonnait un peu comme une comptine d’enfant, mais sur fond de musique techno et le spectacle s’est terminé avec un solo de guitare au son extrêmement modulé.

Je suis peu habituée à voir ce genre de prestation musicale, on est loin de la formule band. Comme quoi on peut faire un spectacle en étant seul sur scène. Rien n’est préenregistré, c’est vraiment une vraie performance. Si vous voulez vous changer les idées, venez voir un spectacle de Musique Sensible!

VICTIME

VICTIME est un groupe mené par Laurence Gauthier-Brown (voix et basse) aux côtés de Samuel Gougoux (batterie) et Simone Provencher (guitare et synthétiseur). Ils nous proposent une musique rock exploratoire. Ce soir, c’était le lancement de leur album intitulé « En conversation avec » paru sous l’étiquette Mothland. Le style du band est multiforme : VICTIME tire dans plusieurs courants du rock comme le post-punk, trip-hop, avant-rock, IDM et noise rock. Certaines chansons sont planantes et d’autres nous livre des rythmes pesants.

Ça faisait déjà cinq ans que VICTIME n’avait pas lancé de nouvelles chansons et quatre ans qu’il ne s’était pas produit sur scène. « C’est comme si on est un nouveau band, avec nouvelle crowd » lance Laurence Gauthier-Brown. Je me rappelle justement les avoir vus en première partie de zouz au Scanner en 2019 avant leur période d’inactivité, je dirais que le groupe n’a pas perdu son essence. Les membres du groupe ont vécu bien des choses depuis le temps, et de nouvelles personnes les suivent (comme les collègues professeures de Laurence!), mais c’est pour le mieux. Malgré la pause du groupe, ils semblent bien rodés et prêts à venir nous lancer une tonne de brique dans la face. Gauthier-Brown est après tout une musicienne qui ne chôme pas à Québec et elle joue dans d’autres groupes comme Pure Carrière et Worry. La musique de VICTIME a suivi son cours et, depuis le temps, s’est fait connaitre ailleurs qu’à Québec. Le groupe reste tout autant pertinent à l’heure actuelle.

Ça fait du bien de voir une fille comme Laurence Gauthier-Brown qui assume son leadership, se présente sans apologie et n’a pas peur d’exploiter sa colère. De plus, une chose est sûre quand la frontwoman est bassiste, on est assuré de bien être servi dans ce département. On a eu droit à de la bonne basse dans le tapis! La batterie de Samuel Gougoux n’épargne pas personne non plus. Les synthés modulaires ont définitivement leur moment de gloire ce soir, après Musique Sensible, on en a encore à souhait avec VICTIME. Les sons distordus ne nous lâchent pas de la soirée. Laurence Gauthier-Brown appuie avec ses Dr Martens à plateformes sur sa panoplie de pédales et nous en propose un nouvel effet à chaque chanson.

Laurence crie en jouant du tambourine en lançant les paroles « je me suis tu » de la chanson « M.A. », comme pour dire « plus jamais ». En tant que spectatrice, c’était assez libérateur à regarder. Cette chanson est plutôt brutale dans ses paroles, mais le rythme reste quand même posé. J’apprécie cette dualité. VICTIME est punk dans son esprit de provocation, et tente de faire réagir en exposant la réalité et la simple vérité sans filtres. Les angoisses nous sont communiquées de différentes façons. VICTIME exprime les fantasmes des gens trop longtemps effacés par le patriarcat. VICTIME traite de féminisme, de vengeance, de violence et de prise de paroles et donne une voix aux victimes de tous genres.  Par exemple, une des chansons parle de tirer des hommes dans la tête. Le groupe nous livre également des chansons d’amours qui n’en ont pas l’apparence. Assurément, la musique du groupe nous donne le coup de fouet nécessaire pour nous redresser et nous redonner espoir.

Un petit débranchement de fil a interrompu la performance. Le brave Jean-Etienne Collin Marcoux est venu à la rescousse du groupe. En attendant que le problème soit résolu, la guitariste nous propose une histoire drôle dont on ne connaitra pas le dénouement, car comme on dit : the show must go on!

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